12 janvier, 10 ans: « Pis en Haïti? »
Deux jours d’activités à la Tohu, dans le quartier Saint-Michel à Montréal, à l’initiative de la Maison d’Haïti, récital de poésie à la Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord, des dizaines de conférences à travers de le Québec, les 10 ans du séisme en Haïti n’échapperont pas au radar des Haïtiens et de leurs amis au Québec.
De nombreux dignitaires, politiciens ont été invités à la Tohu à commencer par le premier ministre du Canada Justin Trudeau. Et la plupart reste à confirmer leur présence notamment le dimanche 12 janvier prochain où une cérémonie officielle aura lieu vers 16h.
Et à 16h53, moment précis du tremblement de terre, les participants devraient observer un temps d’arrêt à la mémoire des plus de 200 000 victimes de ce cataclysme.
« Pis en Haïti? »
« Depuis dix ans, j’ai dû entendre cette question au moins deux cents fois. Comme si le fait de travailler ou d’être engagé dans une cause humanitaire en Haïti nous donne la connaissance fine pour répondre à cette question qui en cache une autre ; est-ce qu’un jour Haïti sera un pays où son peuple pourra y vivre en paix et en sécurité? », écrit Christiane Pelchat dans une lettre ouverte à l’occasion des dix ans de la catastrophe.
Elle préside la Fondation Serge Marcil, cet ancien politicien devenu VP en développement des affaires pour L’Agence canadienne de développement international (ACDI) tué à l’hôtel Montana le 12 janvier 2010 en Haïti.
Extrait de la lettre
La décennie 2010-2020 a été donc été marquée par la perte de la personne la plus importante dans ma vie, mon mari Serge Marcil, durant le tremblement de terre en Haïti. Cette perte immense dans nos vies se vit quotidiennement par l’absence de Serge.
Cette absence se fait aussi sentir au quotidien par le travail que nous effectuons à la Fondation Serge-Marcil, particulièrement auprès d’une quarantaine d’enfants dans la région de Miragoâne en Haïti.
Depuis, des dizaines d’hommes et de femmes œuvrent à amasser des fonds pour soutenir année après année un «orphelinat», un foyer qui accueille des enfants en situation difficile, orphelines, orphelins ou enfants en situation d’extrême pauvreté.
Depuis nos premiers jours en coopération humanitaire, Serge et moi avions décidé de ne pas baisser les bras devant l’injustice et la misère des enfants.
Au-delà de la mission professionnelle qui nous engageait, nous avions choisi d’être actifs sur d’autres fronts. Voilà comment est née la Fondation.
En Haïti, nous avons contribué avec la Fondation du Père Dehoux à reconstruire l’orphelinat effondré durant le séisme de 2010. La reconstruction de la maison des enfants n’était qu’un premier geste d’accompagnement.
Jusqu’à cette année, trois classes étaient sises à l’orphelinat. Depuis, les enfants ont grandi et ils sont devenus admissibles à l’école de la Paroisse Saint-Raphaël dans le village d’Étang-Rey.
Des religieuses membres de la Communauté des Petites sœurs immaculées s’occupent des enfants avec notre soutien et nos encouragements. Nos enfants sont souvent atteints de maux qui sont incurables ou difficilement soignables dans un pays comme Haïti.
Nous rencontrons les mêmes complications pour les difficultés d’apprentissage inhérentes à la sous-alimentation in utero ou après la naissance et pour les troubles telles la dyslexie.
Ces dernières années, j’ai eu le privilège d’aller régulièrement voir les enfants à Étang-Rey et de constater leurs progrès. Les liens que je cultive par l’intermédiaire d’Internet me rendent fière du travail que nous accomplissons depuis toutes ces années.
Grâce à la Fondation, trois jeunes filles ont obtenu leur diplôme technique. Nous appuyons aussi l’étude de deux garçons en Agronomie. Dernièrement, un de nos garçons a gradué en électricité. Deux jeunes filles sont inscrites en études infirmières.
Aujourd’hui, l’action de la Fondation Serge-Marcil prend de l’ampleur. Nous sommes en train d’agrandir le dispensaire de la Communauté religieuse afin d’offrir des services aux villageois d’Étang-Rey. Nous envisageons d’engager une infirmière pour appuyer la sœur qui offre aujourd’hui les premiers soins aux habitants.
Nous explorons l’idée d’engager ces futurs diplômés en infirmerie et en agronomie pour développer des activités qui profiteront à la Communauté et à Étang-Rey.
La mémoire de Serge Marcil est bien vivante à travers nos activités auprès de Lovely, Robert, Séraphin, Micheline, Whiliem, Rita Stéphanie, Juré, Moise, Mackenzie, Wilson, Ruth, Emmanuel, Djeulina, Elsmire, Benita, Mckintosh, Benoit, Doirus, Orismène, Michel, Junior…
« Pis en Haïti? » Grâce à la générosité de centaines de donateurs, je peux vous dire qu’à l’Orphelinat d’Étang Rey ça va assez bien merci!
Plus de 6 000
Munis seulement de visa plus de 6000 Haïtiens sont arrivés au Canada en catastrophe. Grâce à des démarches politiques d’Emmanuel Dubourg, député provincial de Viau à l’époque, il intervient auprès du gouvernement du Québec qui, lui, a intercédé auprès du fédéral en vue de régulariser la situation de ces personnes.
De plus, en levant le moratoire sur Haïti, le 1er décembre 2014, le gouvernement conservateur avait mis sur pied un programme de régularisation, pour des raisons humanitaires, des ressortissants d’Haïti et du Zimbabwe. Ottawa leur avait accordé six mois pour présenter une demande de résidence.
À l’expiration de ce délai, le gouvernement libéral l’avait prolongé. Emmanuel Dubourg a mené une vaste campagne à l’époque auprès de plusieurs centaines de personnes réticentes à présenter une demande, par peur.
Le ministre de l’Immigration d’alors John McCallum était venu jusque dans Bourassa, flanqué de son député, pour convaincre. À la fin du processus, plus de 2500 personnes avaient bénéficié de la résidence, toujours à l’instigation du député de Bourassa.
En Haïti, on célèbre quoi entre temps?