Demandeurs d’asile:un quartier de Montréal dépassé
Une vague importante d’immigrants arrive de façon inhabituelle dans le quartier Bordeaux-Cartierville à Montréal, depuis le début de l’année, d’où un « appel aux dons du public » lancé depuis plus d’un mois, afin d’aider le quartier à y faire face.
Les organismes du quartier ont recueilli plus de dons en argent qu’en denrée non périssable. Pas loin de 20 000 dollars ont été amassés, ce qui leur a permis d’équiper les demandeurs en meubles et ustensiles de cuisine dont ils avaient grandement besoin.
On comptait 1325 personnes contre 140, en temps normal et ce nombre devrait augmenter aujourd’hui.
Ces familles nouvellement arrivées au Canada, pour la plupart, des demandeurs d’asile, sont dans une situation « très précaire » affirment les leaders communautaires, qui, habituellement viennent en aide aux nouveaux arrivants dans ce quartier.
« La particularité de cette situation est le nombre et la sévérité des cas. Des intervenants travaillant sur le territoire depuis de nombreuses années témoignent que nous sommes face à une situation sans précédent », déclare Donald Boisvert, directeur général de la Corbeille Bordeaux Cartierville, structure impliquée dans l’accueil des immigrants
Certains immigrants n’arrivent même pas à payer les frais de transport en commun pour aller chercher de l’aide alimentaire, souligne M. Boisvert.
« Ces familles n’ont aucun bien matériel, aucune ressources financières ni aucun réseau pouvant les soutenir », poursuit-il.
« Nous n’avons jamais vu autant de cas, de familles sans biens matériels et avec très peu de ressources pour les soutenir. Ce qu’on vit cette année est un petit peu particulier», a fait remarquer Anait Aleksanian, directrice du Centre d’appui aux communautés immigrantes (CACI) qui accueille et intégre des immigrants, pourtant habitué à recevoir des nouveaux arrivants.
En effet, en 2014, l’organisme a recensé 140 demandeurs d’asile contre 144 en 2016 pour se retrouver avec 1325 cas en 2018.
Profil des demandeurs d’asile
Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, seulement 39 % de ces demandeurs d’asile reçoivent l’aide sociale. Un soutien financier ne pouvant pas répondre, la plupart du temps, aux besoins réel des familles. Seulement 10% d’entre eux ont un revenu provenant de leur travail.
« Il y a quand même un nombre important d’entre eux qui est sans revenus », souligne Madame Aleksanian.
Après Haïti (27%), des pays comme le Nigeria, la Sirie et le Niger arrivent en tête de liste. Des familles venant du Tchad, du Pakistan et du Mexique viennent boucler la liste, en termes d’importance.
Venant pour la plupart des Etats-Unis, près de 41 % de ces immigrants ont une formation universitaire.
Un appel au don public
Face à l’urgence, le Comité pour l’accueil des nouveaux arrivants de Bordeaux-Cartierville a lancé, le19 juin 2018, l’Opération d’accueil Bordeaux-Cartierville, qui prendra fin le 12 septembre 2018.
Cette campagne est un appel aux dons qui seront remis à des familles référées du territoire, en extrême besoin.
« Les dons qui seront acceptés se limitent aux couches, au lait maternisé, aux tables et chaises de cuisine, aux bureaux pour les vêtements, aux chaises hautes pour bébés, aux bases de lit, sans matelas (adultes, enfants, bébés), ainsi qu’aux dons en argent », précise un communiqué du comité d’accueil.
Toutes les personnes intéressées à faire un don doivent appeler au (514) 796-9978, du lundi au vendredi, entre 11h et 19h, ou écrire à operationaccueilbc@gmail.com.