Maintenir la pression contre les déportations
« On n’arrêtera pas avant une décision », affirme Frantz André du Comité d’appui aux personnes sans statuts (CAPSS) qui s’est joint, le samedi 21 juillet dernier, à Solidarité sans frontières pour dénoncer, lors d’une manifestation, les déportations vers Haïti des demandeurs d’asile arrivés des États-Unis récemment.
Ce rassemblement a eu lieu devant le 1010 Saint-Antoine (un des bureaux de Immigration Canada). Entrevue au journal, M. André annonce tout un calendrier de protestations qui pourrait prendre toutes les formes. « Si cela ne se fait pas, nous allons continuer à manifester aux deux semaines. », promet-il en entrevue à In Texto.
Cette série de protestations arrive à un moment où une certaine accélération est constatée dans le processus de déportation des Haïtiens.
« Les personnes qui sont venues au Canada à partir des États-Unis […] se font actuellement déporter par milliers, à un rythme accéléré qui voit les services frontaliers faire du temps supplémentaire, convoquant même les gens le samedi pour recevoir leur date de déportation », constate Solidarité sans frontière (SSF) dans un communiqué.
« Certaines personnes se font même comparaître aux bureaux de l’ASFC pour déterminer leur date de déportation pendant que leur dossier est toujours devant la Cour fédérale », déplore SSF
Selon l’organisme, le taux d’acceptation des demandes d’asile produites par des Haïtiens aurait chuté drastiquement, passant de 50% à seulement 10%.
Le moratoire
Face à cette situation, les manifestants plaident pour le rétablissement d’un moratoire sur les déportations vers Haïti. Ils se basent, entre autres, sur l’instabilité dans ce pays pour justifier cette demande.
« Si Haïti n’est pas un pays sécuritaire pour les Canadiens, il ne l’est pas non plus pour des gens qui sont déjà établis ici, qui travaillent, qui participent à la vie économique en payant des taxes », explique Frantz André du CAPSS.
M. André affirme que le Canada a demandé à ses ressortissants de ne pas se rendre en Haïti, à la suite des récents bouleversements sociopolitiques qu’a connus le pays les 6 et 7 juillet dernier.
Frantz André déclare, par ailleurs, qu’une correspondance a été envoyée au ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Ahmed D. Hussen et au premier ministre Justin Trudeau pour solliciter ce moratoire.
« Nous espérons qu’ils vont mettre le moratoire qui va désamorcer tout le phénomène de déportation pour ses gens-là qui sont déjà intégrés », souhaite M. André.