J.C Martineau, né avec la «musique dans la tête»
Conteur invétéré, publiciste, parolier expérimenté, homme de culture et de grande culture, politicien, Jean Claude Martineau qui «a dépassé les 70 ans» est pourtant l’auteur de près de 40 chansons à succès interprétées par une pléiade d’artistes haïtiens de renom.
Fort de ses cheveux gris, il transpire la modestie et a du mal à mesurer l’étendu de sa popularité dans le monde culturel haïtien.
«Je suis un peu désorienté lorsqu’on me dit que je suis très connu. Mais, moi je ne le crois pas», dit-il d’un air amusé lors de notre rencontre avec le septuagénaire.
Il n’aime pas non plus discourir sur sa santé «qui tient toujours » de peur qu’ « elle ne change pas d’idée », dit-il à la blague.
Né à la Croix-des-Bouquets d’un père qui vient de Jérémie et d’une mère native de Plaisance, Jean Claude Martineau se considère plutôt comme un Placentin, non pas parce que sa mère vient de là.
Ses parents, instituteurs enseignaient dans une ferme-école sous l’Occupation américaine à Plaisance où il a réalisé ses études primaires. « Jai appris à sarcler, manier la machette à Plaisance, c’est l’endroit que je connais le mieux en Haïti ».
Il rentre à Port-au-Prince au Lycée Toussaint Louverture à la suite du primaire. Très lié avec la Terre, le jeune Jean Claude veut devenir agronome. À défaut d’entrer à la faculté d’agronomie, qui prenait une promotion tous les quatre ans, Il effectue entre temps des études en comptabilité. Toutefois, le comptable de profession n’a jamais gagné sa vie en comptant.
• «Mon premier travail en Haïti était comme speaker, commentateur à la Radio diffusion haïtienne », une station n’existe plus.
Une vedette de la chanson
Quelques temps après, Jean Claude Martineau quitte le pays pour Boston où il a passé près de 40 ans. Il s’y consacre à la culture en écrivant les paroles de musique pour Manno Charlemagne, Emeline Michel, Beethovas Obas, Carole Demesmin, T-Corn, entre autres.
Au total plus de 40 chansons qui bercent les Haïtiens ont été écrites, conçues par Jean Claude Martineau avant d’être arrangées par les interprètes qu’il choisissait lui-même.
«Je ne suis pas techniquement un musicien, je ne joue à aucun instrument. Je ne peux même pas lire une partition », dit-il. «Mais la musique me monte à la tête avec les paroles», ajoute l’auteur de « Haïti demain », connue populairement par les premiers mots du texte « Leu na libéré Haïti va bel Oooo.., »
Viejo, Lunane Casimir (chantées par Carole Demesmin), « Sou chimen pedi tan » ou encore « Déclaration » ( interprétée par T-Corn) sont autant de chansons à succès sous la plume de J.C. Martineau.
En entrevue à In Texto, le poète et diseur nous confie qu’il dispose de suffisamment de textes et de chansons pour produire un album en anglais, un en français et un autre en créole. Jean Claude cherche activement un producteur afin de commercialiser ses dernières trouvailles.
Passionné de l’histoire, Jean Claude Martineau a aussi enseigné au niveau collégial à Boston. Il enseignait la « Réalité haïtienne », un cours qu’il avait lui-même créé et axé sur la culture, les traditions et la politique haïtienne.
«Des professeurs sortaient d’autre collèges et universités pour venir assister à mon cours», se souvient-il. Jean Claude Martineau parle couramment quatre langues : anglais, français, espagnol et créole et baragouine quelques mots de portugais.
Passage en politique
Après prés de 40 aux États-Unis et après son divorce, Jean Claude Martineau retourne au bercail où il rencontre sa deuxième femme avec laquelle il a eu un autre garçon. Ce qui lui en fait deux au total. «C’est la joie de mes vieux jours de voir combien ils s’entendent.»
À la Télévision nationale d’Haïti (TNH), il travaille comme responsable a.i de la section culturelle. Mais il présente «Réflexion», un éditorial, très mesuré à l’époque, lors du télé-journal du soir. «J’aimais ça», laisse-t-il tomber lors de notre rencontre. Jean Claude Martineau sur son retour en Haïti.
Ami personnel de l’ancien président René Préval (décédé en mars 2017), il est envoyé, en 2007, à Montréal comme attaché culturel du Consulat d’Haïti, mais c’est sa femme qui occupera officiellement la fonction.
Au-delà de ses passions pour la culture, l’écriture, la politique, l’agronome raté s’amourache de la Terre et est fasciné par Evo Morales, l’actuel président de la Bolivie, qui, grâce ses origines indiennes voue un respect à la nature.
Sur le plan politique, et au-delà de son militantisme, Jean Claude Martineau a été, pendant 8 mois, porte-parole du président Jean Bertrand Aristide, une expérience qui lui laisse des goûts amers aujourd’hui.
Il a dit
«Les gens comme moi, en Haïti, on n’en a pas besoin. Tous les politiciens confondus ne veulent pas que des gens comme nous y retournent»
«Le millionnaire, aujourd’hui, ne se soucie même pas de ses enfants. Je vais vivre en millionnaire, ce qui arrive après moi, je m’en fous»
«Tous les pays qui se disent civilisés et qui dirigent le monde actuellement, ce sont tous des voyous»
Cet article est produit dans le cadre du premier anniversaire de PasserElle Productions, le 27 octobre prochain. Un hommage sera rendu à Jean Claude Martineau. Un spectacle a lieu au 3737 Crémazie est, à Montréal, cette date, au prix de 50 dollars. Un souper est inclu. Billets en vente chez Michel studio, Méli Mélo, Centre des arts de la scène. Infos et billetterie: 5142342330