Des petits Canadiens privés de garderie au Québec
Le ministère québécois de la Famille indique n’ «avoir pas changé sa politique » au sujet de la non admissibilité des demandeurs d’asile aux garderies subventionnées alors que Ottawa se propose de discuter avec Québec afin qu’il fasse « les choses différemment».
Seulement à Montréal-Nord, l’organisme Entre-Parent recense plus de 250 enfants (0 à 5 ans) de parents en situation d’immigration précaire n’ayant pas accès au service de garde financé en partie par l’État.Et, les services privés sont trop chers pour les parents.
Modeline Pierre vit en colocation dans un petit appartement de Montréal-Nord avec sa sœur et ses deux filles dont l’une est née au Brésil et l’autre est venue au monde aux États-Unis.
En 2016, elles quittent le Brésil pour les USA. Et en 2017, alors que Washington déporte son mari vers Haïti, elle, ses deux filles et sa sœur prennent la direction du Canada.
Ici, elles obtiennent un permis de travail qui leur permet de trouver un emploi au salaire minimum : 12 dollars de l’heure. Mais vu le statut de demanderesse d’asile de Mme Pierre, elle n’est pas admissible à faire garder ses enfants dans une garderie subventionnée par l’État québécois.
De juin à décembre 2018 Modeline Pierre payait 800 dollars par mois à un service de garde privé afin de pouvoir travailler.
« Après avoir payé la garderie et les autres factures d’électricité et autres, il ne me reste rien du tout. Il y a des jours où je ne mange pas afin de pouvoir nourrir les enfants minimalement .» dit-elle.
Ne pouvant plus défrayer les coûts pour la garderie privée Mme Pierre décide de garder les enfants à la maison depuis janvier 2019 et réduit du même souffle dans ses heures de boulot grâce à une entente avec sa sœur.
« Moi et ma sœur, on se relaie pour le boulot. On travaille chacune trois jours par semaine afin de garder les enfants à tour de rôle. »
Parce qu’elle a un emploi et qu’elle n’est pas résidente permanente, la femme monoparentale n’a pas droit aux allocations pour enfants.
Jeanne Jean ( non fictif), également monoparentale et demanderesse d’asile, est arrivée des USA, enceinte d’environ 9 mois, en avril 2018, et accouche d’une petite Canadienne en mai.
Martine Candio (non fictif), sa colocataire dans le quartier Saint-Michel, est arrivée enceinte également en mars 2018 et a eu sa fillette à elle en mai.
Leurs filles, Canadiennes par la loi du sol, ne sont pas admissibles non plus à une garderie subventionnée en raison de leur statut d’immigration.
Elles ont toutes les deux des permis de travail et veulent y aller, mais pas moyen de faire garder leurs enfants. Elles vivent de l’aide sociale.
« Avec ça nous devons payer la maison, acheter du lait, des couches, de la nourriture etc… Il y a des fins de mois où nous vivons des jours sans pain. On ne peut rien faire. »-Liliane Jean-Pierre
Même si l’on assiste à une baisse dans l’arrivée des demandeurs d’asile, notamment haïtiens, la situation reste préoccupante selon Claudia Martin. Elle est agente de liaison, volet immigration, chez l’organisme Entre-Parent de Montréal-Nord.
Depuis 2017, elle recense près de 400 familles avec enfants dans le quartier dont plus de 250 âgés de 0 à 5 ans et qui ne vont pas à la garderie.
« C’est beaucoup de famille avec 4, 5, 6 enfants. Jusqu’à 7 même… Imaginez une famille de 6 enfants plus les deux parents qui reçoit $1200/mois, je ne sais pas comment ils font pour se nourrir »-Claudia Martin.
Interrogé sur le sujet, le ministère de la Famille précise qu’il s’agit là de l’application du règlement sur la contribution réduite et que les demandeurs d’asile n’ont jamais été admissibles à cela.
« On n’a pas changé notre politique à ce sujet-là », affirme Alexandre Noël, responsable de communications au ministère.
Il évoque une mauvaise interprétation de la Loi qui fait en sorte qu’avant avril 2018 les enfants des demandeurs d’asile étaient admissibles aux garderies subventionnées alors qu’ils ne le devraient pas. Et donc, en avril 2018, le ministère envoie une lettre à l’ensemble du réseau pour le leur rappeler.
Toutefois Québec applique une « tolérance administrative » par rapport aux enfants admis avant avril 2018 en prenant en compte qu’« il y a eu de l’information erronée qui a circulé.»
Lorsqu’on fait remarquer au porte-parole que nombre de ces enfants sont des Canadiens qui ne sont pas admissibles à des garderies subventionnées, M Noel soutient qu’ils ne sont pas les seuls.
«Il y a des Canadiens qui voudraient avoir une place et qui n’en ont pas parce que il n’y a pas de disponibilité. Mais toutes ces personnes ont accès au service de garde non subventionné et ils sont admissibles au crédit d’impôt»-A. Noel.
« Il y a toute une incohérence là », s’exclame Wilner Cayo du mouvement Debout pour la dignité à Montréal.
« Des femmes obtiennent leur permis de travail, veulent travailler, poursuivre leur cours de francisation et pour ce faire, les enfants de ces femmes doivent avoir accès au service de garde subventionné»
Pasteur d’une église baptiste, il interpelle dans une lettre adressée, en octobre 2018, à Mathieu Lacombe, ministre de la Famille et dénonce le fait que Québec considère que ces petits enfants québécois « n’auraient pas les bons parents, car demandeurs d’asile.»
Sa missive est restée sans réponse à date, en dépit des démarches auprès de Chantal Rouleau, ministre de la Métropole pour atteindre M. Lacombe.
« Je comprends quand la CAQ disait en prendre moins mais en prendre soin. Mais ce n’est pas la bonne façon d’en prendre soin là… »-Wilner Cayo
Cette question est régulièrement soulevée par la communauté haïtienne notamment à travers la Coalition haïtienne pour les migrants. Lundi 14 janvier, c’est Ninette Piou, une des porte-parole de la Coalition, qui évoque la problématique avec Jean-Yves Duclos, le ministre fédéral des Enfants.
Ce dernier rencontrait une vingtaine d’organismes de la communauté haïtienne au BCHM dirigé par Ruth Pierre-Paul.
« J’ai entendu des choses importantes. Et dans le respect du partage des compétences, je vais parler de cet enjeu avec mes collègues du gouvernement du Québec pour voir s’ils veulent faire les choses différemment »- J-Y Duclos
Le ministre rappelle qu’un montant de 85 millions de dollars sur trois ans, est octroyé à Québec pour les services de garde. De plus une somme de 500 millions est allouée pour l’intégration des nouveaux arrivants.
Interrogé sur la possibilité qu’Ottawa bonifie son enveloppe spécifiquement pour aider le gouvernement du Québec à faciliter l’admissibilité des enfants de parents demandeur d’asile à des garderies subventionnées, Jean-Yves Duclos réponds par l’affirmative.
« Je crois que la réponse à votre question est : oui. »
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One Comment on “Des petits Canadiens privés de garderie au Québec”
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Bonjour!! Je m’appelle Elvitha Je suis Imigrant moi aussi je me sens tellement honte et humilie quand je appeler au garderie pou demander est ce que y’a na de places on m’a répondu oui mais quand je dit je suis demandeur d’asil Et on dit que non t’a pas le droit à garderie je tellement besoin de travailler mais a cause de mon fils je peux pas je 😢 😢 mon fils il n’est pas neé au Canada 🇨🇦 il est neé aux États Unis mais ce sont tous des enfants.pour la vacination aussi il faut attendre au moins des mois je me débouille je prends un cours Preposer au bénéficiaire mais maintenant je peux pas aller en stage ces vraiment dure pour moi je suis seul monoparentale je vraiment en souffrances je suis pas hospitalisé mais mon ca la est vraiment grave pleurer 😢 tout le temps .merci 🙏 au moins je m’exprime Grâce à vous millions merci