Réussite scolaire: les jeunes haïtiens s’améliorent
Lors même que la situation s’est globalement améliorée sur le plan de réussite scolaire à Montréal, les enfants dont la langue maternelle est le créole, l’espagnol et le français demeurent à la traîne selon le dernier coup de sonde des chercheurs dans le domaine.
C’est ce que révèle Andrée Mayer-Périard, directrice générale du Réseau réussite Montréal en entrevue à In Texto dans le cadre de la semaine de la persévérance scolaire, du 11 au 15 février 2019.
« On est parti d’une situation où, en 2009, le taux de jeunes qui terminaient leur secondaire était de 67% à plus de 81% aujourd’hui », se réjouit Mme Mayer-Périard.
Toutefois, il est à déplorer que dans certains endroits de Montréal le taux de décrochage reste et demeure encore élevé, soit environ 25%, malgré les petits succès.
Une étude réalisée pendant une dizaine d’années par la chercheure Marie Mc-Andrew de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal (UdeM), et rendue public il y a sept ans, démontre que ce sont les jeunes vietnamiens qui réussissent le mieux dans le réseau.
« Avant de venir vous voir, j’ai été aux nouvelles, j’ai consulté les chercheurs et ils m’ont dit que la situation s’améliore partout mais les mêmes tendances demeurent.»-André Mayer-Périard.
Mme Mayer-Périard refuse d’associer uniquement la langue parlée à la maison, comme facteur de décrochage. Elle soutient que chaque histoire est unique en son genre.
«C’est multifactoriel, dit la spécialiste, la langue est un des facteurs.»-Andrée Mayer-Périard
Moins de décrochage
Un décrocheur, appelé aussi «sortant sans diplôme», est un élève de la 1re à la 5e secondaire qui était inscrit dans le réseau scolaire québécois en formation générale des jeunes au 30 septembre d’une année et qui ne se retrouve dans aucun établissement du secteur jeunes, de la formation générale des adultes ou encore de la formation professionnelle du Québec au moment du suivi qui se fait près de 2 ans plus tard.
Depuis quelques années, les suivis effectués démontrent que le taux de décrochage scolaire est en baisse à Montréal : de 24,6 % en 2009, il passe à 15,9 % en 2016.
- Les filles décrochent moins, soit de 20,6% (2009) à 13,3% en 2016
- Tandis que les garçons passent de 28,5% à 18,5% toujours en 2016
Ces données proviennent du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur et rendues public respectivement en novembre 2010 et août 2017)
Malgré cette amélioration notable, en 2015, pas moins de 2 080 jeunes ont quitté les bancs d’école avant d’avoir obtenu un premier diplôme, selon le Réseau réussite.
Le décrochage scolaire a des répercussions considérables, autant sur le décrocheur que sur la collectivité. Selon le rapport « Savoir pour pouvoir » (2009), du Groupe d’action sur la persévérance et la réussite scolaires au Québec, « le décrochage des 28 000 jeunes par cohorte représente pour le gouvernement un manque à gagner de 1,9 milliard de dollars, en valeur actualisée. »
Ce manque à gagner est constitué de taxes et d’impôts non perçus ainsi que de dépenses sociales additionnelles généralement associées à un décrocheur sur la durée de sa vie.
En outre, l’étude montre que les personnes non diplômées contribuent moins à la vie citoyenne, participent moins aux élections, font moins de bénévolat et offrent moins de dons de sang, etc…
Cet article et écrit en collaboration avec le Fonds 1804 dans le cadre de la Semaine de la persévérance scolaire, du 11 au 15 février 2019.