Sans-papiers haïtiens: le Canada écarte une régularisation globale - Intexto, Journal Nou
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Ottawa hésite à mettre sur pied un programme spécial de régularisation des demandeurs d’asile haïtiens déboutés tel que exprimé par trois députés du Parti libéral du Québec (PLQ) « si les troubles se poursuivent », préférant mettre l’accent sur le rapatriement des Canadiens, pris entre deux feux en Haïti.
En conférence de presse hier vendredi, Paule Robitaille (Bourassa-Sauvé), Frantz Benjamin (Viau) et Dominique Anglade (Saint-Henri–Sainte-Anne) ont appelé non seulement à un moratoire sur les déportations vers Port-au-Prince, mais également à une régularisation globale des sans-papiers définitifs.
Plus de 6 000 Haïtiens, munis de visa et arrivés au Canada en catastrophe à la suite du tremblement de terre, avait obtenu la résidence grâce à des démarches politiques de Emmanuel Dubourg ( député de Viau à l’époque) auprès du gouvernement du Québec qui a intercédé auprès du fédéral.
De plus, en levant le moratoire sur Haïti, le 1er décembre 2014, le gouvernement conservateur avait mis sur pied un programme de régularisation, pour des raisons humanitaires, des ressortissants d’Haïti et du Zimbabwe en leur accordant six mois pour présenter une demande de résidence. À l’expiration de ce délai, le gouvernement libéral l’avait prolongé et plus de 2500 personnes avaient bénéficié de la résidence, toujours à l’instigation du député de Bourassa.
« Pour l’instant, on n’est pas rendu là, répond le député fédéral de Bourassa, notre priorité est le rapatriement des Canadiens. Autre élément… en temps et lieu, on regardera ça.»
Les trois parlementaires québécois dont deux d’origine haïtienne comme M. Dubourg, se sont basés sur les derniers développements de la situation au pays pour en appeler à des mesures spéciales de la part du gouvernement canadien.
En entrevue à In Texto, Emmanuel Dubourg souligne que le fédéral est déjà bien au fait des choses.
«Nous n’attendons pas nécessairement à ce qu’un groupe vienne nous dire: voilà. Nous connaissons la situation et nous avons agi en conséquence.» réplique le député de Bourassa.
« Jusqu’à nouvel ordre »
Le député libéral fait allusion à un sursis administratif de renvoi (SRA), pris depuis midi vendredi dernier.
« Suite à une décision prise par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) un SAR vers Haïti entre en vigueur immédiatement, et ce, jusqu’à nouvel ordre » a annoncé hier le député sur sa page facebook.
Cette décision est tombée quelques jours après la déportation cette semaine d’un père et de son enfant vers le chaos haïtien actuellement, ce qui a créé un émoi dans la communauté haïtienne à travers le Canada.
« Ce qui est arrivé, ça m’a brisé le cœur, confie le député Dubourg, parce que ça fait plusieurs jours qu’on suit la situation de près et on déplore ce qui est arrivé »
« Bon maintenant, les mesures sont prises et là, c’est ferme », affirme celui qui dit avoir encore de la famille en Haïti et qui l’informe d’heure e heure de la situation.
Interrogé sur le caractère provisoire de la mesure et du stress qu’elle occasionne pour des centaines de famille, le député de Bourassa se montre plutôt rassurant.
« Il faut rassurer les gens. Nous avons pris la mesure de dire : plus aucun renvoi vers Haïti. Je ne veux pas laisser les gens avec l’impression que dans deux ou trois semaines cela va recommencer. Là c’est ferme.»
Il a dit
«C’est une mesure ferme qui a été prise de très haut niveau. Donc, il faut s’en tenir à ça. Dans les discussions que j’ai eues avec le gouvernement, nulle part on n’a fait mention de période de temps. On dit jusqu’à nouvel ordre »
Plusieurs groupes organisé de la communauté haïtienne de Montréal comme la Concertation haïtienne pour les migrants (CHM) ou encore le Regroupement des intervenants et intervenantes d’origine haïtienne (RIIOH) appellent depuis près d’un an à l’instauration d’un moratoire.
Les différents organismes n’ont reçu qu’un accusé de réception de leurs lettres adressées au premier ministre Justin Trudeau, ce que déplore Roger Petit-Frère, un des porte-parole du RIIOH.
Le regroupement soutient les démarches actuelles des trois députés québécois.