Taxi : «Est-ce que le 1er ministre est raciste? »
Andrémène Labady, mère de quatre enfants, fait du taxi de 10h du matin à 10 h du soir depuis neuf ans à Montréal, comme environ 125 femmes sur plus de 8 000 chauffeurs, en vue de subvenir aux besoins de sa famille.
Sur son permis qu’elle a acheté pour plus de 200 000 dollars, grâce à un prêt de la banque, elle doit encore $136 000, ce dont le projet de loi-17 ne tient pas compte aujourd’hui.
«Si le projet de loi passe, je serai obligée de crier faillite», confie-t-elle à In Texto en marge d’un rassemblement, ce dimanche, de plusieurs milliers de travailleurs de taxi dans Saint-Léonard, à Montréal.
La plupart d’entre eux sont des immigrants haïtiens ou maghrébins formés mais reconvertis en taximan face à la discrimination en emploi dans d’autres domaines ici au Québec.
«Le ministre Bornardel, le premier ministre François Legault vient de s’attaquer à un symbole de la multiethnicité» lance, devant une foule en liesse, Serge Lebreux représentant de l’Association des taxis des régions du Québec.
«Est-ce que le ministre Bornadel est raciste? Est-ce que le premier ministre est raciste?», se demande M.Lebreux
De son côté, Carlo Hector, le président de l’Association haïtienne de chauffeurs de taxis (AHCT) annonce, à l’instar de Mme Labady, la faillite de l’industrie si le projet de loi venait à être adopté.
«Si le gouvernement fait cela à l’industrie, il tue par la même occasion notre communauté»- C. Hector.
Le député de Viau, d’origine haïtienne, Frantz Benjamin, qui assistait au rassemblement des travailleurs de l’industrie parle lui aussi « d’attaque frontale contre la communauté haïtienne » et dans une certaine mesure contre les Maghrébins.
Son comté regorge de chauffeurs de taxis qui appréhendent déjà la débâcle de leur entreprise de taxi.
Il rappelle qu’au moment de la transition, la CAQ avait insidieusement demandé au PLQ de reconduire, juste quelques semaines avant leur départ du pouvoir, le projet pilote qui permettait à Uber d’opérer au Québec.
« Ils ont demandé la reconduction. Visiblement c’était pour ce plan macabre auquel personne ne s’attendait », a dit Frantz Benjamin lors d’une entrevue à In Texto.
Au moins une demi-douzaine de députés du Parti libéral du Québec (PLQ) ont pris part à ce rassemblement dans le quartier Saint-Léonard. On comptait du nombre Gaétan Barrette, porte-parole libéral en matière de Transports qui a eu des rencontres d’information avec des fonctionnaires (représentants du ministre Bornardel) autour du projet de loi.
«Je leur ai posé à ce moment-là une question simple: est-ce que vous vous rendez compte que vous mettez à mort l’industrie du taxi? La réponse que j’ai eu c’est : oui.»
G. Barrette.
La députée de Saint-Laurent Marwah Rizqy accuse de son côté la Coalition avenir Québec (CAQ) de travailler en faveur d’Uber et non «pour son monde» que sont les chauffeurs de taxi.
Elle appelle les travailleurs du secteur à maintenir la mobilisation en vue de se faire entendre par le gouvernement qui «déroule du tapis rouge pour une entreprise (Uber) voyou» en ce sens qu’elle ne paie pas d’impôts.
L’ensemble des travailleurs de l’industrie doit rencontrer bientôt le gouvernement.
En attendant, ils déclenchent une grève dès ce lundi en vue de faire pression sur le gouvernement Legault à qui ils demandent le retrait du projet de loi-17