Desjardins: les Haïtiens anxieux

Sheilla Fortuné vit avec la peur au ventre tous les jours à l’idée que son identité soit volée après avoir reçu une lettre de sa caisse populaire Desjardins à l’effet que ses données se retrouvent entre les mains d’une tierce personne.
En dépit des tentatives de la banque de la rassurer en lui promettant, par lettre, un service de sécurité supplémentaire, elle demeure «très anxieuse».
«Tous les jours, je me pose des questions à savoir ce que cette personne-là, qui détient mes données, va faire en mon nom.», dit-elle.
« Tous les jours je vérifie mon compte afin de m’assurer qu’il n’y ait pas de transactions non autorisées. Même s’ils ont fait leur travail chez Desjardins, mais il y a une partie qui échappe à mon contrôle.»
Sheilla Fortuné
Son mari, Roger Petit-Frère, est dans la même situation. Mais, le comptable de profession se montre moins inquiet malgré ses difficultés à assurer le suivi de son dossier de crédit chez Equifax.
« J’ai reçu un code de la part de Desjardins qui devrait me permettre de mieux sécuriser mes informations, mais j’ai tenté au moins deux fois de le faire sur leur site Internet, sans succès.», déplore M.Petit-Frère.
« Le système me disait à chaque fois de revenir plus tard parce qu’il y a trop d’activités présentement »
Roger Petit-Frère
Le gestionnaire avait déjà une protection supplémentaire (crédit veille) avec ce bureau de crédit, ce qui lui permet d’être un plus quiet que sa femme.
« J’ai accès à mon dossier de crédit 24/24 »
Pétition
Au total, plus de trois millions de personnes sont touchées par ce vol massif de données chez Desjardins, dont de nombreux membres de la communauté haïtienne à Montréal.
Devant l’étendue des risques, un citoyen de Québec, Pierre Langlois, lance depuis plus d’une semaine, une pétition en vue de demander au gouvernement fédéral de changer les numéros d’assurance sociale des personnes concernées.
« Nous demandons que le gouvernement propose une solution rapide à ce problème pouvant inclure le remplacement du Numéro d’assurance sociale de tous ceux qui ont été victimes de ce vol, qui sont connus et facilement identifiables. », écrit M. Langlois dans le libellé du texte
Près de 100 000 personnes l’ont déjà paraphée au moment d’écrire ces lignes. Interrogée sur la question, Valérie Galzer, porte-parole du ministère de la Famille et du Développement social, offre, dans « une déclaration officielle » une réponse qui vise la protection des NAS, sans opter pour un remplacement.
«Nous comprenons les préoccupations et les inquiétudes des personnes touchées. Le gouvernement du Canada est déterminé à protéger les numéros d’assurance sociale (NAS) contre la fraude et l’usage inapproprié, ainsi qu’à protéger la vie privée des Canadiens. »
Déclaration officielle
« Nous estimons que toute atteinte à la sécurité touchant les renseignements relatifs aux numéros d’assurance sociale est très grave. Notre gouvernement est en communication avec l’Autorité des marchés financiers (AMF) afin d’offrir tout le support nécessaire dans ce dossier. »