La Clinique juridique de Saint-Michel est ouverte
Une trentaine d’étudiants en droit et huit avocats des communautés culturelles ont lancé mercredi soir dernier, dans Saint-Michel, une Clinique juridique en présence du bâtonnier du Québec, Paul-Mathieu Grondin, venu encouragé l’initiative.
La Clinique juridique de Saint-Michel (CJSM) est une nouvelle offre de services (gratis) dans ce quartier quasiment dépourvu de cabinet d’avocats et sera ouverte au public tous les mercredis au 3737 Crémazie Est (3e étage). Il s’agit d’une activité pédagogique qui offre du même coup un service de consultation juridique.
Les stages à une Clinique juridique ont notamment pour but l’acquisition des habiletés requises pour un avocat, lorsqu’il est sollicité pour un avis juridique.
«Les jeunes avocats, les jeunes étudiants des communautés racisées ont besoin de ça », estime Me Fernando Belton, avocat depuis quatre ans au Barreau du Québec, à l’origine de ce projet devenu réalité aujourd’hui.
« La force du nombre »
Les étudiants sont de toute origine et il y a des étudiants québécois blancs également souligne la coordination de la CJSM.
« L’idée n’est pas d’avoir une clinique tournée uniquement autour de nous, mais d’avoir un modèle pour les communautés racisées », note l’avocat.
Fernando Belton détient un cabinet dans le quartier, au 3737 Crémazie, et veut pouvoir compter sur « la force du nombre » face à une crise de représentativité des racisés dans la sphère juridique.
Admis pour un dernier stage à la Cour municipale avant de devenir avocat avec trois autres camarades (blancs) de l’université, Fernando Belton est le seul qui n’a pas été retenu en dépit des notes et remarques qu’il recevait pour la qualité de son travail. Ce qui l’amène à tirer cette conclusion.
« Quand comme jeune noir, j’arrive à un endroit pour un stage ou un emploi, j’ai des difficultés qu’un autre jeune blanc n’a pas », peste l’avocat.
«Ne pas prendre position, ne pas le dire, ce serait tout simplement être hypocrite, puisque c’est la vérité.»
Me Fernando Belton
Des barrières et des modèles
Ce manque de représentation de la diversité dans le milieu juridique, (par rapport à leur pourcentage dans la population 13%), est reconnu par Paul-Mathieu Grondin, le bâtonnier du Québec.
Sur 27 000 avocats au Québec, on compte à peine 2700 hommes de loi qui s’identifient aux communautés culturelles. Me Grondin évoque surtout un problème de modèle.
« Parfois, il peut y avoir des barrières, c’est sûr. Mais parfois, ça prend plus de modèles. Je vous dirais qu’à la magistrature la diversité est sous-représentée. On n’est pas là où on veut encore, mais on s’améliore.»
Paul-Mathieu Grondin, bâtonnier du Québec.
Jean Ernest Pierre pratique le droit depuis 1991 ici au Québec notamment dans le quartier Saint-Michel, à Montréal. Cette marche vers la représentativité, il y croit aussi.
Car, en 1987, lors de ces études, certains ont tenté de le dissuader.
« Je pense que c’est tranquillement qu’on va faire notre place. Moi, on me disait que c’était quasiment impossible pour un Noir d’être avocat au Québec »-Me Pierre
Des son côté, le bâtonnier croit que le vent est en train de tourner rien qu’à observer le nombre d’étudiants (des communautés racisées) dans les facultés de droit.
Prenant la parole devant une foule d’étudiants lors du lancement de la clinique, Me Grondin qui dirige le Barreau s’est dit ouvert à leur faire une place.
Il a dit
« Sachez que tous les postes qu’on offre au Barreau ou dans le monde juridique, j’aimerais que vous vous sentiez apte à 100% à y appliquer », leur a-t-il lancé.
« Et si jamais vous ne sentez pas l’effort, merci de m’appeler directement pour que je puisse vous motiver davantage »-Paul-Mathieu Grondin