Il a mis des Noirs à l’écran au Québec, voilà 30 ans
« Parce que je savais que le Québec et Montréal, en particulier, allaient changer », répond tout bonnement Jean-Claude Lord, 76 ans, lorsque In Texto lui demande : mais pourquoi vous avez fait cela? Le changement dont il parlait à l’époque concernait la multiethnicité d’aujourd’hui.
Il y a 30 ans, le cinéaste, non sans difficultés majeures, a mis toute une famille noire à l’écran avec la télésérie «Jasmine » contre l’avis de nombreux gens qui lui disaient :
« Ah…, ça vendra pas, ça ne passera pas! C’est juste à Montréal que cela se passe, C’est trop pro-ethnique»
« Même Téléfilm Canada, à l’époque, a voulu se retirer du projet », se souvient encore M. Lord que nous avons rencontré en marge du lancement de la 15e édition du Festival international de films black de Montréal (FIFBM) (24 au 29 septembre 2019).
Pourtant, « Jasmine » ou encore « Lance et compte » ont battu des records d’audience à l’époque. Plus de deux millions de spectateurs par semaine, et ce, pendant une longue période de dix semaines à regarder l’histoire d’une femme noire (médecin), amoureuse d’un joueur de hockey, acteur principal dans « Lance et compte ».
« On a besoin de ces alliés, des gens qui ne soient pas de la diversité, pour emboiter le pas afin de pouvoir changer le visage de notre télé au Québec », plaide Fabienne Colas la présidente du FIFBM.
Si Jean-Claude Lord avait réussi son coup c’est parce qu’il est arrivé à TVA, à ce moment-là, un directeur de programme, son ami, et qui avait travaillé sur le projet avec lui.
Et la diversité à l’écran au Québec s’est limité à « Jasmine » et « Lance et compte ». La province est revenue à la case départ des débats sur le sujet, des articles de journaux qui noircissent uniquement le web et le papier. La télé reste et demeure blanche, ici.
« C’est épouvantable », peste M. Lord lorsqu’on l’invite à jeter un œil sur l’écran québécois. Ce cinéaste plutôt avant-gardiste se considère par ailleurs comme un « communicateur de masse et non élitiste », ce qui lui vaut des ennuis parfois, dit-il. L’important pour lui c’est d’envoyer un message à travers l’objectif de sa caméra.
« Quand je vais dans cette direction-là, j’ai beaucoup de problèmes avec les institutions », se rend-t-il compte.
Jean-Claude Lord a, à son actif, 15 long-métrages, une douzaine de séries, une demi-douzaine de documentaires sur la pollution industrielle (1976) sur les prédateurs sexuels (Parlez-nous d’amour) sur la manipulation politique (Bingo).
Pourtant, il est plus prolifique que ça. Au total, une quarantaine de ses projets ont été refusés au fil des ans. Les bailleurs de subventions ne se gênent à évoquer son âge, son orientation ou qu’ils ne sont pas carrément pas intéressés.
« Aujourd’hui, la censure du politiquement correct est partout et j’ai beaucoup de misère avec ça, dénonce le réalisateur, parce que je ne dis pas ce qu’on voudrait me faire dire.»
À 76 ans, Jean-Claude Lord travaille toujours sur des projets, car, « c’est ce que je sais faire », dit-il. L’idée, lancée par Fabienne Colas, de réaliser une série noire (c’est-à-dire avec uniquement des acteurs noirs) l’intéresse.
« Je ne sais pas encore quelle forme cela pourrait prendre, du mentorat,… mais oui, cela m’intéresse »- J-C Lord.
Pour plus d’infos et billets sur le Festival international de films blacks de Montréal, cliquez ICI
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One Comment on “Il a mis des Noirs à l’écran au Québec, voilà 30 ans”
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Quand j’étais enfant, j’allais avec mes parents à la quincaillerie de la famille Lord… Jean-Claude y travaillais comme étudiant moi j’étais un enfant. Et aujourd’hui j’ai 60ans et je me souviens encore d’entrée avec ma mère dans cette quincaillerie…… et de magasiner des trucs pour rénover la maison rue Saint-Denis tout près de la quincaillerie….que de souvenirs…