COVID-19:le gouvernement passe mal à Montréal-Nord

Ph:J.N.Goudou
« Je tenais à nous déplacer parmi vous, car le portrait et l’évolution de la COVID-19 sont différentes d’une région à l’autre », lance en débout d’intervention le Dr Horacio Haruda, directeur de la Santé publique du Québec qui dirigeait la conférence de presse du gouvernement à Montréal-Nord.
Le portrait dans ce quartier, justement, est le plus inquiétant : soit 1676 sur 18 435 cas en date du 8 mai. On dénombre plus de 1700 personnes mortes du virus et quatre CHSLD et Résidences pour aînés de plus sont infectés pour un total de 138.
À La salle Oliver Jones de la Maison culturelle et communautaire où les Dr Haruda, Drouin, les mairesses (Valérie Plante et Christine Black) ainsi que la ministre de la métropole, Chantal Rouleau, interviennent loin des journalistes. On parle de dépistage massif de la population (100 000 tests par semaine), de la nécessité de se laver les mains et de respect des consignes etc..
« J’ai des échos sur le terrain qui me laissent croire qu’il y a des personnes ne font pas les suivis demandés par la Santé publique»,
dénonce Horacio Haruda.
Dehors une meute de journalistes , bariolés de couvre-visages, empoignent leurs appareils photos, brandissent leurs micros. Des intervenants communautaires sont sur le qui-vive également et voudraient interpeller les responsables.
« On ne peut pas juste venir ici, faire une conférence de presse sans annoncer des mesures spécifiques pour le quartier. », peste Bochra Manai, de Paroles d’Exclues, un organisme communautaire à Montréal-Nord, qui n’a pu poser ses questions.
Wissan Mansour de Hoodstock va même jusqu’à qualifier la première sortie médiatique du gouvernement à Montréal de «répétition des conférences de presse» tenues à Québec.

« J’ajouterais même que j’ai eu l’impression qu’il y avait un blâme jeté sur la population lorsqu’ils n’arrêtaient pas de répéter les mesures, le besoin de se laver les mains, etc.. »,
indique avec une teinte colère Mme Mansour.
Elle note à l’instar des autres acteurs locaux du quartier qu’il existe des causes structurantes qui expliquent ce qui arrive à Montréal-Nord : un cadre bâti non adapté, absence de clinique de santé ou de médecin, bas taux de scolarité, pauvreté, des appartements surpeuplés etc…
Tout cela rend la distanciation physique plutôt difficile soulignent les acteurs locaux. La question des mesures spécifiques, dans le contexte particulier de Montréal-Nord, est posée au Dr Haruda, ce à quoi il propose la médecine de lavage des mains.
« Si la distanciation sociale n’est pas possible, il faut, au sein d’une même famille, augmenter l’hygiène, la salubrité, le lavage des mains excessivement fréquent. »
« Il faut devenir presque maniaque du lavage des mains », insiste le médecin.
Mais Bochra Manai et Wissan Mansour ne sont pas les seules à rester sur leur soif après la conférence de presse du gouvernement dans cette « zone chaude » de la COVID-19. Christine Black, la mairesse de l’arrondissement, s’interroge encore.
« Il y a encore des questions sans réponse entre autres au sujet de la clinique mobile. On n’a pas trop de d’informations sur comment et quand cela va se faire.», dit Mme Black en entrevue à In Texto, en marge de la sortie médiatique du gouvernement.

La Direction de la santé publique annonce qu’une dizaine d’autobus de la STM seront convertis en clinique mobile. Mais la Dre Mylène Drouin n’était pas très précise lorsqu’elle a été interrogée sur la question en lien avec Montréal-Nord.
Ici, tout comme à Saint-Michel ou à Rivière-des-Prairies ce sont des résidents qui travaillent dans la santé et autres métiers connexes qui, en majorité, ont ramené la maladie chez eux. Viennent ensuite les infections communautaires et les CHSLD.
Ces anges-gardiens comme on se plaie à les appeler depuis la pandémie n’ont été protégés comme il fallait dans leur milieu de travail. Le directeur généra de la Santé publique l’admet aujourd’hui à demi-mot.
Il a dit
« On s’est fait avoir par ce vilain virus »-Dr H. Haruda
« Il faut travailler avec des groupes communautaires, car culturellement, la santé n’est pas pareille pour toutes les communautés. »- Dr H. Haruda