Regard de Noirs canadiens sur Minneapolis

Victimes, défenseurs des droits des minorités visibles ou même le premier ministre canadien Justin Trudeau redoutent les événements de Mineapolis ( USA) au cours desquels George Floyd a trouvé la mort après qu’un policier blancs l’ait immobilisé à l’aide de son genoux vissé sur coup par terre pendant plus de 8 minutes.
« Je considère que je suis chanceux d’être en vie aujourd’hui », lance Modeste Hezu, originaire de Togo (Afrique), un résident de Repentigny qui s’est fait mis en joug par trois policiers, le 15 septembre 2019, alors qu’il passait du bon temps avec son fils et deux amis de ce dernier au Parc du moulin.
In Texto a pris part à un forum sur ZOOM avec lui et François Ducas, une autre victime de profilage racial. Fo Niemi du Centre de recherche action sur les relations raciales (CRARR) y a participé également à l’invitation de Lakay média.
«Les policiers sont pareils partout, USA ou Canada, c’est la même chose: Ils perçoivent toujours les Noirs comme des délinquants », estime M.Ducas, un enseignant qui s’était même fait arrêté devant ses élèves et qui était souvent pris en filature par une patrouille de police à chaque fois qu’il quittait son établissement d’enseignement dans le quartier Le Gardeur.
De son côté, Fo Niemi du CRARR, se dit «préoccupé» par la situation aux États-Unis et aborde celle du Canada et du Québec avec seulement quelques bémols.
« Ici, ils utilisent d’autres armes comme le taser et avec une fréquence moindre », dit-il.
Mais, sur le plan politique c’est là où il y a un problème selon lui.
« On ne les voit pas réagir avec autant de rapidité comme à Minneapolis dans l’affaire Floyd, pour sanctionner des policiers »-F. Niemi
Les quatre policiers, impliqués dans l’interpellation de George Floyd suivie de sa mort, ont été renvoyés du corps de police de la ville par le maire Jacob Frey dès le lendemain de l’incident et après visionnement de la vidéo accablante.
Cela dénote, selon le responsable du CRARR, que des institutions comme la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) ou encore la déontologie policière, passent à coté de leur mission.
« Cela donne l’impression que ces mécanismes de protection des droits de la personne ne fonctionnent pas bien.», dit-il.
Les victimes d’actes de profilage racial tiennent plus les politiques pour responsable de ce climat d' »impunité » dénoncé par Modeste Hezu et François Ducas. Car, «les policiers sont le prolongement des politiques », fait remarquer M. Hezu
« La mairesse de Repentigny est la patronne des policiers, soulève Modeste Hezu, c’est à elle de prendre ses responsabilités et de mettre des balises claires, de dénoncer publiquement et de rendre public les données statistiques sur les interventions abusives.»
« Nous avons du travail à faire ici »- Justin Trudeau
Le premier ministre du Canada dit observer et regarder avec « horreur et stupéfaction » ce qui se passe aux États-Unis. Ce qui amène le chef du gouvernement à rappeler aux Canadiens l’existence de ce sentiment hostile envers certaines personnes basé sur la couleur de leur peau.
« Même si on voit tout cela se passer aux USA, au Canada on n’est pas sans vivre du racisme et de la discrimination. Et, nous nous devons de faire mieux », reconnait M. Trudeau lors de son point de presse quotidien, vendredi dernier.
« Nous avons du travail à faire ici »– Justin Trudeau, premier ministre du Canada.
Ce n’est pas la première fois que Justin Trudeau évoque la problématique du racisme au Canada. Voilà pourquoi, depuis 2018, il reconnait la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, décrétée par les Nations unies.
Par la suite, un ensemble de mesures, notamment un fonds de 25 millions de dollars, sont annoncées. Ce fonds prévu dans le budget de 2019 est actuellement disponible et trois organismes phares des communautés noires au Canada, dont le Groupe 3737 au Québec, ont la responsabilité de le gérer.
Le Canada compte une population de 1,2 million de Noirs selon le Recensement de 2016.