Je ne respire pas, S’il vous plaît! L’erreur à ne plus commettre
Il est de ces phrases qui ont la vertu de marquer les esprits au burin et au fer rouge. Celle que répétait George Flyod sous le genou de son impassible et triomphantassassin m’a hanté au cours des dernières nuits.
« Je ne peux plus respirer ». Il répétait cela. Encore et encore. Ad nauseam. Dans un dernier élan d’instinct de survie, il a ajouté : « Sir, Please », entendons « Monsieur, s’il vous plait… ». Puis, il est resté tout doux, avant de s’éteindre. Il est mort, après avoir été l’objet des crocs-en-jambe des agents de police de Minneapolis. Il est passé de vie à trépas, parce que ce monde-ci était indigne de lui.
« Je ne peux plus respirer ». Il me semble qu’au-delà du ponctuel et de l’anecdotique, l’assassinat tragique de Flyod nous lance deux messages fondamentaux, voire élémentaires :
- La respiration est à la fois un geste naturel du vivant et un indicateur de la vie, en sorte que celui qui vous coupe la respiration cherche à vous couper la vie.
Le cri de détresse de Flyod devrait ouvrir les yeux des peuples opprimés sur les structures systémiques asphyxiantes et strangulatoires de leur milieu de vie. En vrac : le racisme et ses déclinaisons, c’est-à-dire, l’esclavage, la ségrégation, l’ethnocentrisme, l’ethnonationalisme, le profilage, la discrimination basée sur la couleur, l’origine ethnique, la religion, le genre, l’orientation sexuelle, etc.
Il ne faut jamais dire « s’il vous plait » à son oppresseur quand il s’agit de défendre ses droits. Jamais.
Un droit aussi inaliénable que celui de la vie ne se négocie pas; encore moins avec son bourreau. Car, il est prouvé que l’oppresseur ne se laisse pas toucher par les gémissements de l’opprimé; mais qu’au contraire les supplications de celui-ci laisse la fausse impression que le tortionnaire détiendrait un droit de vie et de mort sur l’offensé.
On ne dit pas « s’il vous plait, laissez-moi respirer »; on défend son droit à la vie avec ardeur et vigueur— faut-il pour cela utiliser les mêmes armes que l’oppresseur lui-même. Oui, vous avez bien entendu!
Enfin, pour que Flyod ne meure pas pour rien, les peuples opprimés doivent intégrer un certain nombre d’enseignements de l’Histoire :
- Avoir une conscience identitaire forte. Quoi qu’on dise, il y a deux catégories d’humains : les oppresseurs(les privilégiés) et les opprimés;
- Les opprimés doivent refuser de pardonner à leurs oppresseurs. Le pardon est la propagande des oppresseurs et la vertu des opprimés;
- Les opprimés doivent se prendre en mains, s’organiser et se doter d’institutions politiques et économiques fortes;
- L’oppresseur ne comprend que le langage de la violence et celui de l’argent. Le respect s’impose, mais ne se négocie pas;
- Les opprimés doivent investir les avenues du pouvoir; car, c’est par la politique qu’on change les mœurs.
- La véritable justice commande une réparation proportionnelle à l’offense.
Je me donne les moyens de respirer. Et vous ?