La souverainiste amie des demandeurs d’asile
Catherine Fournier, la députée de Marie-Victorin (la partie Ouest du Vieux Longueuil) sur la Rive-Sud de Montréal, n’a pas une grosse communauté haïtienne dans son comté, «mais il y de plus en plus d’immigrants et d’Haïtiens » quand même.
C’est pourtant de cette indépendantiste farouche qu’est parti le volet politique de la lutte en faveur des demandeurs d’asile travaillant dans les CHSLD lorsqu’elle dépose, le 13 mai 2020, une « motion » pour la régularisation de ces sans-papiers.
« Cela m’a touchée de constater qu’on parle souvent de ces personnes de façon négative, comme si c’était simplement des numéros.», répond Mme Fournier lorsqu’on tente de comprendre sa motivation.
Élue sous le parapluie du Parti québécois (PQ) en 2018, Catherine Fournier allait claquer la porte de cette formation politique en raison d’une divergence sur la question de l’indépendance. Elle fait partie de la ligne dure prônant la séparation du Québec avec le Canada.
Notons que le PQ épouse sa motion ainsi que la cause des demandeurs d’asile également.
« Personnellement je suis interpellée par toute la question de l’immigration. Et le vivre ensemble est au cœur des idées que je souhaite amener en politique »-C. Fournier.
Économiste de formation, la députe indépendante, 28 ans, parle de son penchant pour ceux qui viennent d’ailleurs comme d’ «une valeur intrinsèque.»
Pourtant ses premiers contacts serrés avec l’immigration, elle les établit au Centre communautaire et de loisirs de Notre-Dame-de-Grâce (NDG), Côte-des-Neiges où elle fait du bénévolat au profit de nouveaux arrivants.
Lorsque sa motion est rejetée par la Coalition avenir Québec (CAQ), Mme Fournier était furieuse.
Face à une pluie de critique à l’endroit de François Legault dans les médias, le premier ministre fait, une semaine plus tard, une « mise au point » dans laquelle il demande à son ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, d’étudier «au cas par cas» les dossiers de ces personnes.
«J’ai été soulagée d’entendre cela.», indique la mère de la motion ayant conduit à cette avancée.
Élargir le programme?
Mais plusieurs autres voix s’élèvent pour demander à ce qu’on élargisse la régularisation à d’autres travailleurs essentiels qui sont au front eux aussi de la COVID-19.
«Je suis sensible à cette question aussi, indique Catherine Fournier, mais il faudrait à mon avis accorder la priorité à ces gens-là qui ont risqué leurs vies dans les CHSLD.»
La députée se dit «touchée énormément» par l’affaire George Floyd dont le cou a été forcé par un policier blanc jusqu’à ce qu’il ne respire plus.
Elle demeure sceptique toutefois quant à un changement réel de mentalité lié au racisme.
«Je me dis qu’on est en train d’essayer certains enseignements qui, j’espère, vont nous permettre de nous améliorer de façon durable comme société.»-Catherine Fournier
«J’essaie de voir ce qu’on va pouvoir, malgré les drames, ce qu’on va pouvoir améliorer.»- C, Fournier