François Legault ou Qu’est-ce qu’un raciste?
Qu’on lâche le mot: François Legault est un politicien ethnonationaliste. Par politicien ethnonationaliste ou de type nationaliste ethnique, j’entends un dirigeant dont les réflexes, les atavismes, les politiques publiques et la rhétorique réduisent la « nation à la taille d’une ethnie ». L’ethnie fondatrice. Entendons : les Québécois blancs.
Depuis son élection en octobre 2018, l’homme ne cherche qu’à protéger « l’ethnie fondatrice » dont il est issu et qui l’a porté au pouvoir : les Blancs des régions.
Son instinct hyper-protecteur des Québécois blancs le fait verser dans l’invraisemblable et dans l’indéfendable. J’en veux pour preuves non exhaustives les cas suivants :
1-En janvier 2019, lors du triste anniversaire de la sextuple tuerie de la mosquée de Québec par un jeune Québécois suprémaciste blanc, Legault a refusé de consacrer une journée à la réflexion sur l’islamophobie au Québec. Sa raison? « Il n’y a pas d’islamophobie au Québec ». Or, tous ceux qui y vivent, savent que le Québec post 11 septembre 2001 respire l’islamophobie à plein nez. À chaque fois, le taux de popularité de Legault grimpe chez les Blancs.
2- Moins de six mois plus tard (juin 2019), il a récidivé en nous entrant dans la gorge une « loi sur la laïcité » qui interdit le port du voile [islamique] sur les lieux du travail. Là encore, l’homme est porté aux nues comme le Saint-Protecteur du Québec blanc.
3- Au cours des 8 dernières semaines, le Québec, comme la plupart des États du monde, était en confinement— covid-19 oblige. Nous avons assisté, impuissants, avec une tristesse indicible dans l’âme, à plus de 5000 décès, dont près de 90 % parmi les aînés.
Au vu de leur dévouement, François Legault appelait le personnel soignant « les Anges gardiens du Québec ». Sauf qu’au nombre de ces « Anges gardiens » figuraient des demandeurs d’asile noirs (Haïtiens, Antillais et Africains), des sans-papiers.
On a alors demandé à Legault de leur accorder la résidence permanente au Québec. Il a refusé net. Il convient de les maintenir à leur place. Dans leur trou de Noirs. Et l’espace d’un cillement, les « anges gardiens noirs » sont redevenus ce qu’ils ont toujours été, à savoir, des « moutons Noirs ». Des brebis galleuses.
En outre, dans la foulée de la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur des préposés aux bénéficiaires, Legault a mis sur pied un cours-éclair, payé par le gouvernement et dont le salaire annuel pourra atteindre jusqu’à 49 mille dollars. Pas mal !
Or, aussi longtemps que la fonction était occupée majoritairement par des immigrants racisés, les préposés gagnaient 13 dollars de l’heure. Et Legault tardait à augmenter leur salaire.
Dorénavant, la profession sera auréolée d’un revenu décent, Legault impose deux conditions pour suivre le cours :
a- être citoyen canadien;
b- être résident permanent du Québec.
Exit les demandeurs d’asile! Ils ne font pas partie de « l’ethnie fondamentale ».
4- Depuis que l’assassinat crapuleux de George Flyod par un policier blanc raciste a secoué les bonnes âmes et a replacé la question du racisme sur la conscience de l’Occident, François Legault répète à tous vents, « il n’y a pas de racisme systémique au Québec » !
Depuis plus de 16 jours, il nous martèle sa phrase insipide et « incolore ». Le Canada de Trudeau reconnait le racisme systémique. La Ville de Montréal de Valérie Plante aussi. Legault est seul dans sa rhétorique indéfendable et surréaliste. Mais qu’à cela ne tienne! Seul Legault, tel le dernier des Gaulois, le dernier des Blancs, défend la réputation de son Québec fantasmagorique, son « île imaginaire » où le racisme systémique n’existe que dans la bouche des intellos multiculturalistes de gauche.
5- Enfin, de guerre lasse, il nous assène son plus récent coup fourré : « Un groupe d’action contre le racisme » . Il place à sa tête deux brillants ministres. Deux compatriotes noirs de surcroit. L’un est un excellent médecin de renommée internationale, l’autre est une gestionnaire de banque aguerrie . Legault veut un rapport d’ici à l’automne. C’est un piège!
Au Québec, rayonnent déjà des sociologues, des historiens, des politologues, entre autres, dont les travaux portent sur le racisme systémique,, c’est à eux et à elles que Legault aurait dû faire appel pour mettre sur pied une « commission indépendante » sur la question du racisme. Je dis bien : indépendante!
Ces experts lui auraient dit que les médias québécois comptent parmi les plus blancs du monde; que la fonction publique ne recèle pas assez de personnel racisé; que l’on rate des jobs au Québec, parce qu’on n’est pas Blanc; qu’on ne peut pas toujours louer un appartement, parce qu’on est Noir ou Arabe. Voilà, ce que Legault ne veut ni entendre ni voir.
Enfin, par son « groupe d’action contre le racisme », François Legault enferme nos deux brillants compatriotes dans un piège manichéen : à leur droite, ils ne pourront pas reconnaitre le racisme systémique, de peur de désavouer leur chef(ils ne sont pas indépendants); à gauche, ils sont condamnés à décevoir les communautés racisées pour lesquelles ils travaillent pourtant. « Des deux côtés, leur mal est infini ».
En terminant, j’aimerais paraphraser le vieil adage « Il faut craindre Legault, particulièrement quand il semble faire un cadeau aux non-Blancs ».
De fait, je commence à établir des traits de similitude entre Trump et Legault : de chaque côté de la frontière, les deux se pensent « le dernier des Blancs ». J’exagère ?
Ok, je me reprends sans exagération aucune cette fois, Legault est un Trump « aux petits souliers ». Il faut le surveiller, car ses pieds risquent de grandir. En attendant, son « groupe d’action contre le racisme » est cousu de fil blanc. Blanc comme dans le Québec du nationalisme ethnique de Legault.