«Discrimination» et «omerta» communautaire à Montréal-Nord - Intexto, jounal nou
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Des dirigeants d’organismes communautaires à Montréal-Nord dénoncent une « structure discriminatoire », du « copinage » ou encore une « Omerta », dans la foulée de la suppression par l’arrondissement, le 29 juin dernier, de l’accréditation de l’organisme Mener autrement.
Évoquant un incident au cours duquel Oscar Elimby, responsable de cet organisme depuis 17 ans dans le quartier, a été « irrespectueux », la ville a retiré, sans « gaieté de cœur » dit-elle, tout accès de cette entité à ces espaces alors que l’organisme est en plein camp de jour avec des enfants défavorisés.
«L’incident dont elle (Christine Black) parle, c’est la pétition que nous avons fait circuler pour demander que les camps de jours, financés à même les fonds publics, soient gratuits, pour des enfants démunis », répond M.Elimby lorsqu’on lui demande sa version de ce qui s’est passé.
Il déplore le fait que des employés de la ville aient éteint des lumières, débranché des appareils dans un espace appartenant à l’arrondissement où se déroulait une journée ordinaire de camps de jour pour plus de 70 enfants.
En raison de cette action, il n’en reste qu’une vingtaine d’enfants au camp. Et, l’organisme tente de se trouver un autre endroit actuellement pour poursuivre ses activités.
« C’est de l’intimidation, peste-t-il, c’est comme ça que cela fonctionne cette administration. Tout le monde a peur »
Selon lui, il s’agit d’une « structure discriminatoire qui utilise des techniques mafieuses : vous n’êtes pas content avec nous, on vous écarte.»
Dans cette vidéo postée sur la page Facebook de Mener autrement, Oscar Elimby ne mâche pas ses mots à l’endroit de la mairesse Christine Black.Concernant l’entrevue mise en ligne sur la page Facebook de Mener Autrement :« Les propos et accusations tenus publiquement par le représentant de l’organisme sont préjudiciables. L’arrondissement de Montréal-Nord évalue présentement les actions à prendre. Aucun commentaire supplémentaire ne sera fait à ce sujet pour l’instant. »-extrait de la réponse écrite de la ville à In Texto.
Williamson Lamarre travaille dans le communautaire à Montréal-Nord depuis plus de 36 ans. Il parle de la sortie du dirigeant de Mener autrement comme d’un «cri d’alarme »
Oscar Elimby manque de manière dans sa façon de dire les choses, reconnait-il. « Mais dans le fonds il a complètement raison », dit-il avant d’ajouter :
« Il y a une culture d’omerta à Montréal-Nord »-
W. Lamarre
Désengagement
La thèse de personnalité «pas facile à vivre » est corroborée par Roger-Petit-Frère, impliqué dans le quartier depuis 2002. Selon lui, M. Elimby qui est un homme de « contenu » n’a pas une « approche facile », mais l’arrondissement « n’aurait pas dû aller jusque là »
« C’est ça le problème à Montréal-Nord, les gens n’aiment pas qu’on dise les vraies affaires. Ce qu’il (O. Elimby) a dénoncé c’est ce que plein de gens pensent. »-
Roger Petit-Frère
En raison de cette réalité, M. Petit-Frère dit enclencher un processus de désengagement dans les milieux concertation et de Table de travail dans le quartier après plus de 15 ans de participation.
« J’avais déjà quitté la Table jeunesse parce qu’elle ne fait pas vraiment avancer les dossiers jeunesse. La majorité des gens là-bas n’ont aucun souci de bien commun et d’intérêt collectif. Je ne solliciterai pas de nouveau mandat au CA de la Table de quartier. Je suis présentement trésorier et le doyen des membres du conseil. Je pense avoir fait ma part. Je laisse la suite à d’autres. Ça me permet de m’impliquer plus ailleurs.», indique celui qui est, depuis juin, siège au comité d’admission de l’Ordre des administrateurs agréés du Québec.
Pas à cause de la pétition selon la ville
In Texto avait sollicité une entrevue de la mairesse Christine Black sur le sujet, ce qu’elle a décliné à travers le service de communication de l’arrondissement. Toutefois, la ville nous a communiqué une réaction par écrit sur l’affaire « Mener autrement »
Concernant les allégations voulant qu’une pétition demandant la gratuité des camps de jour à Montréal-Nord soit à l’origine de la décision de ne plus reconnaître l’organisme, la ville dément.
De prime abord, elle précise que « à la Ville de Montréal, tous les camps de jour offerts par des organismes reconnus sont tarifés. ». L’arrondissement ajoute que la décision de faire payer ou non des parents pour des camps relève de chaque organisme.
« La tarification des camps de jour demeure la prérogative des organismes qui offrent les services en fonction du soutien qu’ils reçoivent de l’arrondissement et du type de services qu’ils offrent. Les organismes reconnus sont soumis à des standards élevés en matière de qualité de services, d’activités et de gestion.»– extrait de la réponse de la ville par courriel.
Concernant la situation avec Mener Autrement : Une première dans l’histoire
Depuis plusieurs années, l’arrondissement de Montréal-Nord a dû gérer de nombreux incidents impliquant l’organisme Mener Autrement, lesquels portaient atteinte au respect des personnes, à la civilité et à la dignité. Des gestes d’intimidation visant certains des employés de l’Arrondissement sont notamment à déplorer.
Pour résoudre la situation, au fil des ans, l’arrondissement de Montréal-Nord a initié plusieurs processus de conciliation et de médiation avec l’organisme. La dernière tentative de médiation s’est soldée par un échec en raison du peu de collaboration de l’organisme.
Compte tenu :
C’est la première fois que l’Arrondissement se résout à un tel bris de collaboration avec un organisme partenaire.
Le retrait de la reconnaissance ne se fait pas de gaieté de cœur et l’Arrondissement comprend que pour les parents, il peut y avoir des impacts, cependant en même temps, il reconnaît que l’organisme était tout à fait conscient que l’entente était conditionnelle à la médiation lorsqu’il a annoncé un camp de jour pour l’été.