Droit de filmer la police:Montréal appelée à donner une confirmation explicite
Le conseiller municipal indépendant de l’arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce (district Snowdon), Marvin Rotrand, a présenté mercredi à la presse, trois motions visant à protéger les droits des citoyens, dont celui de filmer la police.
Ces motions seront soumises, de concert avec l’opposition officielle et appuyées par une coalition de 29 groupes communautaires, à l’appréciation du conseil municipal de Montréal lors de la séance du 24 ou du 25 août 2020.
-« Motion visant à confirmer de façon explicite le droit des citoyens de filmer la police »;
-« Motion visant à promouvoir la transparence ainsi qu’à protéger le droit à la protection des renseignements personnels et les libertés civiles par rapport à l’utilisation des technologies de surveillance par le Service de police de la Ville de Montréal »
– « Motion visant à féliciter Monsieur Dan Philip pour sa contribution à la cause des droits civils et de l’égalité raciale au Québec »,
En conférence de presse au local de la Ligue des Noirs du Québec, M. Rotrand a déclaré péremptoirement que n’importe quel citoyen a le droit de filmer un officier du SPVM dans l’exercice de ses fonctions.
« Aucune loi au Canada n’interdit de filmer un policier au moment de ses opérations », a-t-il rappelé déplorant de récentes situations où des policiers ont eu des comportements répréhensibles envers des jeunes qui essayaient de les filmer à Montréal.
Des fois, la vidéo prise par un citoyen peut constituer la seule preuve juridique pouvant accuser un policier qui abuse de son pouvoir lors d’une intervention, a poursuivi M. Rotrand qui inscrit sa démarche dans la lignée de motions semblables, adoptées par le conseil municipal de New-York le 18 juin dernier, ainsi que d’autres villes américaines.
Marvin Rotrand a, par ailleurs, exprimé ses préoccupations face à l’utilisation par le SPVM de certaines technologies de surveillance. « Nous voulons un service de police transparent, c’est-à -dire une police qui remplit sa mission, tout en respectant la vie privée et les droits des citoyens » a lancé le conseiller municipal, soulignant que l’utilisation de telles technologies peut permettre aux policiers d’espionner les gens à travers leurs téléphones portables.
En ce sens, il souhaite que les mesures adoptées à New-York soient également adoptées à Montréal afin, non seulement d’améliorer le comportement de la police locale, mais aussi de permettre aux élus d’exercer leur mandat incluant la surveillance de ceux appelés à faire respecter les lois.
Filmer sans interférer
Pour sa part, le nouveau président de la Ligue des Noirs du Québec, Max Staley Bazin, a mis l’accent sur le droit qu’ont les jeunes de filmer la police.
« Nous disons aux jeunes qu’ils ont le droit de filmer la police, et que leurs vidéos et photos pourraient un jour constituer des preuves importantes dans le cas où la force illégale a été utilisée », a-t-il assumé.
Il souligne que sans les films des citoyens, la mort de George Floyd aurait été un incident de plus. M. Bazin invite toutefois les jeunes à ne jamais interférer dans une opération policière.
Par ailleurs, le nouveau président de la Ligue a exprimé des réserves par rapport aux technologies de surveillance utilisées par la police.
« L’utilisation de dispositifs de reconnaissance faciale et de dispositifs qui espionnent les téléphones portables, portent atteinte à la vie privée et aux droits civils », a-t-il fait remarquer, soulignant que ces technologies identifient mal les personnes de couleur.
Bénéficiant déjà de l’appui du conseiller de l’arrondissement de Montréal-Nord, Abdelhaq Sari, et du parti Ensemble Montréal, Marvin Rotrand invite ses collègues de Projet Montréal et les indépendants à le rejoindre dans sa démarche.