Québec: Villes et Sociétés d’État ignorent les Noirs
Cet article est rédigé avec la collaboration de Lucmane Vieux
Les sociétés d’État et les organismes publics du Québec ne disposent pas du tout de données sur la présence de Noirs au sein de ces entreprises et parfois même sur des personnes issues des minorités visibles, selon une étude menée par le Sommet socioéconomique pour le développement des jeunes des communautés noires(SdesJ) auprès de 30 entités publiques.
Mais la ville de Longueuil est allée plus loin que tous les autres dans son indifférence, son mépris face à l’étude, ce qui a courroucé les dirigeants du Sdesj dans la couronne Sud de Montréal. Édouard Staco, le président du SdesJ songe à porter plaintes.
«Nous voulons aller jusqu’au bout avec ce dossier, déposer les plaintes nécessaires. On ne peut pas accepter qu’une ville comme Longueuil décide tout simplement de nous dire non pour des informations que nous croyons disponibles.», fustige Édouard Staco, le président du Sommet.
Retour sur les faits
Les enquêteurs du SdesJ se sont concentrés principalement sur quatre grandes sociétés d’État: la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ), Hydro-Québec, Loto Québec et la Société des alcools du Québec (SAQ).
Leur attention était portée également sur six grandes villes dont Montréal, Laval, Longueuil, Terrebonne et Repentigny, dans le but de les comparer entre elles, afin de voir quelle place elles donnent aux gens issus des minorités visibles, notamment les Noirs.
Les résultats préliminaires de cette enquête dont les conclusions doivent être publiées le 30 septembre prochain sont plutôt décevants.
- Montréal avec 10% de population noire ne dispose pas de données sur cette catégorie. La Ville a été peu collaborative à l’étude en ce sens qu’elle a communiqué sa réponse à la dernière minute et ses données concernent la période de 2015-2019 seulement.
- Hydro-Québec affirme avoir 3,8% de personnes issues de minorités visibles mais ne dispose pas de données sur les Noirs.
- Loto-Québec avec 13 personnes au sein de CA n’a pas l’ombre d’un Noir ni de minorités visibles. L’entreprise n’a pas de données sur la présence de cette catégorie au sein de son département de ressources humaines
- La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) n’a ni Noir, ni minorité visible au sein de son CA de 7 membres. Son département de Ressources humaines avec 93 personnes n’en ont pas non plus.
« Dans le cadre de cette étude, nous avons estimé que les Ressources humaines sont un département important, crucial si on veut parvenir à un certain changement, car ce sont eux qui passent les entrevues, qui gèrent les relations entre employés etc.. », souligne James Osné, le stagiaire en Politique et développement du SdesJ qui réalise les travaux non sans « surprise et difficultés énormes.»,
« Il y a un manque de volonté de la part de ceux-ci de communiquer des informations », a déploré M. Osné.
Longueuil avait les chiffres
L’étudiant en Science affirme avoir eu toutes les peines du monde avec la Ville de Longueuil qui lui a écrit et réécrit qu’«on ne dispose pas de données sur les communautés noires.»
«Quand j’ai insisté, on m’a dit : Portez plainte si vous voulez.»-
James Osné
Pourtant, fait-il remarquer, sur le site de la ville il y a un formulaire qui exige aux demandeurs d’emploi de déclarer leurs origines ethniques.
De son coté, la Ville de Longueuil affirme à In Texto avoir été effectivement « sollicitée en vertu de la Loi d’accès à l’information et c’est dans ce contexte que sa réponse s’est effectivement limitée, comme la loi le prévoit, à la documentation disponible qui est non existante à ce sujet. »
« Pour nous, la Ville ne respecte pas la loi ou l’esprit de la loi sur l’accès à l’information sur ce coup là.», rétorque Édouard Staco pour justifier sa plainte.
Pourtant la municipalité disposait des données que le Sommet avait demandées. À In Texto, Longueuil les a divulguées et a écrit : «nous pouvons dire que 6 % des membres du personnel de la Ville se sont identifiés comme étant issus des minorités visibles.»
Après coup, les communications de la municipalité reconnait que son attitude ait pu impacter le cours de cette étude.
« Nous déplorons les impacts que cela a pu avoir sur le Sommet socioéconomique des jeunes des communautés noires.»- Ville de Longueuil.