La liberté d’expression «à la française» et François Legault
François Legault s’est mérité le très gratifiant appel du Président français Emmanuel Macron, le 3 novembre dernier, pour avoir défendu la « liberté d’expression inconditionnelle » à la française.
Cet appel a eu l’effet d’un prix Nobel de littérature pour François Legault, qui, dans un élan de fierté digne du légendaire paon de la basse-cour, a tweeté et retweeté la nouvelle de l’appel du Président français.
Toute la Nation québécoise en a ressenti une fierté identitaire. C’est à un point tel que les journalistes, les uns plus pique-assiette que d’autres, en ont fait les grands titres de leurs chroniques ou de leur talk-shows.
« Liberté d’expression inconditionnelle à la française ».Vraiment? N’y voyez-vous pas l’oxymore ?
Magnanime, je vous viens en aide. Savez-vous qu’en France, la liberté d’expression n’est à ce point pas inconditionnelle que le code pénal punit d’amendes ou d’emprisonnement l’outrage fait au drapeau ou à l’hymne national français ?
Lisez par vous-mêmes :
« Le fait, au cours d’une manifestation organisée ou réglementée par les autorités publiques, d’outrager publiquement l’hymne national ou le drapeau tricolore est puni de 7 500 euros d’amende.
Lorsqu’il est commis en réunion, cet outrage est puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende. »
Code pénal français, Section 4 : De l’outrage (Articles 433-5 à 433-5-1)
Ce même code pénal français punit de 30 000 euros ou d’emprisonnement des outrages faits à certaines personnes chargées d’une mission publique ou dépositaires de l’autorité publique.
Je cite:
Constituent un outrage puni de 7 500 euros d’amende les paroles, gestes ou menaces, les écrits ou images de toute nature non rendus publics ou l’envoi d’objets quelconques adressés à une personne chargée d’une mission de service public, dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de sa mission, et de nature à porter atteinte à sa dignité ou au respect dû à la fonction dont elle est investie.
Lorsqu’il est adressé à une personne dépositaire de l’autorité publique, l’outrage est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.
Lorsqu’il est adressé à une personne chargée d’une mission de service public et que les faits ont été commis à l’intérieur d’un établissement scolaire ou éducatif, ou, à l’occasion des entrées ou sorties des élèves, aux abords d’un tel établissement, l’outrage est puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende.
Lorsqu’il est commis en réunion, l’outrage prévu au premier alinéa est puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende, et l’outrage prévu au deuxième alinéa est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.
Article 433-5 – Code pénal
La vérité est que la soi-disant « liberté d’expression à la française » est une formule à géométrie variable. Quand il s’agit de provoquer et d’insulter inutilement les autres « à la française », elle est permise, autrement elle est encadrée de mille et une conditions « à la française ».
Morale de l’histoire, la prochaine fois que François Legault voudra se mêler de ce qui ne le regarde pas, il devra prendre le temps de s’instruire. Quant aux journalistes, un peu de culture juridique générale ne nuit pas . Sûrement pas.
Comme c’est triste que la Nation québécoise soit dirigée par un homme de si peu de culture. Décidément, François Legault est un « Donald Trump » aux petits souliers. Quant à la meute journalistique québécoise, elle nous fait honte par son manque de culture générale et de hauteur de vue.
Fils-AIMÉ JEAN, jeanfilsaim2003@yahoo.fr
Vous pourriez aussi aimer!
One Comment on “La liberté d’expression «à la française» et François Legault”
Comments are closed.
Québec : « Liberté académique » ou droit à l`injustice, au racisme, et à la violence systémique ?
https://kewoulo.info/quebec-liberte-academique-droit-a-linjustice-racisme-a-violence-systemique/