Racisme: une commissaire tiraillée entre Blancs et Noirs
Sa militance contre la Loi-21 (sur la laïcité) dérange les milieux blancs, sa peau trop claire pour les communautés noires, Bochra Manaï, la première commissaire à la lutte au racisme systémique d’origine tunisienne, est accueillie avec des tomates chez les Québécois blancs et avec des œufs pourris parmi les communautés noires qui lui reproche même son « white passing » ( privilèges blancs).
C’est le premier ministre du Québec, François Legault, qui lance le bal des critiques de ce choix fait par la Ville de Montréal en le qualifiant d ‘ «erreur». Et, le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, en rajoute.
« Au terme d’un processus, long mais dont le sérieux est indubitable, je suis honorée d’avoir été la candidate retenue.», balance la commissaire sur sa page Facebook le jour de son arrivée à la tête de ce commissariat. On parle de 120 candidats dont une majorité de personnalités noires tout aussi compétentes que Mme Manaï.
Si les Blancs lui tombent dessus à cause de son militantisme contre la L-21 qu’elle avait déjà qualifiée de «suprématiste», les Noirs dénoncent le manque de transparence de la démarche.
«Ce poste a été créé à la suite d’actions d’un homme noir (Balarama Holness) et sur le dos de personnes, de race noire, victimes de racisme… Je trouve cela un peu problématique que des Noirs aient appliqué et qu’ils n’aient pas eu le poste.»,
peste Thierry Lindor, un influenceur de la communauté dans une vidéo sur sa page Facebook.
Rappel des faits
Mosquée, église, fête populaire, terrain de soccer, parc, M.Holness, un ancien candidat à la mairie de Montréal-Nord, avait arpenté tout Montréal en trois mois (mai à juillet 2018) afin de recueillir plus de 20 000 signatures qui allait lui conférer un droit d’initiative en vue d’une Consultation publique sur le racisme et la discrimination systémique à la Ville.À la fin de ce gros coup de sonde, L’Office de consultation publique avait fait de nombreuses recommandations dont celle de nommer un.e commissaire sur le phénomène.
Mais la nomination qui trainait en longueur depuis octobre 2020, divise, dérange même plusieurs.
«Je vous encourage à dénoncer la mairesse, à vous lever contre cette nomination.», crache Neil Armand, un autre influenceur et animateur de radio, sur son compte facebook.
« Je ne dis pas qu’il faut absolument des Noirs pour représenter des Noirs, mais il y a des Noirs compétents pour le poste. », ajoute M. Armand, très remonté contre son propre monde qui n’aurait pas, selon lui, « appliqué en masse » ou qui « peine à prendre position contre ».
Des candidatures noires pleuvaient
Bochra Manaï détient un doctorat en études urbaines et deux maîtrises en géographie urbaine et relations interethniques. Elle travaillait à Montréal-Nord, notamment au sein de l’organisme Parole d’excluEs.
« Il y a avait plus de six femmes noires, avec des compétences exceptionnelles, qui ont appliqué et qui n’ont pas été jusqu’à l’étape d’entrevue.»,
déplore le chef de Montréal en action à l’origine de la démarche ayant conduit à la création de ce poste.
Balarama Holness affirme, en outre, que « Valérie Plante, la mairesse, savait depuis décembre 2020 qui elle allait choisir.» et qu’elle a manqué « une opportunité ».
L’opportunité pour le parti de la mairesse Projet Montréal de combler, selon lui, un manque à gagner de femmes noires au sein de la formation, au sein des cadres de la Ville entre autres.
M.Holness qui salue la nomination de Manaï déplore toutefois le fait que la chance n’était pas égale pour tous. Outre des femmes très qualifiées, quelques hommes racisés ont tenté leur chance aussi, sans succès. C’est le cas de Alain Babineau, un ancien policier de la GRC et ancien conseiller du Centre recherche action sur les relations raciales (CRARR).
« Cela semble avoir été, on l’espère, car une des problématiques qui a été identifiée c’est le manque de transparence dans le processus de dotation à la Ville.», dit M.Babineau, connu pour son implication dans la lutte contre le profilage racial.
La nouvelle commissaire accorde des entrevues à d’autres médias. Mais, elle n’a pas répondu à notre demande, par Messenger. Toutefois, dès les premières heures de sa nomination officielle, Bochra Manaï s’est jetée sur Facebook pour discourir sur ses nouvelles fonctions.
« Le travail de commissaire ne saurait être authentique si ma proximité avec les milieux de travail et les lieux où se jouent au quotidien les rapports discriminatoires n’est pas assurée.
Je serai donc à l’écoute, et malgré la pandémie, proche des acteurs pour que le plan d’action qui vise la transformation soit le plus représentatif des recommandations des consultations et des acteurs institutionnels et communautaires.
Bochra Manaï
Le travail de commissaire et du bureau, ne saurait être complet, si nous ne mettons pas un effort rapide à composer une équipe, compétente et autant que faire se peut représentative des dynamiques montréalaises.
« Le poste de commissaire est nouveau, j’aurai donc à le modeler », mais sachez que je porterai les conditions de toutes les populations racialisées, dans mon travail. »
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2 Comments on “Racisme: une commissaire tiraillée entre Blancs et Noirs”
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Je suis noire,
Je n’ai aucun problème face a la nomination de Mme manaï.De toute facon la communauté arabe et directement concernée par la loie 21 ,plus que la communauté noire.Meme s’il y a des noirs dans la communauté musulmane,je dirai tout de suite que je suis pour la laïcité au niveau de l’état,parce qu’il y aura plus de justice pour tout le monde.Même les femmes arabes vont en béneficier,en ce sens que une policière arabe qui t’arrête ,une professeure arabe qui t’enseigne,non voilée n’est pas percue comme une musulmane ,mais tout simplement comme une professeure ou une policière.
Beaucoup de femmes arabes qui ont des positions élévées dans la société sont contres le port du voile et son pour la laicité dans les instances publiques.
La discrimination positive a été mise en place pour les personnes de race noire parce qu’elles étaient absences dans les sphères décisionnelles. Toutefois la gauche trouve toute sorte de stratagème pour empêcher tout mouvement d’émancipation des hommes noirs: le féminisme, les minorités ethno culturelles, les handicapés, les homosexuels, etc. C’est dans cette même optique qu’on est venu avec Mme Kamela Harris et cette nomination des membres de communauté minoritaire réputée pour leur racisme contre les noirs.