Soigner un patient raciste quant on est Noir au Québec
En pleine heure du souper dans un Centre hospitalier de longue durée (CHSLD), des préposé.es aux bénéficiaires (PAB) en ont plein sur les bras comme d’habitude.
Une infirmière (de race noire) qui a un peu de temps cette journée-là propose un coup de main dans la distribution des cabarets. Sabine (non fictif), sourire aux lèvres, amène une tasse de thé à une patiente (blanche)
Cette dernière reçoit le plateau comme si de rien n’était et le balance sur l’infirmière. Elle esquive de justesse, grâce à un bon réflexe, l’eau bouillante.
« J’ai failli perdre mon permis.» dit-elle.
«Car si elle m’avait brûlé, en réaction j’aurais pu lui faire la même chose. Et on allait me retirer mon droit d’exercer le métier. »-Sabine.
Dans ce milieu là, les patients, notamment blancs, ont toujours raison. Tellement, que lorsque Sabine rapporte l’incident à sa cheffe d’unité qu’elle lui demande : « mais, qu’est-ce que vous a été faire dans sa chambre? »
Car, cette patiente blanche a horreur de se faire soigner par des Noirs. Elle le dit, l’exige des responsables qui acquiescent à ses caprices racistes aux dépens même des travailleurs et travailleuses qui sont parfois blâmés (comme dans le cas de Sabine).
Outre ce genre d’agressions, ils reçoivent des insultes racistes, mangent des coups de points, des claques sur la face, se blessent souvent au dos, au bras entre autres.
Les Noirs, de services
L’incident avec la patiente s’est déroulé un vendredi, en plein quart de soir. Généralement, les fins de semaine, les CHSLD sont noirs de PAB racisés qui font des heures supp… ou qui sont obligés de travailler les week-ends.
Soulignons que la bénéficiaire raciste a perdu toute son autonomie. Elle doit se faire aider pour changer ses bobettes après un pipi ou un caca ou pour un bain sec ou pas. Mais, voilà…, il n’y a pas de personnel blanc disponible.
Elle patauge dans sa pisse depuis plus de 24 heures. Et ça empeste tout l’étage. Les odeurs sont si suffocantes au point qu’une préposée de race noire lui propose de la nettoyer en ayant à l’esprit qu’elle n’aime pas la couleur de sa peau et qu’elle pourrait même l’agresser, ce faisant.
Mme, trop blanche dans son orgueil, décline l’offre. Une Noire ne va pas me nettoyer.
La situation dure jusqu’à lundi matin. Jusqu’à l’arrivée d’une infirmière de race blanche. Elle se drape d’habits de protection, se masque toute la face, enfile des gants et nettoie «Mme pure race».
Comme dans le cas de l’hôpital de Saint-Eustache où les services des ressources humaines ont tenté gauchement d’accommoder une bénéficiaire blanche en exigeant d’une agence de placement du personnel blanc mur à mur, des cheffes d’unité, généralement Blanches, dans les CHSLD de Montréal cautionnent tous les jours des gestes racistes envers des employés noirs.
« On cherche à savoir pourquoi d’autres options n’ont pas été envisagées.», indique Rosemonde Landry, la présidente du CIUSSS des Laurentides, dans le cadre d’une enquête interne sur une dizaine de demandes d’une «PAB blanche» à une agence de placement.
L’autre option serait de fournir à cette patiente raciste du personnel blanc comme elle.
Il a fallu qu’une autre responsable, (Blanche encore une fois) mais qui est moins tolérante face à ces genre de situation prenne poste et tape du poing sur la table en rappelant à la bénéficiaire qu’elle n’est pas chez elle, mais bien dans un espace public et que les soins sont fournis par l’État.
Saint-Eustache n’est pas un cas isolé. Lisez (Audio) Saint-Eustache: l’iceberg du racisme de patients blancs