COVID: Montréal collecte des données ethniques
Depuis seulement quelques semaines (début mars 2021), la Direction de la Santé publique de Montréal (DSPM) recueille des données ethniques dans le cadre d’un projet pilote afin de comprendre ce qu’on appelle «les patrons de la transmission» du virus dans la métropole alors qu’elle est sous la menace de variants virulents.
Lors des dépistages, les usagers sont soumis à trois ou quatre questions sur «la langue parlée à la maison ou les confessions religieuses» confirme la Dre Mylène Drouin de Santé publique Montréal.
« On a de meilleures données qu’on avait avant et je me fie sur l’expertises locale, peu importe ce que le ministère de la Santé pense.», déclare Christian Dubé, justement, ministre de la Santé lors d’une visite à Montréal-Nord, ce lundi, dans le cadre de l’offre de services en matière de vaccination dans le quartier.
Dubé pour, mais Québec…
Interrogé sur le refus de Québec de comptabiliser les informations raciales contrairement à Statistiques Canada, le ministre se montre personnellement ouvert à cette initiative.
« Les données, dit-il, ça a toujours été, pour moi, un enjeu important au ministère qu’on essaie de régler depuis mon arrivée.»
Si entre Christian Dubé et son ministère, les violons ne s’accordent pas quant la collecte de données ethniques, d’autres ministères, comme celui de la lutte contre le racisme, s’appuie sur la ligne du gouvernement.
«À la suite d’une analyse produite par l’INSPQ et d’une entente entre le MSSS, l’INSPQ et la DSPublique de Montréal, il a été décidé en mai dernier, avec l’accord de Dr Arruda, de ne pas recueillir l’information concernant l’ethnicité lors des enquêtes de santé publique.», nous a fait savoir Geneviève Richard, l’attachée de presse du ministre Benoit Charrette en réponse à la question de savoir si le gouvernement allait recueillir les données sur la race comme le fédéral le fait.
En effet, dans son dernier rapport, daté de mars 2021, Statistiques Canada publie ces chiffres qui démontrent que le taux de mortalité par COVID est 3,5 fois plus élevé dans les quartiers où la population est composée à 25% ou plus de personnes issues de communautés racialisées.
- Les minorités visibles sont surreprésentées dans le milieu de la santé comme travailleurs (de 22 à 32% entre 1996 et 2016)
- En date de janvier 2021, les Philippins représentent 20% des travailleurs tandis que les Noirs sont de l’ordre de 19%
- Montréal et Toronto sont les villes canadiennes où les populations noires sont les plus touchées
Lors de la première vague de coronavirus, les travailleurs et travailleuses de la santé n’étaient pas munis d’outils de protection de façon adéquate. Ils ont été largement infectés et transmettaient par la suite la maladie à leurs familles. Beaucoup en sont mort, d’ailleurs.
Boîte de pandore?
Fo Niémi du Centre de recherche action sur les relations raciales (CRARR) croit que Québec refuse de collecter ces informations afin d’éviter que l’ampleur du racisme systémique saute au grand jour.
Dans une lettre au ministère de la Santé et dont copie a été acheminée au Dr Horacio Arruda, en juin 2020, la CDPDJ réclamait cette catégorisation qui permettrait de dresser un état des lieux exhaustif quant aux impacts différenciés de la pandémie sur certains groupes de la population.
« Dans le contexte actuel, la collecte de données devrait porter une attention particulière aux motifs interdits de discrimination « race », couleur et origine ethnique ou nationale. Elle devrait en outre permettre de mesurer les impacts particuliers que la pandémie peut avoir en fonction d’autres motifs de discrimination, tels que la condition sociale, le sexe, le handicap, l’âge, l’orientation sexuelle et l’identité ou l’expression de genre. »- extrait de la lettre de la CDPDJ
Lundi, Christian Dubé et Mylène Drouin entendaient inciter la population de Montréal-Nord à se retrousser les manches massivement afin de mieux « contrôler » la 3e vague. « On est là-dedans. », affirme le ministre de la Santé.
Mais le plus inquiétant, souligne M. Dubé, ce sont les variants qui menacent une bonne partie de Montréal. Mylène Drouin, de la DSPM, dit avoir des maux tête avec le CIUSSS du centre-ouest (Côte-Saint-Luc, Outremont, Saint-Laurent) et les dérivés de la COVID. Ces nouvelles formes plus virulentes menacent sérieusement Montréal-Nord avec sa population vulnérable.
- Au total, plus de 19% de la population montréalaise (soit une personne sur 5) a déjà reçu son vaccin