Victime de «racisme» des partisans de la CAQ
« Ostie, retourne-la chez elle. Pourquoi elle ne s’en va pas diriger Haïti. Ostie d’épaisse!». Ce sont là quelques uns des commentaires désobligeants que les partisans de la Coalition avenir Québec (CAQ), le parti du premier ministre québécois François Legault, ont logé sur la page de ce dernier à l’endroit de Dominique Anglade, la cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ), d’origine haïtienne.
Une cyberintimidation qui pousse le député de Viau Frantz Benjamin à interpeller M.Legault, en Chambre la semaine dernière, en lui faisant remarquer toute la misogynie, la haine et le sexisme de ses partisans.
Tout a commencé avec un premier article du Journal de Montréal : «Anglade est incapable de défendre les valeurs des Québécois, dit Lergault», publié dans la section Actualités politiques le 22 avril dernier. Cinq jours plus tard, soit le 27 avril, Mathieu Bock-Côté, un chroniqueur de droite dont François Legault raffole les livres, titre : «Quand Anglade échoue le test du nationalisme», texte publié dans la section Opinions. Les deux textes sont largement partagés par le premier ministre du Québec sur sa page officielle et sont agrémentés de commentaires du chef de la CAQ : «La cheffe du PLQ refuse de défendre l’autonomie du Québec et son droit de définir son propre système d’intégration.», rajoute le premier ministre aux publications du Journal de Montréal.
Quelques semaines avant ces publications, le premier ministre se disait, lui-même aussi, victime de commentaires « violents, blessants » sur les réseaux sociaux et avait qualifié les auteurs de ces paroles de « pissous » (peureux, lâche ou craintif)
«Bizarrement, quand ces pissous-là sont caquistes ou reflètent la parole caquiste, on ne les dénonce pas.»
Frantz Benjamin, député de Viau sous le parapluie du PLQ
En entrevue à In Texto sur le sujet, le député de Viau déplore que « le premier ministre de tous les Québécois » ne se soit pas empressé pour dénoncer ces actes contre son adversaire politique et qu’il ait été obligé de l’interpeller sur la question.
«Comme premier ministre, sa parole compte, ses inactions comptent aussi.», dit-il.
Il a fallu que le député Benjamin l’apostrophe en Chambre pour que François Legault réagissent sur la question.
«Je sais qu’il en a eu beaucoup. Actuellement c’est rendu invivable. Il faut faire quelque chose avec ça.», dit-il.
Et ce qu’il fera, le premier ministre, ce sera d’assurer une veille de sa page Facebook afin de supprimer les commentaires indésirables.
« On est en train d’embaucher des gens pour faire un suivi. Que ce soit contre moi ou contre la cheffe libérale c’est inacceptable.»-F Legault.
Cette stratégie ne satisfait pas visiblement le député libéral qui mène la fronde contre la CAQ sur ce dossier au nom de sa cheffe. Pour lui, le premier ministre n’a pas de véritable « stratégie » pour modérer sa page Facebook
« Je ne peux pas croire aujourd’hui que la seule action qu’on puisse poser pour contrer la cyberintimidation c’est d’embaucher du monde pour modérer la page.»
F. Benjamin
Pour preuve, Frantz Benjamin affirme la page du premier ministre était infestée de commentaires « homophobes, racistes, haineux misogynes » mercredi dernier, juste une heure avant un vif échange entre lui et le chef de la CAQ.
« Qu’est-ce qu’il va faire? C’est ça la vraie question.»- F. Benjamin
« Il y a des centaines de messages contre la cheffe du PLQ qui ont été effacé», indique François Legault.