Haïti/Cholera: il conteste la prise de parole de Ban Ki-moon au Canada - Intexto, jounal nou
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Après avoir empêché, en 2019, à Michel Martelly, l’ancien président haïtien, à se donner en spectacle au Canada, le sociologue Frédéric Boisrond se propose de bloquer la prise de parole de l’ancien secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, à la Chambre de commerce et d’industrie de Laval (CCIL) le 7 juin prochain.
Sous le thème « Découvrez les opportunités de l’économie post-pandémie » la CCIL compte parmi ses six invités M. ki-moon, ce qui dérange le Lavallois.
« Je vous demande de ne pas offrir ce prestigieux forum à Ban Ki-moon, un personnage contesté qui a été identifié comme étant personnellement responsable de la crise du choléra qui a fait plus de 30 000 morts en Haiti.», écrit Frédéric Boisrond dans une lettre ouverte adressée au président de la Chambre,Michel Rousseau, le 24 mai dernier.
Son argument de taille est basé sur le « risque réputationnel pour toutes les personnes associées de près ou de loin à la Chambre de commerce et d’industrie de Laval.» Car, pour le sociologue, l’ancien secrétaire général de l’ONU serait un personnage peu fréquentable en raison de sa responsabilité personnelle dans l’introduction du choléra en Haïti.
En octobre 2010, quelques mois après le tremblement de terre du 12 janvier de la même année, la plus importante épidémie de choléra des cents dernières années, a été déclarée au pays.
Les enquêtes menées sur le terrain, dont celle de l’épidémiologiste français, le Dr René Piarroux, avaient confirmé que la souche de la maladie avait été importée par des Casque bleus népalais qui étaient sous commandement de l’ONU.
Les Casques bleus avaient déversé leurs matières fécales dans le fleuve de l’Artibonite qui est la plus importante source d’eau du pays.
Plus de 800 000 cas avaient été recensés faisant près de 10 000 morts. Notez que le US Centers for Disease and prevention avait estimé que 87% des décès n’aurait pas été enregistré. Le CDC a estimé que le nombre de victimes devrait plutôt se situer autour de 30 000 personnes.
Trois négligences graves
Frédéric Boisrond reproche à Ban Ki-moon plusieurs négligences dans cette affaire dont e fait que les casques bleu népalais, principaux vecteurs du virus, « n’avaient pas été convenablement testés par les autorités de l’ONU avant d’être transportés en Haïti. »
Il y a aussi le fait que « les installations sanitaires approuvées et utilisées par les Casques bleus ne respectaient pas les normes minimales d’hygiène.»
Et enfin, écrit-il, dans sa lettre ouverte :
« Quand la situation a été portée à l’attention de Ban Ki-moon, moins soucieux de réduire le nombre de victimes, l’Ex-secrétaire général de l’ONU avait multiplié les enquêtes, les salamalecs, les réunions et les commissions. C’est justement une de ces commissions qui avait révélé, Monsieur le Président, la responsabilité personnelle de votre invité dans cette catastrophe apocalyptique. »
C’est en mars 2016 que Ban Ki-moon avait mandaté un comité de 5 experts des Nations unies pour enquêter sur la crise du choléra en Haïti. À sa grande surprise, le comité avait conclu que par la manière dont il avait géré cette crise que « Ban Ki-moon avait jeté de la disgrâce sur leur organisation.»
Les experts avaient aussi confirmé que Ban Ki-moon avait tout fait pour cacher les évènements, ce qui avait contribué à accélérer la propagation de la maladie.
Des excuses à moitié
Pointé du doigt de toutes parts, plus de 6 ans après les évènements, Ban Ki-moon avait finalement admis que l’organisation qu’il dirigeait était directement responsable de la contamination. Il avait présenté des excuses aux Haïtiens le 1er décembre 2016.
Ban Ki-moon disait que l’ONU avait une responsabilité morale envers les victimes. Mais, un des experts avait confirmé que le Secrétaire général de l’ONU, aussi, avait cette même responsabilité. Cet expert, c’est Philip Alston, Professeur de droit au New York University et Reporteur spécial de l’ONU.
« Philip Alston avait ouvertement reproché à votre invité d’avoir tardé à présenter ce qu’il qualifie de demi-excuses et cela, sans admettre ses responsabilités dans la catastrophe. Il avait qualifié la posture de Ban Ki-moon de manœuvre scandaleuse pour s’esquiver de ses responsabilités légales. »- extrait de la lettre ouverte.
In Texto a demandé au sociologue si, lui, il n’acceptait pas les excuses de l’ancien secrétaire général de l’ONU?
« Bien sûr que non, dit-il avec un peu d’irritation dans a voix, il aurait fallu que cela s’accompagnent de compensations. Finalement cela sert à quoi de s’excuser?»
Frédéric Boisrond
La CCIL muette
La Chambre de commerce n’a toujours réagi à la lettre ouverte de M.Boisrond. Le journal a contacté la direction de la CCIL qui nous a référé à sa responsable de communication Mélodie Houde.
Malgré nos appels téléphoniques répétés, nos messages textes et courriels, nada.
Plusieurs partenaires dont la Ville de Laval s’associe à l’activité. Contactée à ce sujet, un des responsables de communication de la Ville Anne-Marie Braconnier dit préférer attendre la réaction de la Chambre.
« Nous n’organisons pas l’activité. Nous avons été invités en tant que partenaire. »-Anne-Marie Braconnier
Frédéric Boisrond s’en prend à Ban Ki-moon depuis janvier 2017 en faisant une lettre à M. Antonio Guterres pour lui demander de lever son immunité.
« Il ne le fera pas. Car, cela voudrait pour lui lorsqu’il aura quitter son poste : la possibilité qu’il soit poursuivi pour des manquements liés à sa fonction.»-F Boisrond
Dans sa lettre il postule que :
– Ban Ki-moon avait volontairement fermé les yeux et omis d’accomplir son devoir.
– Le comportement de Ban Ki-moon n’était pas celui d’un citoyen raisonnable, voire d’un citoyen qui occupait la fonction de Secrétaire général de l’ONU.
« Je voulais surtout dire à l’actuel Secrétaire général de l’ONU que je ne cesserai jamais de soulever la question de la négligence criminelle de Ban Ki-moon tant que justice ne sera pas rendue. Je l’ai invité à ne pas confondre immunité et imputabilité. », dit-il.
Il a dit
« Ce personnage au parcours ténébreux, n’a pas la légitimité pour venir faire la leçon aux décideurs de notre ville. »
« Sa participation à votre évènement ne fera qu’entacher la réputation de la Chambre de commerce et d’industrie de Laval, des autres conférenciers, conférencières ainsi que celle de vos commanditaires et de notre ville. »
« De grâce, Monsieur le Président, épargnez les Lavaloises et les Lavalois de cette disgrâce. »,- Fin de la lettre de Frédéric Boisrond au président de la CCIL Michel Rousseau
Frédéric Boisrond, Sociologue
fboisrond@gmail.com