La photo de Noirs qui poursuit Le Journal de Montréal
Au total, neuf jeunes noirs viennent de déposer une poursuite contre Le Journal de Montréal et Quebecor pour « diffamation et atteinte à la vie privée » devant la Cour supérieure du Québec.
Représentés par le cabinet Belton Avocats, avec un soutien personnel de Me Marie-Hélène Dubé (qui fait partie du cabinet Goldwater-Dubé), ils réclament 360 000 dollars en « dommages moraux et punitifs »
L’histoire remonte à janvier dernier lorsque le journal a publié sur son site Internet et dans sa version papier (distribuée à environ un million d’exemplaires) un article titré : « Des gangs de rue profitent de la PCU », avec une photo d’illustration qui montre les visages de ces jeunes.
La légende de la photo suggère qu’elle en serait une de « gangs de rue, prise il y a quelques jours.». Toutefois, selon les avocats des plaignants, elle a été prise en 2007, voilà une douzaine d’années, alors que les jeunes fréquentaient encore l’école secondaire Calixa-Lavallée, à Montréal-Nord.
« Il y a un système qui existe au journal où lorsqu’on cherche des photos de membres de gangs de rue, on cherche des Noirs, en plus de cela photographiés à leur insu.»-
Me Fernando Belton qui souligne qu’«aucun de ces jeunes ne fait partie des gangs de rue.»
Le journaliste qui a signé l’article, Pierre-Olivier Zappa, s’en est excusé. « Il n’est pas poursuivi dans cette affaire. Le problème est que le journal ne s’est pas excusé.», note Me Belton.
Pourtant, Le Journal de Montréal avait publié un erratum sur le sujet.
La loi exige justement, en son alinéas-5, que « Telle rétractation doit être publiée par le journal gratis et dans un endroit du journal aussi en vue que l’article incriminé.»
Outre la « timide » rétractation qui ne plait pas aux clients de Me Belton, Quebecor se serait fermé à toute discussion autour de la cause.
« Nous leur avons adressé une mise en demeure pour en arriver à un règlement ou même simplement s’asseoir, parler, discuter, personne ne nous a contactés.», dit-il.
« Cela peut vouloir dire plusieurs choses. Mais je vais leur laisser eux-mêmes la chance d’expliquer leur silence. »-F.Belton
Malgré tout, suivant que l’exige le Code de procédure civil, les avocats Belton et Dubé se disent ouverts, « mais pas aux dépens de nos clients.»
« Il doit y avoir une prise de conscience de ces erreurs. Car, c’est un mépris flagrant pour notre communauté de toujours se faire dépeindre comme ça.»-F.Belton
Les deux demandeurs ont six mois pour mettre le dossier en état devant la Cour supérieure pour, éventuellement, un procès qui devrait intervenir d’ici un an ou deux.