Mort de J.R Jr Olivier: la procédure et les policiers de Repentigny

« De façon très tactique, dans un cas comme ça, on sécurise les lieux d’abord. Un coup que c’est sous contrôle, on va faire appel au psychosocial.», explique Éric Racette, chef adjoint du Service de police de la Ville de Repentigny (SPVR), lors d’une conférence de presse le lendemain de la mort de Jean René Junior Olivier, 37 ans, un homme noir en proie à une crise de santé mentale.
M. Racette qui était aux commandes du SPVR au moment des incidents ne précise pas si ses policiers, «en suivi actuellement », avaient respecté la procédure : appeler le psychosocial pour désescalader la situation.
Le journal a posé, sans détour, la question au Centre intégré de santé et de services sociaux de Lanaudière (CIUSSSL) à savoir : oui ou non, ils ont été appelés à apporter de l’aide à Jean René Junior Olivier comme sa mère l’avait demandée en composant le 911?
« Considérant qu’une enquête est en cours, nous ne commenterons pas la situation. », nous a répondu par courriel Bianca Desrosiers, Cheffe de service des communications du CIUSSSL.
In Texto lui a rappelé que telle n’était pas la question demandée, mais Mme Desrosiers n’a pas daigné nous revenir.
« Nous savons que la population a beaucoup de questions et nous en avons aussi et souhaitons avoir des réponses.» a confié, pour sa part, Helen Dion, la cheffe de la police qui s’est tirée de son congé de maladie afin de prendre le leadership de la communication sur le sujet le 2 août dernier.
In Texto lui a demandé de préciser, pour la population, ces questions qu’elle se pose. Mais Helen Dion n’était pas claire dans sa réponse.
Par ailleurs, la cheffe de la police redoute que cette affaire éloigne encore plus la population immigrante du service policier.
« Nous sommes conscients que ce qui s’est passé peut exacerber des appréhensions déjà présentes au sein de la communauté.»-Helen Dion
Des pressentiments liés au racisme, au profilage racial que finalement Mme Dion reconnait.
« Le profilage racial est présente partout au Québec dans toutes les institutions. C’est une situation à laquelle on travaille dans nos rangs, nous sensibilisons nos policiers à ce sujet.», dit-elle.
Une foule devant l’Hôtel de ville

Comme dans le mouvement Black live matters dans le contexte de l'assassinat de Georges Floyd aux États-Unis en 2020 par un policier blanc, les manifestants ont mis un genou à terre pour saluer la mémoire de Jean René Junior Olivier
De nombreux influenceurs des communautés noires comme Webster Pierre, Fabrice Vil, Thierry Lindor, Ricardo Lamour ont comme lâché leurs téléphones un moment pour se ruer vers la rue à Repentigny afin de réclamer « justice pour Jean Réné Jr Olivier »
Les populations noires et immigrantes ainsi que leurs amis Blancs se sont massées devant l’Hôtel de ville trois jours après les événements pour crier : « Aba le racisme systémique! »
La famille de la victime de trois balles de la police y était en grand nombre. La mère Marie-Mireille Olivier avait l’air plutôt exténuée, perdue, déboussolée face à ce qui s’est passé et rongée par des questions qu’elle se pose, elle aussi.

Marie-Mireille Bence, mère de Jean René Junior Olivier, entourée de son frère et autres membres de la famille.
« Les Blancs…, on ne les tue pas. On les protège. Mais mon fils est mort parce que c’est un Noir.» « Pourquoi? », lance Mme Bence devant la mairie sous la réprobation de la foule.
En effet, plusieurs hommes noirs dont Matthew Sheffields, Pierre Coriolan, Alain Magloire ou encore Nicholas Gibbs, en proie des situations de santé mentale fragile ont été tout simplement abattus par le Service de Police de la ville de Montréal (SPVM).
En revanche, d’autres Québécois blancs ne connaissent pas le même sort. Ironie du sort, deux jours après les incidents de Repentigny, un homme blanc de Longueuil, armé de couteau de chasse et qui fonçait sur des policiers a été maitrisé. Et, il s’en est sorti sans une égratignure.
Marie-Mireille Bence a rappelé également lors du sit-in devant la mairie que à Québec, l’homme muni d’un sabre qui blessait des gens avec respire toujours. Idem pour celui qui avait attaqué la mosquée et tué des Musulmans.
Cette mère de deux garçons semble s’en vouloir à mourir d’avoir appelé le 911 pour de l’aide à son fils qui selon elle avait une psychose.
« Oui il a un problème. Il m’a dit manmie je vois des gens derrière moi. Ils veulent me faire ci, ils veulent me faire ça. »-Mie-Mireille Bence
Pas un mot de M.Legault
«La communauté noire veut des explications. Je serai le premier à questionner la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault à l’Assemblée nationale.», promet à la foule Andres Fontecilla, député de Québec solidaire.
Le parlementaire interpelle aussi son collègue député de L’assomption, François Legault également premier ministre.
« Ou est-il? Il est passé où?», scandaient les manifestants qui rappelaient que les événements se sont produits dans son comté. Jusqu’ici, le premier ministre du Québec n’a pipé mot sur ce dossier.
« Quand est-ce qu’il va reconnaitre finalement qu’il y a du racisme systémique au QC? », rajoute le député Fontecilla.
Ils ont dit
« J’ai dit aux policiers essayez de le maitriser d’une façon ou d’une autre quitte à lui donner une balle au pied et les agents m’ont ordonné de rentrer dans la maison de verrouiller la porte. »-Y Bence, oncle de J.R Jr Olivier
«Ce ne sont pas des policiers, ce sont des assassins qui tuent juste les Noirs.»- Y. Bence
« Ces policiers-là, il faut les juger comme des criminels au même titre que ceux qui ont tué à Rivière-des-Prairies. »- Balarama Holness