Haïti nouveau cabinet: une Montréalaise mise de côté, la diaspora proteste - Intexto, jounal nou
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Un réseau d’organisations et de personnalités issues de la diaspora haïtienne évoluant en Europe, en Amérique du Nord exprime, dans une lettre adressée au CPT ses « vives préoccupations face à la récente nomination au poste de Ministre des Haïtiens vivant à l’étranger (MHAVE). Il invite donc le CPT à « reconsidérer les critères de nomination au sein du MHAVE et à adopter une approche inclusive, qui reflète les aspirations et les contributions de tous les Haïtiens, où qu’ils soient ».
Le réseau estime que cette décision entre, de fait, dans le cadre de ses prérogatives et déplore qu’il n’y ait pas été partie prenante. Les signataires voyait dans cette période transitoire une opportunité unique de renforcer les liens entre Haïti et sa diaspora à travers une gouvernance consensuelle, inclusive et éclairée. Tel n’a pas été le cas selon eux.
Selon nos informations, Une Montréalaise, d’origine haïtienne, était pressentie par le réseau et les autorités haïtienne pour occuper ce poste. « La nomination d’une ministre issue de la diaspora à la tête du MHAVE aurait pu incarner un geste fort, traduisant dans la pratique une volonté politique claire d’intégrer pleinement la diaspora dans les processus politiques décisionnels du pays », argumente les signataires dans la missive adressé au CPT. Mais à la dernière minute un des neuf conseillers l’a revendiqué, ce poste, sous prétexte qu’il n’avait rien, lui.
« La diaspora haïtienne est l’un des piliers les plus dynamiques et les plus résilients de notre nation. Ses contributions annuelles dépassent largement les milliards de dollars en transferts[1] , auxquels s’ajoutent des investissements sociaux et culturels considérables dans des secteurs comme l’éducation, la santé et le développement communautaire », rappelle les signataires dans la lettre.
Samuel Colin qui vit en France depuis plus de 25 ans fait partie de ce réseau et parle en son nom. Il est au micro de Jean Numa Goudou
Pourquoi cette nomination pose problème ?
La nomination d’une personne ne faisant pas partie de la diaspora, bien qu’elle puisse être motivée par des considérations internes, soulève plusieurs problématiques fondamentales : En voici quelques-unes.
Une rupture avec une tradition porteuse de sens
Historiquement, le ministère des Haïtiens vivant à l’étranger a été confié à des membres de la diaspora, en reconnaissance de leur lien direct avec cette communauté et de leur compréhension de ses réalités. Déroger à cette tradition revient à nier l’importance de cette connexion, essentielle pour l’efficacité du travail du ministère.[2]
Un déficit de connaissances des réalités diasporiques
La diaspora haïtienne est complexe et diversifiée, avec des défis spécifiques allant de l’intégration dans les pays d’accueil à la contribution au développement national. Une personne ne partageant pas cette expérience ne peut pleinement appréhender ces dynamiques, encore moins les représenter sur les plans national et international.
Une incapacité à mobiliser un potentiel stratégique
La mobilisation de la diaspora exige une légitimité enracinée dans des relations solides avec ses membres. Or, l’absence de liens personnels et communautaires dans cette nomination limite considérablement la capacité du ministère à engager efficacement cette force vive dans les projets de reconstruction nationale.
Les répercussions stratégiques d’un tel choix
Cette décision envoie des signaux inquiétants qui dépassent le cadre ministériel. Elle est perçue comme :
Une insulte à la diaspora
Les membres de la diaspora interprètent cette nomination comme un manque de considération pour leurs efforts et leur engagement constants en faveur d’Haïti. Cela risque d’éroder la confiance et l’enthousiasme qui sont essentiels à toute collaboration constructive.
Un manque à gagner pour Haïti
En écartant une personne issue de la diaspora, on compromet la possibilité de mobiliser pleinement son potentiel humain et financier, au moment où le pays en a le plus besoin.
Un signal d’exclusion politique
Cette décision réaffirme une tendance persistante à marginaliser la diaspora dans les processus décisionnels, en dépit de ses contributions historiques et continues au bien-être du pays.
Un appel à une vision partagée et inclusive
Nous estimons que ce moment critique doit être l’occasion d’un sursaut collectif. La diaspora haïtienne n’est pas un simple complément au paysage national ; elle en est une composante essentielle, vitale, dont le rôle doit être pleinement intégré dans toutes les dimensions de la vie politique, économique, sociale et culturelle.
Nous appelons donc à une réflexion stratégique sur la manière d’assurer une représentation adéquate et significative de la diaspora au sein des instances décisionnelles. Le temps est venu de dépasser les clivages traditionnels et de reconnaître la diaspora comme un acteur incontournable dans la refondation d’Haïti.
En conclusion, nous exhortons les autorités compétentes à reconsidérer les critères de nomination au sein du MHAVE et à adopter une approche inclusive, qui reflète les aspirations et les contributions de tous les Haïtiens, où qu’ils soient. Une telle démarche constituerait un pas significatif vers un avenir plus uni pour notre nation qui se cherche partout.