Québec: pas de programme pour les demandeurs d’asile

Malgré l’ouverture dont il a fait montre à l’idée d’accueillir des ressortissants haïtiens en provenance des États-Unis lors d’une entrevue à Radio-Canada, le ministre québécois de l’Immigration, Jean-François Roberge, n’entend pas pour autant lancer un programme en ce sens.
« Il n’est pas prévu pour l’instant de créer un nouveau programme à cet effet » nous a répondu par courriel, un porte-parole du ministère québécois de l’Immigration, Xavier Daffe-Bordeleau.
Depuis le retour de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis, on observe un mouvement vers la frontière de migrants qui tentent de traverser au Canada. Notamment vers le mois de mars dernier, l’afflux est un peu plus soutenu.
« Nous pouvons confirmer que le point d’entrée Saint-Bernard-de-Lacolle a reçu au cours des derniers jours un plus grand nombre de demandeurs d’asile », a écrit à In Texto le porte-parole de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), Guillaume Bérubé.
Les chiffres
- Voici les demandes d’asile reçu mensuellement au point d’entrée depuis janvier 2025 : 560 en janvier, 755 en février, 1356 en mars et 557 en avril.
-Pour cette année civile, l'ASFC a traité 8 655 demandes d'asile au Canada en date du 6 avril 2025. À la même date l'an dernier, l'Agence avait traité 19 815 demandes d'asile au Canada. Cela représente une réduction d'environ 56 %.
-Pour l’année en cours, la région du Québec a traité 5 246 demandes d’asiles en date du 6 avril 2025. À même date l’an dernier, l’Agence avait traité 11 118 demandes d’asiles au Québec. C’est une réduction d’environ 53%.
-Seuls ceux ayant de la famille au Canada peuvent traverser.
Face à une augmentation des demandes à la frontière, le journaliste de Radio-Canada, Gérald Fillion, a demandé à M. Roberge lors de cet entretien « ce qu’on va faire » face à cette situation. Le journaliste a rappelé, dans sa mise en contexte, que plus de 500 mille Haïtiens risquent la déportation.
« Certainement par rapport aux ressortissants haïtiens, certainement qu’on pourrait en accueillir une proportion au Canada et au Québec, on a une place spéciale dans notre cœur pour cette communauté. Absolument ! », a répondu le ministre Roberge avant de souligner la capacité d’intégration de cette communauté au Québec.
« Toute la misère du monde »

Mais Jean-François Roberge pour paraphraser le premier ministre du Québec, François Legault, a ajouté que la province « ne peut pas accueillir toute la misère du monde »
«Le fait qu’il y ait des drames humains aux États-Unis, il y a eu en Ukraine, cela n’augmente pas d’emblée d=notre capacité d’accueil qui n’est pas infini », a-t-il dit.
Des propos qui ont courroucé plusieurs dont Dany Laferrière qui préfère voir ces gens comme «de la richesse du monde ». « Peut-être qu’il y a des petits Dany là-dedans », a lancé le romancier en entrevue à Radio-Canada.
Une frange de la classe politique s’est dite scandalisée par les propos du ministre de l’Immigration. « On a de vrais défis en immigration. Il y a effectivement notre capacité d’accueil qui a été dépassée et ce qu’on demande à nos élus c’est de trouver des solutions, de trouver un mécanisme de répartition des demandeurs d’asile. Mais, soyons respectueux des parcours des gens», a plaidé le député du Québec solidaire Guillaume Cliche-Rivard.
Le premier ministre sortant Mark Carney évite ce sujet autant que faire se peut. Dans le cadre de la campagne électorale, il a déjà dit qu’il « retournerait les demandeurs d’asile aux États-Unis »
Ottawa a investi récemment 1,3 milliard de dollars pour la sécurisation de la frontière depuis le retour de D. Trump au pouvoir, ce qui augmente d’emblée le nombre de patrouilles de la Gendarmerie royale du Canada, l’installation de tours de contrôle, la présence de drones et autres outils technologiques.