Accès à l’emploi: la CAQ voterait une nouvelle loi
Comme le Québec l’a fait pour les femmes, la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault n’écarte pas la possibilité de faire passer une loi qui obligerait son gouvernement et les employeurs à embaucher un quota des minorités visibles si jamais il est élu le 1er octobre prochain. En revanche, le Parti libéral du Québec (PLQ) affirme que le problème est ailleurs.
En marge d’un rassemblement électoral à Montréal-Nord, le 10 septembre dernier, le chef de la CAQ a dénoncé, en entrevue avec les médias des communautés culturelles, le fait qu’il y ait « un problème de corporatisme » au Québec et qui touche même l’État, ce qui empêche notamment aux personnes des minorités visibles de trouver un emploi dans le domaine de leur compétence.
«Il va falloir faire plus d’efforts, a-t-il dit, parce qu’effectivement les minorités visibles ne sont pas représentées dans la fonction publique. Si nécessaire, mettre une loi comme on a fait pour les femmes. Le gouvernement doit montrer l’exemple », a-t-il ajouté avant de préciser que les libéraux « n’ont pas fait assez de ce côté-là ».
Selon des données statistiques, plus de 25 000 postes qui devaient être comblés par des immigrants ne le sont pas au sein des organismes publics et parapublics ou des ministères. Le taux de chômage est trois fois plus élevé chez les minorités visibles par rapport aux Québécois.
« Besoin de résultats »
Pourtant, le Parti québécois (PQ) avait proposé une Loi en ce sens, voilà plus d’un an, à travers la députée Carole Poirier, ce que la CAQ et le PLQ n’avaient appuyé à l’assemblée nationale à l’exception de Québec solidaire (QS).
Le Parti libéral qui avait tabletté cette proposition rappelle aujourd’hui qu’il existe déjà une Loi sur la question. « M. Legault doit aller refaire ses devoirs. Il existe une Loi : la loi sur l’accès à l’emploi dans les organismes publics et parapublics dans Viau lors que In Texto l’a invité à réagir sur cette idée de la CAQ.
Pour le candidat libéral, il faudrait travailler plutôt sur les mécanismes d’imputabilité pour ces organismes qui refusent qui pratiquent la discrimination en emploi.
« Nous n’avons pas besoin d’une nouvelle loi, mais de résultats. Qu’on donne des dents à la Commission des droits de la personne pour faire appliquer la loi actuelle », a estimé Frantz Benjamin.
« En prendre moins »?
Cette question reste et demeure dans la campagne électorale depuis que François Legault ait affirmé qu’il voudrait réduire le seuil de 50 000 à 40 000 immigrants au Québec. Le calcul du chef de la CAQ est basé sur un fait important : 26% des immigrants quittent la province, dépités après s’être cognés contre des murs de corporatisme, de racisme, de protectionnisme et la liste des obstacles est longue encore.
« Je veux en prendre moins (pendant un certain temps) pour pouvoir en prendre soin », défend le chef de la CAQ lorsqu’on lui fait remarquer que son approche souffle sur les braises de l’identitaire. Il est vivement critiqué également par le premier ministre sortant Philippe Couillard qui le traite d’ «intolérant» par rapport à cette question.
« M. Couillard essaie de faire peur aux Québécois comme il l’avait fait avec le Parti québécois lors du référendum. Et maintenant avec la question de l’immigration il tente la même chose en disant que la CAQ n’aime pas les immigrants. »
C’est faux! La CAQ aime les immigrants »-François Legault.
« Si on a 40 000, on pourra concentrer les ressources disponibles afin d’offrir un service individuel à chaque immigrant. On pourra l’accompagner chez les ordres professionnels, chez les employeurs, chez la corporation professionnelle, parce qu’il y a un problème de corporatisme pour s’assurer qu’il y ait une meilleure intégration.»
Valeurs, « quelles valeurs? »
Autres points d’achoppement dans l’approche de la CAQ sur l’immigration sont ses propositions sur les tests de français et de valeurs québécoises. Le parti déplore le fait que 58% des immigrants qui arrivent chaque année ne parle pas français et c’est le programme de réunification familiale qui contribue le plus à gonfler ce chiffre selon la formation politique.
Cette catégorie représente 21% des nouveaux arrivants, chaque année. Viennent ensuite les réfugiés. Mais la CAQ exemptait les personnes âgées et ceux qui auraient des difficultés d’apprentissage avérées à passer « un test de français de base ».
Mais lorsqu’interrogé sur le test de valeurs, M. Legault s’empresse de prendre la communauté haïtienne comme modèle. « Ils parlent déjà français et je ne sais pas si à cause de la religion mais ils ont les mêmes valeurs que nous les Haïtiens », a-t-il dit.
Les candidats haïtiens de la CAQ défendent du bec et des ongles l’approche de leur parti sur l’immigration. Julie Séïde qui se présente dans Bourassa-Sauvé, a dénoncé lors du rassemblement le fait que des médecins soient soit obligés de travailler dans des manufactures ou que des enseignants doivent retourner à l’école pour réapprendre leur propre métier.
« Nous pouvons faire mieux maintenant. Car, les immigrants ne sont pas de la main-d’œuvre étrangère à bon marché », a-t-elle martelé.
Si les sympathisants haïtiens du parti sont en accord avec la plupart des idées contenues dans l’approche de M. Legault. Toutefois, la réduction du seuil de 50000 à 40 0000 les chicote un peu. Wilner Cayo qui, a même été déjà candidat de la CAQ aux précédentes élections provinciales, qualifie le plan de M. Legault d’ «électoralisme»
Ils ont dit
« Je ne vois pas pourquoi on devra baisser le seuil. C’est un discours qui fait plaisir aux gens de droite. Il aurait pu être plus nuancé. Il y a beaucoup d’électoralisme dans cette approche »_W. Cayo.
«Le vrai débat devrait porter sur la reconnaissance des diplômes » Frantz Délice qui milite aux cotés de Janny Gaspard dans Viau
«Lorsqu’il parle de valeurs québécoises, c’est quoi la question? Quel est l’exemple de valeurs québécoises qu’il ne retrouve pas dans l’immigration actuellement? »- Baji Tshaimarava, ressortissant du Congo (Afrique)
« Si tu vas réduire, qui va travailler? » Adrien Ducan, ressortissant de Saint-Vincent, dans les Antilles