Assassinat de J.Moïse: l’enquête mène à Montréal

«Je n’en sais rien…», jure Farrol Durosel, frère de Mercedes Durosel dont le nom est cité dans un article du journal La Presse en lien avec l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse dans la nuit du 6 au 7 juillet dernier.
Mme Durosel, décédée en avril dernier à Montréal, a recruté une liste de noms dans la diaspora haïtienne du Canada avec signature en appui à une Déclaration de candidature à la présidence de Christian Emmanuel Sanon. Ce dernier a été arrêté en Haïti comme étant le cerveau de l’opération commando contre la résidence de l’ancien président.
En annexe on retrouve, selon La Presse, une série de signatures qui font la promotion de M. Sanon comme chef de gouvernement de transition pour trois ans.
« Je savais qu’il se tramait quelque chose en Haïti et qu’on lui avait offert un poste de conseillère. Pas plus. Elle ne me mettait pas au courant de ces affaires là. Car, elle savait que je n’allais pas l’appuyer dans ses démarches.», confie à In Texto Farrol Durosel avant de souligner qu’il l’avait avertie, mais qu’ «elle n’en faisait qu’à sa tête.»
« C’est la vie, qu’on soit obligé à défendre quelqu’un après sa mort. On trouve cela triste surtout que la personne est décédée. C’est elle qui aurait dû être là pour défendre son opinion.», ajoute le frère de Mme Durosel.
Parmi les signataires du document, on retrouve aussi Badiona Bazin, un comptable de profession, aujourd’hui à la retraite. C’est aussi un ancien candidat à la députation sous la bannière du Parti québécois.
En entrevue à In Texto, il confirme avoir rencontré « son amie d’enfance », Mercedes Durosel, en janvier dernier.
« J’ai donné mon accord à Mme Durosel pour occuper un poste de conseillère.», admet M.Bazin « pour qu’elle puisse représenter la communauté haïtienne.»
« Quand elle m’a approché, elle ne m’a pas demandé d’apporter mon appui à un candidat haïtien »-Badiona Bazin.
Mais voilà, sa signature, son nom se retrouvent associés à Christian Emmanuel Sanon qui serait le cerveau du meurtre crapuleux de Jovenel Moïse.
Comment?
Badiona Bazin croit que son « amie d’enfance » n’aurait jamais fait cela à son insu. Il dit se souvenir qu’elle était accompagnée d’un jeune homme dont il ne se « souvient pas du nom» qui prenait les signatures en note.
Pour M.Bazin, il ne fait aucun doute que c’est ce dernier qui a concocté cette liste.
« C’était malhonnête d’avoir utilisé cette liste là.», peste le comptable à la retraite.
De nombreux autres noms et signatures de personalités de la diaspora haïtienne au Canada figurent sur cette liste qui était accessible sur un site Internet ( Haïti lives matter), actuellement hors ligne.
Le site indiquait que Mercedes Durosel avait recueilli les consentements par téléphone plutôt qu’en personne à cause de la pandémie.
La Presse dit avoir obtenu un document daté de mai dernier qui était accessible sur le site faisant la promotion de la candidature de M. Sanon. Le texte dénonce la récente dérive autoritaire du président Moïse, qui avait « volé la démocratie pour laquelle les Haïtiens ont donné leur vie », selon les auteurs.
Le document fait la promotion de Christian Emmanuel Sanon comme personne qui pourrait « rétablir les fonctions de base de l’État et d’organiser un scrutin fiable. »
« Il s’est engagé à avoir un gouvernement qui sert le peuple, et non pas un gouvernement où le peuple sert le gouvernement », poursuit le texte.
Un autre document, daté du 7 février et rattaché en annexe au premier, propose qu’à la place du Parlement en crise, M. Sanon soit épaulé par un conseil consultatif qui comprendrait un représentant de la diaspora au Canada.