«Ça me surprend que je sois le premier» bâtonnier
Né en Haïti, Extra Junior Laguerre, le nouveau bâtonnier de Montréal de 42 ans arrivé au Canada à l’âge de 10 ans ne comprend pas trop que la nouvelle de sa nomination «fasse les manchettes»
Du Canada à Haïti, d’où il est originaire, la nouvelle fait les choux gras des médias et de particuliers sur les réseaux sociaux. Mais, à Montréal, avec 33% de gens issus de l’immigration, cela aurait dû arriver déjà dans une ville aussi diversifiée selon lui.
«Le fait que je sois le premier, cela me surprend beaucoup en 172 ans. Cela ne devrait même pas faire les manchettes.», nous lance le bâtonnier en entrevue au journal.
Le Barreau de Montréal existe depuis 1849 et il est le 156e avocat à accéder à sa tête pour 172 ans d’existence. Certains bâtonniers ont fait plusieurs mandats et à une certaine époque la durée était de deux ans. Actuellement, le mandat d’une année.
Extra Junior Laguerre souhaite juste que son arrivée à la tête du Barreau marque le début d’un changement de mentalité, d’un vent d’espoir pour ceux qui aspirent à des sommets dans leurs métiers et leur carrières
«J’espère juste que cela va devenir quelque chose de tout à fait normal que quelqu’un de la diversité soit devenu le bâtonnier de Montréal.»
Extra Junior Laguerre
« Laguerre fiscale »
Rien ne prédestinait le jeune Laguerre à devenir avocat doublé d’une maîtrise en fiscalité ce qui fait de lui un spécialiste de litige fiscal.
Alors qu’il avait 6 ans, son père est décédé subitement. Une tante qui vivait à Granby décide de le prendre sous son aile.
Il grandit en région et rêve de devenir policier. C’est un cours d’initiation en droit au CEGEP qui lui a donné la piqûre du métier du droit.
Après son baccalauréat à l’Université Laval, il part pour Sherbrooke afin de réaliser sa maîtrise en fiscalité avant de prendre la direction de Montréal pour travailler.
Il s’implique au Jeune Barreau de Montréal jusqu’à en devenir le président en 2016 et 2017, ce qui lui confère une place comme conseiller au Barreau à la suite de son mandat.
Extra Junior Laguerre gravit les échelons pour y devenir premier conseiller, l’équivalent de vice-président après une dizaine d’années à montrer de quoi il était capable.
« Je n’ai jamais senti de barrières. Avant tout c’est de s’impliquer.», dit-il aujourd’hui à propos de son parcours.
Triple objectifs en un an
Diversité et inclusion, gouvernance et prise de position sur des enjeux de société, de racisme, de profilage racial, entre autres, marqueront le mandat de Extra Junior Laguerre à la tête du Barreau de Montréal.
Sur le plan de l’inclusion justement, un Comité ad hoc autour de la présence de la diversité au barreau est mis sur pied afin d’aborder ce problème.
Car, non seulement il manque d’avocats Autochtones, Noirs, Arabes, LGBTQ+, «il y a très peu de juges de la diversité.» observe le spécialiste en litige fiscal. Un Plan est à élaboré en ce sens.
Sous le leadership de Robin Schiller, l’ancienne bâtonnière, le conseil du Barreau était invité à prendre position autour de la mort de Georges Floyd ( aux USA) ou encore de Joyce Echaquan, à Joliette ( Québec)
« Nous au barreau on est un organisme de droit, je pense qu’il est important qu’on puisse, à certain moment, prendre position pour élever le niveau du débat.»- Me. Extra Junior Laguerre
Par contre il faut faire attention, dit-il : « on n’est pas un parti politique ». Et l’organisation a « un devoir de réserve » aussi dans certains cas. La Loi-21 par exemple qui est devant les tribunaux.
Pour ce qu’il s’agit du racisme systémique, Me Laguerre dit travailler avec la Ville de Montréal sur ce dossier, notamment, depuis la publication du rapport de l’Office de consultation publique de Montréal (OPCM).
Il a déjà eu des rencontres avec la Ville, notamment Cathy Wong, responsable de la diversité.
« On n’a pas encore débattu sur cet enjeu. Mais ça pourrait être un sujet de discussion. Mais au conseil on ne l’a pas fait encore.»
Il a dit
« Je souhaite que les jeunes de la diversité qui veulent devenir avocat comprennent qu’il y a un espace pour eux.»-E. J Laguerre