Canada/COVID et demandeur d’asile: la patate chaude
Immigration réfugié et citoyenneté Canada (IRCC) planche toujours sur la façon de régulariser les demandeurs d’asile ayant contribué largement à la lutte contre la COVID-19 ces derniers mois, en évoquant la nécessité de « faire les choses correctement et soigneusement »
In Texto avait adressé un courriel à IRCC en vue de s’enquérir de l’avancement, depuis deux mois, du dossier que le premier ministre Justin Trudeau avait qualifié lui-même de «difficile»
« Nous travaillons avec nos partenaires provinciaux, y compris le Québec, pour voir comment nous pouvons reconnaître ceux qui travaillent dur en première ligne pour assurer la sécurité et la santé des Canadiens.», nous a répondu par courriel Béatrice Fénelon, porte-parole de Immigration Canada
Dans sa réponse, Mme Fénelon insiste sur le fait que « Il est important que nous fassions les choses correctement et soigneusement, et nous aurons plus à dire en temps opportun.»
La Concertation haïtienne pour les migrants (CHPM), qui regroupe des organismes de la communauté haïtienne commence à trouver le délai long, mais entend donner un peu de temps encore aux autorités afin de rendre public la mouture de ce programme.
« On espère que dans pas long, on en saura plus », indique Marjorie Villefranche, directrice de la Maison d’Haïti, lors d’une conversation téléphonique avec le journal. Même position exprimée par Ninette Piou du Centre Na rivé, membre également de la CHPM.
François Jean-Denis, un spécialiste en immigration depuis 16 ans au Canada croit quant à lui qu’il sera très « compliqué » de mettre un tel programme sur pied et que cela pourrait traîner en longueur.
« Ça va prendre des mois et des mois avant qu’on en arrive à monter quelque chose », dit-il
Selon lui, le problème vient du fait que ces gens-là dont on parle et qui travaillent en première ligne dans les CHSLD et dans es services essentiels « attendent leur audience » devant la Commission de l’Immigration et du statut des réfugiés qui est une structure indépendante.
« On ne peut pas demander à ces gens là d’abandonner leur rendez-vous pour appliquer à un programme humanitaire. On ne peut pas demander à la Commission de les accepter non plus sur la base qu’ils ont travaillé.»- François Jean-Denis de la firme Vision Max services
Il propose que Québec, dans un premier temps, livre des certificats de sélection à ces gens-là car « il y a déjà dans la loi sur l’immigration au Québec cette possibilité».
Dans un deuxième temps, Immigration Canada pourrait monter le programme spécial pour ceux qui se trouvent entre deux chaises : sans statut aucun.
Mais M. Jean-Denis dit douter de l’intention de Québec d’aller vers une solution de cette nature en dépit de l’ouverture dont avait fait montre le premier ministre François Legault sur la question.
« J’ai demandé au ministre de l’immigration (Simon J-Barette) de regarder au cas par cas comment nous pourrons accepter ces gens-là qui travaillent dans les CHSLD comme immigrants », avait déclaré François Legault dans une mise au point faite lors d’une de ses conférences de presse quotidienne.
Mais, depuis, rien. Nada. Aucune nouvelle de Québec en lien avec cette annonce, alors qu’entre temps, le ministère a changé de main. Nadine Girault remplace Simon Jolin-Barette.
Elle a dit
« Le Canada a toujours été une société accueillante et nous continuerons à ouvrir nos portes aux nouveaux arrivants, y compris ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre. Nous sommes tous particulièrement reconnaissants envers les demandeurs d’asile qui font un travail si important en s’occupant de nos aînés. »Béatrice Fénelon, porte-parole de Immigration Canada