Canada: l’équité en emploi, toujours un idéal

Le gouvernement du Canada lance un groupe de travail qui révisera la Loi sur l’équité en matière d’emploi, un outil important qu’utilise Ottawa pour promouvoir l’égalité et la diversité dans les milieux de travail sous réglementation fédérale.
Cette Loi, adoptée en 1986, a connu quelques progrès pour les quatre groupes désignés, (femmes, les personnes LGBTQ2, les Autochtones, les Noirs) mais « il reste encore beaucoup à faire pour remédier aux inégalités et aux obstacles de longue date qui empêchent les travailleurs de réaliser leur plein potentiel. »
« Les efforts du Groupe de travail seront primordiaux pour déterminer les changements à apporter pour adapter cette loi aux réalités du 21e siècle et englober le véritable potentiel de tous les travailleurs.» a dit la ministre du Travail, Filomena Tassi, dans un communiqué.

Ce Groupe comprend 13 membres, y compris la présidente, la professeure Adelle Blackett et les vice-présidentes, les professeures Marie‑Thérèse Chicha et Dionne Pohler. Les autres membres sont : Tao (Tony) Fang, Kari Giddings, Helen Kennedy, Raji Mangat, Fo Niemi, Kami Ramcharan, Sandra Sutter, Josh Vander Vies, Marie Clarke Walker et Ruth Williams.
Il bénéficie d’un financement de 6,6 millions de dollars en 20212022 provenant de l’Énoncé économique de l’automne 2020, pour la tenue d’une révision de la Loi sur l’équité en matière d’emploi.
Une « discrimination systémique »
La Loi sur l’équité en matière d’emploi s’applique aux industries et aux milieux de travail suivants :
- les industries sous réglementation fédérale, les sociétés d’État et autres organismes fédéraux comptant 100 employés ou plus; et certains secteurs de l’administration publique fédérale ciblés dans :
- les annexes I ou IV de la Loi sur la gestion des finances publiques;
- l’annexe V de la Loi sur la gestion des finances publiques et qui comptent 100 employés ou plus; et
- d’autres secteurs de la fonction publique, par décret du gouverneur en conseil, notamment les Forces armées canadiennes et la Gendarmerie royale du Canada.
« Le racisme et la discrimination systémiques touchent de manière disproportionnée les Canadiens LGBTQ2, les Autochtones, les Canadiens noirs et racisés, et d’autres groupes ciblés par l’équité en matière d’emploi. Le gouvernement du Canada continuera à travailler au renforcement de la diversité et de l’inclusion dans l’ensemble des milieux de travail sous réglementation fédérale…», promet Bardish Chagger, la ministre de la Diversité et de l’Inclusion et de la Jeunesse.
Le Groupe de travail qui a début ses travaux la semaine dernière doit formuler ses recommandations « concrètes, indépendantes et fondées sur des données probantes » au début de 2022. Sa présidente Adelle Blackett se dit « honorée » de pouvoir mener ses travaux.
« Chaque membre du Groupe de travail apporte à la table un ensemble diversifié d’expertise et d’expérience qui, j’en suis convaincue, constituera une base solide pour les recommandations. »-A Blackett.
Discrimination, « un vécu commun »
Née à Montréal, Adelle Blackett est originaire de la Barbade (dans les Caraïbes). Elle a été membre de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) du Québec.
Dre en droit de l’université Columbia, elle est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit transnational du travail et développement à la faculté de droit de l’Université McGill.
In Texto lui a posé la question sans pourtour : avez-vous été victime de discrimination en emploi?
La présidente du Groupe de travail retient son souffle 15 secondes et nous dit : « C’est une bonne question. ». À la suite de cette quinzaine de secondes de réflexion, elle répond.
«Je vais être franche avec vous. La discrimination est tellement un vécu tellement commun à différent égard pour des membres de notre communauté, que je m’estime extrêmement chanceuse de mener une carrière qui me permet de travailler sur ce qui me tient à cœur.»-Adelle Blackett
Pour Mme Blackett, le meurtre en direct de Georges Floyd, en 2020, représente « un moment bouleversant qui donne une idée de l’ampleur du racisme anti-noir.»
Interrogée sur ce qui n’a pas fonctionné dans les anciennes versions de la Loi, la présidente admet qu’il manquait des balises. « Ce sera au cœur de ce que nous allons étudier.», dit-elle.
Outre la révision de la Loi sur l’équité en matière d’emploi, le gouvernement apporte d’autres changements majeurs pour favoriser une plus grande égalité dans les milieux de travail sous réglementation fédérale, notamment :
- Les femmes de tous les groupes désignés, à compter du 31 août, devront reçevoir un salaire égal pour un travail de valeur égale dans les milieux de travail sous réglementation fédérale.
- Mettre en œuvre des mesures de transparence salariale visant à combler les écarts salariaux qui touchent les femmes, les Autochtones, les personnes en situation de handicap et les membres des minorités visibles dans le secteur privé sous réglementation fédérale.
Les Canadiens et les partenaires sont invités à consulter la page Web du Groupe de travail sur la révision de la Loi sur l’équité en matière d’emploi pour obtenir plus de renseignements. Ils peuvent également envoyer leurs commentaires sur la révision de la Loi par courriel à EDSC.LEE-EEA.ESDC@labour-travail.gc.ca.
« Nous voulons entendre vraiment les communautés. Nous sommes à l’écoute. Venez nous voir nous entendre afin de bâtir la société que nous voulons léguer à nos enfants.»-Adelle Blackett
Début 2022, rédaction du rapport.
« On ne veut pas que cela traîne »-A.Blackett