Un avocat (Stéphane Handfield) et un consultant (François Jean-Denis) en droit d’immigration  se montrent sceptiques quant à la possibilité pour la chanteuse Yama Laurent, gagnante de La voix en 2018, de rester au Canada.

TVA Nouvelles avait annoncé cette semaine que  la chanteuse était menacée d’expulsion vers Haïti en raison du rejet de sa demande d’asile en novembre 2017.

«Comme toute personne qui sollicite le statut de réfugié au Canada, elle reçoit un avis d’expulsion au moment de soumettre la demande d’asile.», fait remarquer Stéphane Handfield, en entrevue à In Texto.

C’est le même avis technique émis par François Jean-Denis, consultant en immigration depuis une quinzaine d’années au Canada. Les deux professionnels précisent toutefois que, tant et aussi longtemps que le tribunal de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada (CISRC) ne se sera pas prononcé sur le cas, la personne demanderesse a le droit de rester au pays et de fonctionner comme tout le monde .

Sa demande d’asile ayant plus d’un an depuis qu’elle a été rejetée, Yama Laurent a droit de présenter une requête pour des considérations humanitaires. Mais cette démarche ne la place pas, en revanche, à l’abri de tout risque de renvoi selon les spécialistes.

Tel ne semble pas être l’avis de son avocate selon ce que rapporte encore une fois TVA. Me Chantal Ianniciello évoque le fait que  Yama Laurent soit intégrée à la communauté et travaille. Tout cela  pourrait jouer en sa faveur selon elle.

«C’est certain que ce sont des éléments qui vont être analysés par le représentant qui va étudier la demande»- Me Chantal Ianniciello.

Toutefois les deux spécialistes que In Texto a consultés s’accordent à dire qu’une demande d’évaluation des risques avant renvoi (ERAR), serait mieux appropriée dans un cas comme celui-ci, même si les chances sont minces.

Plus de 500 Haïtiens déboutés auprès de la CISRC ont été déportés vers Haïti au cours de 2018 selon les données de l’Agence des services frontaliers du Canada.

Ottawa avait, au moins, à déporter plus de 5000 personnes au cours de cette année et au total, près de 18 000 ressortissants en situation d’immigration précaire se retrouvent sur une liste de renvoi du Canada.