Céleste Miantoko: « La discrimination a augmenté à Montréal-Nord » - Intexto, Journal Nou
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Céleste Miantoko n'a pu accéder à un poste de chauffeur A qui lui revenait de droit, au profit d'un collègue Blanc.
« Ils ont bougé quelques chaises, changé quelques nappes sur les tables, nettoyé quelques vitres, voilà tout…», illustre, dans un langage métaphorique, Gino Lubérisse, l’un des 28 cols bleus qui viennent de porter plaintes contre leur syndicat pour défaut de représentation dans l’affaire de discrimination en emploi dans l’arrondissement.
En conférence de presse, dimanche dernier, ces employés racisés avaient dénoncé le fait que « peu de choses aient été faites » depuis la publication des deux rapports Saba et Soares sur la situation. Ils ont brandi en exemple le cas de Céleste Miantoko, leur collègue, qui s’est fait damer un poste de chauffeur A par un collègue Blanc, en dépit de son ancienneté.
Ce poste a été affiché, dans un premier temps avec deux pré-requis à savoir : formation sur la souffleuse et chargeur sur roue, ce qu’il avait à son actif.
« Ils ont annulé le poste parce que j’étais Noir.», affirme M.Miantoko.
Et les ressources humaines de l’arrondissement l’ont réaffiché, cette fois avec plus pré-requis.
« Comme il magasinait un Blanc, alors ils ont supposé que le Blanc avait plus de formations que moi. Mais les formations aussi se font par ancienneté. », note le col bleu.
L’arrondissement faisant fi de ces principes, dit-il, a formé son collègue caucasien et lui a attribué le poste quand même. Furieux, Célest Miantoko tente de porter plaintes auprès de son syndicat, ce que ce dernier refuse dans un premier temps. Il a fallu qu’une bonne délégation de cols bleu racisés se mêle de la démarche pour que le grief soit finalement enregistré
« On est même allé jusqu’à l’arbitrage et j’ai demandé qu’on traite ce dossier comme racial.», ce que le syndicat n’a pas fait.
Encore des propos racistes
Son cas reste pendant à l’arrondissement et les cols bleus l’ont dénoncé dimanche dernier. Est venu s’ajouter un autre incident survenu en juin dernier, ce qui force M.Miantoko à croire « que la discrimination a augmenté à Montréal-Nord.» en dépit du tapage médiatique et malgré la publication de deux rapports dénonçant cette pratique.
« Il y a un contremaître qui se donne le luxe de nous traiter de peau brûlée.», peste-il.
« Deux employés noirs à qui il a demandé d’aller travailler en leur disant que : de toute façon vous avez déjà la peau brûlée vous pouvez travailler sous le soleil.»
Ces employés racisés en ont parlé à l’employeur, aux conseillers municipaux « mais ils ne veulent rien faire.», s’étonne Céleste Miantoko « Il est toujours là, personne ne l’a convoqué, rien. », ajoute-il.
Son collègue Gino Luberisse croit pour sa part que la discrimination et surtut « le mépris » envers les employés racisés se poursuit également à Montréal-Nord.
Un syndicat pour les Blancs?
Il dénonce une gestion des conflits à deux vitesses à la fois par l’employeur et par son syndicat.
« Une dame caucasienne cet été qui a porté plainte contre un contremaitre qui avait un comportement inadéquat, l’Haïtien a été relevé de ses fonctions.»
Pourtant, fait-il remarquer, « depuis le mois de mai que les rapports sont sortis. L’employeur et le syndicat ne nous ont jamais parlé. Nous avons raison de croire que cette sensibilité n’est pas là. »
Malgré sa plainte, Gino Lubérisse reste convaincu que son syndicat est compétent et efficace, « mais ce qui est problématique c’est que ça dépend avec qui. »
« Dans notre cas il ne nous pas parlés. J’ai des raisons de croire que c’est du mépris, ce qui est une forme d’agression.», dénonce Gino Lubérisse.
Au total, vingt huit cols bleus ont déposé des plaintes contre le Syndicat des Cols bleus regroupés de Montréal auprès du Tribunal administratif du travail (TAT). D’autres suivront dans les prochains jours selon le Centre de recherche action sur les relations raciales (CRARR) qui les accompagne.
Rappelons que dimanche dernier, ces cols bleus ont dénoncé publiquement l’inaction de leur syndicat et de l’employeur par rapport à leur demande de réparation et aux autres mesures de réformes recommandées dans les deux rapports d’enquête sur le racisme systémique dans l’emploi à Montréal-Nord, produits séparément par la Ville (le rapport produit par la professeure Tania Saba) et par le syndicat (le rapport produit par le professeur Angelo Soares).
En entrevue à In Texto, Christine Black, la mairesse sortante, et Will Prosper, candidat à la mairie sous la bannière de Projet Montréal se disent « ouverts » à des réparations.
Les cols bleus discriminés ont appris le mois dernier que leur syndicat a commencé à négocier avec l’employeur, en leur nom, un règlement de tous les griefs, sans jamais les consulter et sans tenir compte de la situation particulière d’une quarantaine de griefs de discrimination qu’ils ont déposés en juin dernier contre l’employeur.
« La Ville et l’arrondissement qui ont déclaré s’être engagés à la lutte contre le racisme systémique participeraient à une négociation avec un syndicat qui a failli à ses obligations de représentation et qui n’a pas posé de gestes concrets pour défendre ses membres discriminés dans leur demande de réparation », déclare le directeur général du CRARR, Fo Niemi.
Dans ces plaintes, qui compromettent immédiatement la capacité du syndicat de les représenter dans les négociations, ils réclament du syndicat, entre autres, le droit à leur propre avocat (aux frais du syndicat) pour les auditions sur leurs plaintes contre le syndicat et leurs griefs contre l’employeur ainsi que des dommages-intérêts pour chaque plaignant, qui se situent à 10 000 $ par plaignant.
Ils ont dit
« Je réclame que la Ville fasse un sacrifice pour démontrer qu’elle est en accord avec ses valeurs, qu’elle veut se réconcilier avec ses employés. »-Gino Lubérisse
« On a tellement souffert. Il y a aucun argent qui pourrait remplacer ce qu’on a subi. On a été… marginalisé. Tous les mauvais mots c’était sur nous les employés noirs de Montréal-Nord. »-C. Miantoko
« On demande réparation, mais aussi que la Ville reconnaisse qu’il y a eu racisme systémique envers les employés racisés de Montréal-Nord. »-C Miantoko
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Excellent post. I’m facing some of these issues as well..