Chris Boucher, champion de la NBA, préfère le griot
Né à Sainte-Lucie (dans les Antilles), grandi à Montréal-Nord avec des Haïtiens, le numéro 25 des Raptors de Toronto qui vient de remporter le championnat de la NBA revendique sa culture créole et affirme ses goûts haïtiens surtout.
De retour à Montréal-Nord en champion, le vendredi 26 juillet dernier, pour haranguer des jeunes du quartier à la persévérance scolaire, Boucher ne cache pas que son plat préféré reste et demeure un met haïtien très populaire.
« Une chose que je manque quand je suis aux États-Unis, c’est du riz et du griot. C’est toujours bon » lance le champion sous des éclats de rires de nombreux jeunes d’origine haïtienne réunis au parc Carignan pour l’écouter.
Outre le griot, le champion semble ne pas oublier le créole qu’il a appris avec ses amis. « Nap boulé! », répond-t-il de façon spontanée à l’animateur qui lui demande : « Sa kap fèt ?» (Comment ça va?).
C’est Chris Boucher lui-même qui a demandé de revenir dans son patelin (Montréal-Nord) afin d’inspirer des jeunes du quartier à la persévérance. Une visite coordonnée par l’arrondissement.
« Il pouvait aller ailleurs et partout dans le monde, mais il a décidé de revenir ici. M. Boucher représente pour nous un modèle de résilience », dit Wilmane Édouard du Club de basketball de Montréal-Nord par lequel est passé le champion.
Il voulait surtout revoir les rues qu’il a fréquentées, les parcs dans lesquels il jouait plus jeune.
« C’est la première fois qu’on accueille, chez nous, un jeune de chez nous qui a vécu dans nos parcs, qui a lancé des ballons ici au parc Carignan », souligne, Christine Black, la mairesse de Montréal-Nord après avoir rappelé l’accueil d’autres vedettes comme Patrice Bernier (Impact de Montréal) Zinedine Zidane (footballeur français) et bien d’autres.
Âgé de 26 ans, Chris Boucher, qui débute sa carrière vers 19 ans, avoue qu’il n’a pas été facile pour lui de concilier sport et études.
« Je peux te dire que j’ai étudié le basket. Car j’étais pourri à l’école, je ne vais pas te mentir.», dit-il à un jeune de Montréal-Nord qui lui posait la question.
« Mais quand j’ai réalisé qu’avec le basket je pourrai aller quelque part, alors là c’était plus facile pour moi de me concentrer à l’école.»
Chris Boucher
« Je savais que si je n’allais pas à l’école, je n’allais pas pouvoir jouer au basket » ajoute le champion pour expliquer aux jeunes la nécessité, dans la vie, de s’accrocher et surtout de s’appuyer sur quelque chose qu’ils aiment pour pouvoir exceller dans ce qu’ils aiment moins.
Montréal-Nord, sa force
Il ne cache pas que son parcours ait été jonché d’embuches dès le début. En fait, dès qu’il a commencé à taper un ballon. Il subissait des railleries de la part de certains de ses amis qui lui disaient que sa grande taille ne lui servait pas grand-chose.
Au début de sa carrière professionnelle, on ne lui laissait pas jouer autant qu’il aurait voulu. Il a même été renvoyé une fois.
« Mais, il faut croire en soi, dit-il, il y a des hauts et des bas. Et, quand tu es en bas il faut juste rester concentré »
Chris Boucher affirme puiser cette force dans le quartier de où il a grandi : Montréal-Nord.
« Je viens de Montréal-Nord. Je n’ai jamais eu honte de ça. Au contraire, je l’ai utilisé comme une force »
Chris Boucher
« Chris, tout comme moi, est allé à l’école ici à Montréal-Nord. Le voir revenir « lakay li » (chez lui) est un message fort pour nos jeunes »- Emmanuel Dubourg, député fédéral de Bourassa.
Il a dit
« J’avais jamais pensé que j’allais revenir ici en champion »
« On est tous des champions à Montréal. »
« J’ai commencé à jouer ici au basket de rue. Je n’avais jamais pensé vous rapporter ce trophée »
Il y a deux ans, Chris Boucher a été le porte-parole du Tournoi de basket de rue organisé depuis plus de 30 ans par la Maison de jeunes Louverture, à Montréal-Nord.