Construction d’une école primaire autosuffisante à La Gonâve
L’architecte Michael Reynolds construit des maisons abordables et durables en matériaux naturels et récupérés depuis le début des années 1970.
Ces maisons écologiques de type Earthship, avec leurs murs en terre et pneus recyclés, leur système solaire photovoltaïque et leur serre permettant de tendre vers l’autonomie alimentaire, ont su capter l’intérêt de personnes et communautés à travers le monde. Ceci tant par leur caractère résilient et autonome, que par leur construction utilisant des matériaux autrement relégués aux poubelles, ou au mieux au recyclage, tels que les pneus, les bouteilles et les canettes.
La compagnie Earthship Biotecture assure la conception et la construction des Earthships. En parallèle évolue un organisme sans but lucratif : Biotecture Planet Earth. Celui-ci a pour mission de favoriser le développement de bâtiments plus abordables, durables et résilients dans des pays ayant été frappés par des désastres naturels ou à risque de l’être.
Biotecture Planet Earth s’est déjà rendue en Haïti en 2014, à la suite du tremblement de terre de 2010, afin d’entreprendre la construction d’un centre communautaire de style Earthship à Port-au-Prince. Celui-ci est toujours existant et utilisé par la communauté. En 2020, il est prévu de retourner en Haïti du 6 au 31 janvier, cette fois pour la construction d’une école primaire autosuffisante à Anse-à-Galets, dans la commune de La Gonâve.
En plus des apprentissages pratiques, ce programme complet offre également un volet théorique, tous les matins sauf le dimanche, exactement comme l’Académie Earthship qui se déroule à Taos. Les frais d’inscription servent à défrayer les coûts des matériaux nécessaires à la réalisation de l’école, en plus de permettre à la population locale intéressée de participer gratuitement aux cours.
Durant les programmes, les connaissances sont transmises par des formatrices et formateurs expérimentés, engagés et généreux de leur savoir-faire, qui tout en favorisant l’acquisition de nouvelles compétences, savent mettre à profit les aptitudes et champs d’intérêts de chacune et chacun.
Les apprentissages sont variés. Les participantes et participants développent leurs habiletés et approfondissent leur compréhension autour de divers thèmes, entre autres le recyclage des matériaux, la collecte et le filtrage de l’eau, le traitement sûr des eaux usées, la production d’énergies propres, ainsi que la production alimentaire.
Pourquoi un tel projet à La Gonâve?
En octobre 2016 Haïti est frappé par l’ouragan Matthew, et l’île de La Gonâve est l’un des endroits les plus durement touchés. Depuis, le rétablissement des services de base, entre autres en éducation, demeure un enjeu majeur. Selon un rapport préparé par le gouvernement d’Haïti, 2507 écoles ont été endommagées et 521, complètement détruites[1] : « Le coût des dommages liés au passage de l’ouragan Matthew sur les établissements scolaires dans les départements du Sud, Nippes, Grand’Anse, Nord-Ouest et sur l’ile de La Gonâve, atteint un montant estimé de 62,9 millions de dollars américains. […] 2 507 écoles ont été endommagées dont 80% ont une construction des murs en bloc avec des toits en tôle.
Les 521 écoles qui ont été complètement détruites ont été, quant à elles, construites avec des murs en bois ou clissade (55%) et des toits en toile ou paille (70%). »
Dans l’objectif d’une réédification durable et résiliente, il importe de choisir des structures et des méthodes de construction qui sauront résister à un futur désastre naturel éventuel, et qui par le fait même éviteront à la population d’Haïti de devoir faire face à des conditions de vie fragilisées et instables. Là se situe toute la pertinence de répondre avec des bâtiments de type Earthship!
Le modèle préconisé pour la construction de l’école primaire est un Earthship « Hut ». L’utilisation de pneus compactés pour les murs et sa forme en dôme en font l’un des bâtiments les plus résistants aux ouragans et aux tremblements de terre, tout en étant autosuffisant comme les autres modèles de Earthship.
Les projets de développement durable
Pour Biotecture Planet Earth, il ne s’agit pas uniquement de construire, mais de le faire en utilisant des matériaux qui se trouvent localement, tout en favorisant chez les populations rencontrées une réappropriation de leur pouvoir d’agir, notamment en leur transmettant les connaissances nécessaires, afin qu’elles puissent entretenir elles-mêmes ces bâtiments, puis à leur tour soutenir leur communauté dans la construction de nouvelles structures similaires.
Le transfert des savoirs et la pérennité des projets sont assurés grâce à une étroite collaboration et un lien de confiance solide avec des organismes locaux ou des membres des communautés.
Préoccupé par la volonté de répondre aux besoins spécifiques des régions désignées, Biotecture Planet Earth n’œuvre pas en reproduisant simplement un modèle de bâtiment unique. Tout projet de construction est précédé d’une phase de recherche s’étalant sur 4 à 6 mois.
Durant cette période, sont étudiés le contexte culturel, les habitudes et conditions de vie, les besoins en habitation, ainsi que les méthodes et matériaux de construction locaux. Aux Philippines, au Malawi, au Canada ou en Haïti, ces données ne seront pas les mêmes, et elles influenceront la viabilité d’un projet, ainsi que ses retombées positives sur le quotidien tel que vécu par les populations concernées.
Cela étant, Biotecture Planet Earth demeure un petit organisme sans but lucratif, sans autre source de revenus réguliers que les dons et les frais de participation à ses projets de développement durable. Une grande partie de ses ressources sont consacrées à la planification et à la promotion des projets à venir, de même qu’à la recherche des fonds nécessaires à leur réalisation.
Dans ce contexte précaire, il ne peut mener à terme plus d’un ou deux projets par année. Et pourtant ce ne sont pas les besoins qui manquent ! Alors si vous voulez apporter votre contribution pour changer le monde un Earthship à la fois, ou si vous souhaitez simplement en savoir davantage, n’hésitez pas à envoyer un mot à l’adresse outreach@earthship.com.
[1] Gouvernement de la République d’Haïti avec l’appui conjoint de la Banque mondiale et de la Banque Interaméricaine de Développement. Octobre 2016. Évaluation rapide des dommages et des pertes occasionnés par l’ouragan Matthew et éléments de réflexion pour le relèvement et la reconstruction, p.42. earlyrecovery.global/sites/default/files/evaluation_rapid_des_impacts_de_matthew_version_preliminaire.pdf