COVID-19/Rivière-des-Prairies: «santé» ou «communautaire»?
Ph:J.N.Goudou
« Nous avons eu la COVID-19 parce qu’on a été en contact avec des travailleurs de la santé et nous voulons vérifier que c’est fini.», lancent deux Haïtiens, postés à deux mètres chacun, dans une file d’attente du centre de dépistage qui débarque à Rivière-des-Prairies pour seulement quatre jours.
À l’instar de Montréal-Nord, les contacts avec des travailleurs de la santé sont en tête des hypothèses évoquées par la Direction de la santé publique à Montréal pour expliquer la hausse de cas dans ces, définitivement, « zones chaudes ».
« Mais Il y a aussi de la transmission communautaire », s’empresse de nous mentionner Caroline Bourgeois, la mairesse de Rivière-des-Prairies Pointe-aux-Trembles (RDP-PAT) qui se dit par ailleurs « très préoccupée de voir les chiffres et la hausse importante en quelques jours ».
Le quartier vient en 3e position après Montréal-Nord, Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce (NDG) avec 1 300 cas confirmés à la COVID en dat du 7 mai.
« Il faut comprendre comment la transmission communautaire s’opère ici.»,
dit Caroline Bourgeois
Son administration met sur pied, depuis, une brigade communautaire qui s’emploie à distribuer des masques (environ 10000), à rappeler les consignes à l’aide d’affiches, de camions minus de haut-parleurs qui crachent des messages en français, en anglais, en italien mais aussi en créole.
Caroline Bourgeois note que la grande majorité des gens respectent les consignes sur son territoire. Toutefois, il existe encore des poches de récalcitrants dans RDP-PAT.
« C’est vrai qu’on a encore des cas malheureusement que non : on peut être témoin de rassemblement publics ou privés ici. »-C. Bourgeois
La mairesse n’entend toutefois pas rester les bras croisés devant ces écarts de conduite face aux consignes de distanciation physique dans le contexte de la COVID. Elle dit miser sur la prévention, l’information en vue de persuader la population.
« Mais les orientations qu’on donne au service de police c’est d’agir et d’intervenir.»
Le sort des « moins nantis »
L’arrivée de la clinique de dépistage dans RDP vise à tester mais surtout à mener l’enquête sur la hausse des cas dans ce quartier en mitraillant les patients de questions en lien avec leurs habitudes de vie.
- Vous habitez quel type de logement?
- Vous êtes combien là-dedans?
- Combien de chambres?
- Combien de salles de bain?
- Est-ce que vous prenez les transports en commun?
- Est-ce qu vous êtes un travailleurs des services essentiels?
Julie Provencher, directrice du Programme jeunesse et activité de santé publique au CIUSS de ‘est de l’Île reconnait que les consignes de la direction de la santé publique n’est malheureusement pas applicable dans tous les cas, notamment pour des ménages de près d’une dizaine de personnes dans un petit appartement.
Ceci pourrait bien expliquer des foyers d’éclosion dans certains quartiers « moins bien nantis »
«Parfois, on peut bien comprendre les consignes mais avoir des difficultés à les appliquer.»,
fait remarquer Julie Provencher
La conseillère d’arrondissement Nathalie Pierre-Antoine sillonne, quant à elle, le quartier depuis quelques jours afin de se faire idée du sentiment de la population devant ces chiffres alarmants.
« Les gens sont inquiets mais à la fois contents de voir arriver la clinique dans le quartier » mentionne la conseillère.
L’arrondissement mobilise avec l’aide de la caisse Desjardins du quartier $190 000 pour financer une cellule de crise mise sur pied dans le cadre de la lutte à la pandémie.
Une dizaine d’autobus de la Société de transport de Montréal (STM) devraient se transformer un clinique mobile afin de poursuivre l’enquête épidémiologique après le démantèlement des centres de dépistage.