COVID-19:les Noirs réclament des données ethniques
Plus d’une quarantaine d’organismes membres du Sommet pour le développement des jeunes des communautés noires (SDESJ) au Québec interpellent la Santé publique, notamment la direction régionale de Montréal, afin d’avoir «l’ensemble des données disponibles», ce qui pourrait les aider à mieux comprendre pourquoi leur communauté est plus touchée que d’autres.
C’est Édouard Staco, le président du SDESJ qui a lancé l’appel ce mercredi lors d’une conférence de presse virtuelle dans le cadre de la pandémie, à laquelle une demi douzaine de membres ont pris part dont Marjorie Villefranche, directrice générale de la Maison d’Haïti.
« Nous voulons les avoir afin qu’on puisse mieux intervenir. Nous ne pouvons pas nous fier aux déclarations dans des médias X, Y pour nous faire une idée.»
Édouard Staco
M.Staco évoque ce qu’il appelle quelques « intuitions » comme la situation des logements, les conditions de travail en santé des personnes d’origine ethnique, «mais, on a besoin de ces données pour conclure.»
«C’est juste une question de cocher des cases », renchérit Will Prosper de Hoodstock, un groupe de pression qui évolue à Montréal-Nord où il y a une forte éclosion à la COVID-19.
Aux USA, la compilation de données ethniques en matière de santé est une pratique qui permet aux autorités d’avoir un meilleur regard sur la situation et de mieux intervenir.
« Ce sur quoi on table, partout ailleurs dans le monde, au niveau de toutes les communautés, c’est sur les habitudes de vie, les conditions socioéconomiques et non sur les origines ethniques », analyse le sociologue Frédéric Boisrond.
En raison d’une crainte de stigmatisation, Québec, à travers l’Institut national de santé publique du Québec, évite de catégoriser ces informations, ce qui représente un «frein à avoir des infos justes et nécessaires pour préciser comment nos communautés sont touchées », note M. Prosper.
Pauvreté, travail en santé et COVID
Selon Ruth Pierre-Paul, directrice générale du Bureau de la communauté haïtienne de Montréal (BCHM) et membre du SDESJ » on ne peut pas commencer à pointer du doigt certains groupes sans tenir compte de la prévalence de certaines maladies chroniques chez ces gens comme le diabète et l’hypertension ».
Elle appelle à « tenir compte des habitudes de vie, des conditions économiques des gens qui ne sont pas des plus excellentes » dans le cadre de la pandémie.
Les membres du Sommet sont unanimes à ce qu’une foultitude de facteurs puisse jouer contre ces communautés notamment le fait que la distanciation physique demeure un «luxe» pour ces gens-là.
Le Dr Shiller Castor, président de l’Association médicale haïtienne à l’étranger, note de son côté l’absence, au tout début, de matériel de protection pour ces travailleurs «qui ont ramené la maladie dans leur communauté»
Le SDESJ réclame par ailleurs un service de soutien psychologique pour les travailleurs de la santé et les couches les plus vulnérables, un coup de pouce à la campagne de sensibilisation de ces populations ainsi que de l’accompagnement.