COVID/Mtl-Nord:ils auraient infecté leur propre quartier

«Il y avait des gants, mais pas de masques.», se souvient Guirlène René, préposée aux bénéficiaires au CIUSS de l’Est de l’Île de Montréal testée positive à la COVID-19. Elle habite Montréal-Nord, mais travaille au CHSLD de Saint-Michel où 40 résidents sur 42 ont attrapé la maladie.
« Notre chef d’Unité nous disait à chaque fois: votre section n’est pas contaminée, donc pas de besoin de masque pour travailler.», rapporte celle qui souffre de courbature, de douleurs atroces au dos et de toux sèche, récluse dans sa demeure.
Une autre résidente de Montréal-Nord, Marceline A. Auguste, est auxiliaire familiale. Par jour, elle doit visiter une quinzaine de maisons, la plupart en dehors de l’arrondissement. Son employeur, une Agence de placement qui fait affaire avec le CLSC, refusait au début de lui procurer du matériel de protection.
De fait, avec un peu de chance, dit-elle, elle n’est pas infectée actuellement.
En date du 23 avril 2020, le CIUSS du Nord de l’Île enregistre 1000 absents parmi son personnel dont un peu plus de la moitié (508) sont infectés par la COVID-19.
Le nombre total d’infection à Montréal-Nord s’élève à 839 sur 10 375 sur l’ensemble de l’île de Montréal, soit tout juste derrière l’arrondissement Notre-Dame-de-Grâce (NDG) avec 987 cas.
La direction de la Santé publique ne s’explique toujours pas ces chiffres en provenance des quartiers défavorisés. « On est en pleine tempête. On n’a pas eu le temps de nous pencher sur ces analyses » nous indique une source proche de la direction de la Santé publique à Montréal qui doit tenir une conférence de presse spécifiquement sur ce sujet dès ce lundi.
Mais, Christine Black, la mairesse de Montréal-Nord, a sa propre idée en attendant.
«Mon hypothèse est qu’il y a beaucoup de personnes qui travaillent en santé et qui auraient ramené la maladie à la maison.»-
C. Black
Près de 10% de la population (25 à 64 ans) de Montréal-Nord ont un diplôme dans le domaine de la santé et domaines connexes contre 44,4% qui demeure sans aucune qualification selon des données datant de 2016.
La corrélation entre la pauvreté et le taux élevé de cas dans le quartier est sorti cette semaine dans plusieurs médias et la mairesse juge cette approche plutôt « préméditée ».
Mme Black ainsi que les députés fédéral et provincial de Bourassa, respectivement Emanuel Dubourg et Paule Robitaille ont rencontré, hier jeudi, la direction régionale de la santé publique.
« Ce qui est ressorti de la réunion c’est que : en dehors des CHSLD et des résidences pour personnes âgées (RPA), il n’y avait pas de lieu précis, comme des rues ou des secteurs qui sont infectés plus que d’autres.»
Le député de Bourassa Emmanuel Dubourg qui se dit « rassuré par le propos des responsables de la Santé publique » parle de possibilité qu’il y ait eu des «propagations communautaires» également.

Une distanciation difficile
Santé publique note toutefois une sérieuse problématique au niveau du respect des consignes de deux mètres de distance à garder entre chaque personne sur le territoire de l’arrondissement.
Christine Black le reconnait en entrevue à In Texto. Elle évoque trois défis majeurs liés à l’infrastructure, les commerces et la sensibilisation des citoyens qui pourrait expliquer.
