COVID:les casse-croûtes haïtiens respirent à peine
Déjà «mal organisés au départ », la plupart des restos et casse-croûtes haïtiens pourrait ne pas survivre à la pandémie en raison de baisse importante de leurs chiffres d’affaires frôlant, pour certains, le seuil de 90%.
C’est du moins ce que croit Grégory Excellent, comptable de profession, qui assure depuis quelques années une formation en « Lancement d’entreprise » et pilote plusieurs projets dont «Consommons haïtien »
« Il y a tout un retournement de situation à faire. Et j’ai bien peur qu’il y ait beaucoup d’entrepreneurs de la communauté qui ne survivent pas à la crise »-G. Excellent
Tous les employés ont été mis à pied et le propriétaire y travaille à temps partiel lorsqu’il réussit à décrocher une commande par téléphone.
«Au total, 90% de notre clientèle venait de l’école secondaire Calixa-Lavallée et les classes sont fermées.» déplore Peterson Josaphat Belleus.
Neil Armand qui opérait Le Food Klub resto lounge (LFK) sur Saint-Laurent a dû fermer boutique « temporairement » à la suite d’une baisse de plus de 90% des revenus.
«Il s’agit d’un concept luxueux où l’on vient s’asseoir, prendre un verre ensemble, ce qui n’est plus possible dans un contexte de COVID-19 »- N.Armand.
Il y a eu une dizaine de nouveaux chômeurs provenant de son entreprise.
Peu avant la crise, le restaurateur avait ouvert un 2e LFK (Express avec boutique) dans Rivière-des-Prairies, mais monté sur un schème différent.
- Livraison à domicile
- Menu familial
- Nourriture sous vide (déjà préparé, prêt à dégeler et manger)
- Plat à emporter, etc..
Neil Armand prend un virage numérique également avec son commerce. Le site Internet du LFK est en construction et d’ici une semaine l’on pourra placer des commandes en ligne.
Entretemps, le resto établit un partenariat avec le Goodcaribeanfood, un service de livraison non seulement de nourriture mais aussi de magasinage des services essentiels en ligne.
On peut se faire livrer des brosses ou des pâtes à dent tout comme son épicerie. Grâce à ces idées fraiches, Neil Armand arrive à tenir encore. Mais sans accès à l’aide l’État, ça craint énormément selon lui.
Burger de ville, (514) 678 6333 un autre restaurant haïtien qui vient d’ouvrir sur la rue Jarry est à Montréal a remercié au moins trois de ses employés après une perte drastique de 50% des revenus.
Toutefois, Nersa Dorismond, l’une des trois actionnaires et habituée aux calculs de coût pour une entreprise, affirme pouvoir passer au travers.
« On a ajouté des livraisons, on a fait une promotion de proximité dans le quartier et on a pris le virage des commandes en ligne », dit-elle. « Cela nous a aidé un peu mais l’on comprend que ce n’est pas tout.»
Un cas à part
Le virage numérique, Meli-Mélo resto, avec un Marché qui porte le même nom depuis 35 ans, l’a pris depuis plus d’un an.
C’est ce qui fait que la crise n’impacte pas les chiffres d’affaires de cette entreprise haïtienne. « Non, pas du tout. On n’enregistre pas de baisse » nous dit Julia Baptiste, la gérante.
« Vous seriez surpris, les gens nous appellent en détresse pour nous dire: je suis en confinement. Je n’ai jamais commandé en ligne. Qu’est-ce que je dois faire? »
Julia Baptiste
La salle à manger du restaurant est fermée depuis la crise et une serveuse a été mise à pied.