Délais d’immigration trop longs: une Française quitte Québec - Intexto, jounal nou
- Home
- /
- Immigration
- /
- Délais d’immigration trop longs: une Française quitte Québec
Marjorie, une Française, arrivée au Québec en octobre 2019, est l’une des derniers immigrants européens à effectuer un retour au bercail à la suite de mésaventures avec les services d’immigration canadienne.
Cette assistante dentaire diplômée en France depuis 2012 et son conjoint Guillaume, lui, développeur Web voulaient s’installer dans la province. Malgré un emploi pour Marjorie et une licence de pilote privé que son conjoint Guillaume obtient en 2019 avec succès et des promesses d’embauche, le couple déchante faute de papiers.
Retour sur leur histoire :
Marjorie est assistante dentaire diplômée en France depuis 2012. Son conjoint Guillaume, est développeur Web. Il décide de s’orienter vers une licence de pilote privé qu’il obtient en 2019 avec succès.
Pour des raisons d’abord économiques, le couple se décide à tenter leur chance au Québec pour que Guillaume puisse intégrer une école de pilotage moins onéreuse qu’en France, mais également de goûter à l’expérience Québécoise.
Il obtient son permis d’études pour une durée de 1 an et demie. Il arrive seul à Québec, pour sa rentrée scolaire qui a lieu mi-septembre 2019.
Grâce à leur statut relationnel considéré comme conjoints, Marjorie le rejoindra un mois plus tard à l’obtention de son permis de travail ouvert valide pour une durée de 1 an et demi qui lui a été délivré par les autorités.
Quinze jours après son arrivée au Québec, Marjorie décroche un emploi comme assistante dentaire. Tout se passe bien pour elle, épanouie dans son nouvel emploi, jusqu’au début de la pandémie de Covid-19 qui frappe de plein fouet le Québec en Mars 2020.
Expliquant le besoin de diminuer leur personnel à ce moment là à cause de la pandémie, Marjorie se fait congédier, sans pouvoir espérer un retour à l’emploi.
Elle perçoit la PCU pendant deux mois puis elle décide de rentrer en France fin Mai 2020 afin de passer le reste de son confinement avec ses proches. Son conjoint lui, reste ici afin de continuer ses études.
Marjorie revient sur le territoire Québécois en septembre 2020. Sur l’insistance d’une de ses anciennes collègues de travail, elle se décide à revenir vers son employeur qui l’a congédiée.
Elle se fait devancer par la gestionnaire qui la contacte en lui mentionnant qu’ils aimeraient qu’elle retourne au travail parmi eux.
Elle accepte ayant aimé son expérience professionnelle, mais aussi tissé des liens avec ses collègues de travail.
Le jour où elle reprend son travail, le dix huit octobre 2020, Marjorie enclenche le processus de renouvellement de permis de travail auprès des services de l’immigration.
Son permis de travail sera échu dans les prochains mois et elle souhaite s’y prendre d’avance. Le délai pour le renouvellement de son permis de travail ouvert indique 40 jours. Malheureusement, à cause de la pandémie, les délais s’allongent jusqu’à 180 jours.
Après quelques appels passés aux services d’Immigration Canada, on lui dit que sa demande sera certainement rejetée car son conjoint n’étant plus étudiant elle ne peut donc plus espérer d’avoir à nouveau un permis de travail ouvert.
Paniqués, et voulant tenter le tout pour le tout, elle et son conjoint décident de faire « le tour du poteau » qui consiste à se rendre à la frontière avec les États-Unis, afin de pouvoir se faire délivrer directement son nouveau permis de travail par les autorités douanières canadiennes.
Malheureusement de déception en déception, elle se voit refuser la délivrance de son permis de travail, attestant qu’ils doivent justifier de documents supplémentaires comme preuve qu’ils habitent bien ensemble comme des factures communes, sans leur mentionner que la demande serait probablement rejetée.
Un mois plus tard, elle décide de rappeler les douanes frontalières afin de s’assurer qu’elle a en sa possession tous les documents nécessaires pour retenter le tour du poteau.
On lui indique que son conjoint doit occuper un poste de travailleur qualifié et de justifier de surcroît trois fiches de salaires. Guillaume finit à peine ses études et n’est pas en mesure de justifier trois mois de salaire.
De plus il n’occupe pas un poste de travailleur qualifié c’est à dire qui ne répond pas aux besoins de manque de main d’œuvre au Québec.
Marjorie tente plusieurs voies de sortie, notamment la consultation avec une avocate en immigration et contacte également une députée du gouvernement Fédéral.
Finalement, après avoir tout essayé, leurs espoirs s’écroulent.
Marjorie étant en statut implicite* (voir fin de l’article) depuis plusieurs mois, elle se concerte avec son conjoint et décide finalement de rentrer en France, seule.
À ce jour, Marjorie n’a toujours pas reçu de réponse de l’immigration quant à sa demande de permis de travail. La demande est toujours notifiée : en traitement.
Son conjoint, qui a fini sa formation de pilote, n’a toujours pas d’emploi.
Il avait été sélectionné par la Société de Protection des Forêts contre le feu pour être pilote, ce qui lui aurait permis d’avoir un emploi qualifié mais à finalement été débouté au dernier moment.
En ultime recours, Marjorie a fait une demande de permis vacances travail, un permis de travail ouvert qui lui permettrait de revenir au Québec pour travailler et retrouver son conjoint. Aucune décision n’a encore été rendue.
« Nous avons vécu une belle expérience, fait de belles rencontres. Malheureusement en tant que nouveaux arrivants, la Covid 19 est venue bousculer notre quotidien.»-Marjorie
«C’est décourageant et décevant. Si les choses se seraient passées différemment, notre expérience aurait certainement été tout autre.»
Marjorie prend l’avion dimanche soir le cœur lourd laissant son conjoint ici au Québec.
« L’avenir est incertain, je ne sais pas ce qu’il va se passer pour nous.»
*En vertu de l’article R181, un résident temporaire peut demander à faire prolonger sa période de séjour autorisée avant qu’elle ne prenne fin. Si tel est le cas, sa période de séjour autorisée à titre de résident temporaire est prolongée par effet de la loi jusqu’à ce qu’une décision soit prise [R183(5)]. Cette personne est alors réputée avoir le statut légal de résident temporaire au cours de la période de traitement de sa demande.