Des demandeurs d’asile logés à l’Église Sainte-Gertrude seraient à la rue - Intexto, Journal Nou
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Une trentaine de demandeurs d’asile, de toutes les origines, logés au Presbytère de l’Église Sainte-Gertrude de Montréal-Nord pourraient se retrouver subitement à la rue. «Un problème de loyer qui devrait s’arranger» selon le curé. Mais certaines personnes du Conseil d’administration de la paroisse, qui ne l’entend pas de cette oreille, voudraient mettre l’organisme dehors.
Alors que l’organisme a un bail signé en mars 2020 pour cinq ans, le 23 juin dernier, la directrice de La Traverse, Kisha Estimé, a reçu, par huissier, une lettre venant d’un avocat de la paroisse leur donnant sept jours pour déguerpir. Or,il reste encore plusieurs mois à épuiser dans le cadre du contrat de location.
«Il faudrait que je relocalise tout le monde notamment des femmes qui mettent au monde des bébés chaque mois. Des nouveau-nés, j’en ai quatre actuellement», déplorer Mme Estimé en entrevue avec In Texto. Ils sont au total 27 personnes, y compris des enfants et des femmes enceintes à se prémunir des services du centre.
Généralement, la transition devrait durer au maximum trois mois. Mais ce délai est triplé, voire quadruplé aujourd’hui. «Mais avec la crise du logement, il y en a qui passent jusqu’à 1 an et demi. Sans compter qu’il manque d’emploi actuellement», estime Mme Estimé.
Ce Centre d’hébergement pour demandeur d’asile accueille justement des personnes à risque d’itinérance qui sont recommandées par le Praida, les CLSC, le WMCA et les hôpitaux de la région de Montréal.
Après la lettre du 23 juin, lundi dernier, des membres du CA informaient verbalement la secrétaire de La traverse, Huguette Goulet, que l’organisme devait quitter le 1er septembre prochain. Le même jour une affiche avec la mention «à louer» du presbytère est bien collée sur la devanture, ce que n Texto a constaté lors de sa visite des lieux mardi.
Le prêtre reconnait qu’il y existe « petites situations au niveau des finances mais il n’y a pas de problème particulier.» Le père Theck, d’origine camerounaise, officie dans trois églises du Diocèse de Montréal et préside le CA de Sainte-Gertrude. Lorsqu’on lui parle de la lettre du 23 juin dernier, il est tout aussi stupéfait.
« Le CA, c’est moi qui suis le président, rappelle-t-il, mais moi je ne suis pas au courant de cette lettre. Je dois vérifier avec les marguillers ». «Je sais qu’il y a une animosité entre Mme Estimé et Doris Smaha- membre du CA- que j’essaie de calmer. Est-ce que c’est elle qui l’a fait. Mais c’est moi qui devais signer et donner l’autorisation », précise le curé de la paroisse.
Selon le père Theck, il s’agit seulement d’«un problème de loyer qui devrait s’arranger ». Il dit ne pas savoir pourquoi l’affiche a été placée puisqu’il avait préconisé que le CA consulte le Diocèse avant toute décision sur cette question.
La Traverse est le seul organisme d’hébergement de ce type à Montréal-Nord. Kisha Estimé qui gère un autre centre dans Saint-Michel se dit «débordée» d’appels de sollicitation de toute sorte.
Kisha Estimé, une intervenante sociale, a fondé ce foyer d’hébergement pour demandeurs d’asile, au début, sans aucune aide de l’État. Dans une autre vie, elle travaillait au Centre de surveillance de l’immigration de Laval, une prison pour migrants.
Elle accompagnait les nouveaux arrivants dans leurs démarches administratives ou les aidait à accéder à des services sociaux. Mais cette intervenante en travail social avait l’impression qu’elle pouvait faire plus. «Le milieu de détention n’était pas vraiment ma place », raconte-t-elle, parce que la plupart de ces gens souffrent et ont besoin de quelqu’un pour leur dire comment mieux vivre à l’étranger.
À l’époque, elle terminait ses journées sur un constat amer : lorsque les demandeurs d’asile sont libérés, bien souvent, ils n’ont nulle part où aller. Aujourd’hui encore, une trentaine d’entre eux risquent de se retrouver au point de départ.