Au cri de «moratoire maintenant!!!», plusieurs centaines d’Haïtiens ont bravé une pluie battante et un froid de canard dimanche 2 décembre devant le bureau de député du premier ministre canadien à Montréal, Justin Trudeau, afin d’exiger l’établissement d’un moratoire sur les déportations vers Haïti.

La manifestation organisée à l’appel du Comité d’action des personnes sans statut (CAPSS) a bénéficié de l’appui de plusieurs partis politiques au niveau fédéral comme le Bloc québécois et actuellement du Nouveau parti démocratique (NPD).

« On va envoyer une lettre cette semaine à messieurs Hussen ( ministre canadien de l’Immigration) et Trudeau pour faire une demande officielle à l’effet que le NPD demande ça », annonce Alexandre Boulerice.

Il est député NPDiste (41 députés au total) de Rosemont-La-Petite-Patrie, une circonscription de Montréal.

Le Bloc québécois, un autre parti fédéral d’une dizaine députés, avait même déposé une motion en ce sens il y a deux semaines, ce que les libéraux, au pouvoir, avaient refusé d’entériner.

Mario Beaulieu, le chef intérimaire de ce parti, avait réitéré en début de semaine dernière sa demande.

«Monsieur le président, la vie de tous les Haïtiens que le Canada va renvoyer en Haïti dans les prochains jours, les prochaines semaines, les prochains mois, est menacée. C’est aussi simple que ça.», avait balancé Mario Beaulieu le député de la Pointe-de-l’Île le mardi 27 novembre dernier à la Chambre des Communes.

« Il faut être responsable. Je demande au ministre de la Sécurité publique et à son collègue de l’Immigration : Ne jouez pas avec la vie des Haïtiens.»-Mario Beaulieu.

Écoutez Alexandre Boulerice

Les organisateurs de la manifestation se disent plutôt « satisfaits » de la mobilisation « compte tenu du temps pluvieux et froid ». Jennie-Laure Sully, une militante du CAPSS évoque les médias mais surtout Facebook, WhatsApp et des appels téléphoniques dans les résultats du dimanche 2 décembre.

En signe de soutien à la mobilisation, des automobilistes klaxonnaient sur leur passage sur l’autoroute 40-est au moment de la manifestation.

« La population est avec nous et comprend l’enjeu », dit Mme Sully qui critique la mesure administrative actuelle.

« Ce qu’il y a en ce moment, c’est une décision administrative qui peut être changée à tout moment. Ce n’est pas une décision politique » déplore la militante.

Le député de Rosemont-La-Petite-Patrie abonde dans le même sens. «On ne veut pas juste une suspension temporaire des déportations. On est contre toute forme de déportation des gens de la communauté », plaide le député Boulerice.

La Concertation haïtienne pour les migrants(CHPM), un regroupement de plus de 40 organismes de la communauté haïtienne, lance le même appel au premier ministre canadien Justin Trudeau, député de Papineau, un comté qui regorge d’Haïtiens à Montréal.

La CHPM fait circuler une pétition actuellement en ce sens. On peut la signer ici.