Des migrants refusent de porter le «chapeau» des crises
Avec des acteurs et influenceurs issus de l’immigration comme Manal Drissi, Emna Achour, Garihanna Jean-Louis, Webster et Fabrice Vil, la campagne «On s’fera pas porter le chapeau! » de l’Observatoire pour la justice migrante (OPJM) espère contrecarrer l’«instrumentalisation politique de l’enjeu migratoire ».
Au total, cinq capsules vidéos qui abordent des thèmes liés à l’immigration sous toutes ses formes sont en ligne depuis le 2 novembre dans le cadre d’un plan d’éducation populaire de l’OPJM.
«Beaucoup de gens nous disent : merci, cela nous permet de démêler tout cela, de comprendre les différents statuts. On a même reçu des invitations pour animer des ateliers auprès de jeunes sur ces questions», indique la directrice de l’OPJM, Amel Zaazaa.
Les capsules s’inspirent de coupures de journaux, de statistiques du gouvernement du Canada et de propos de politiciens comme le premier ministre du Québec , François Legault.
Bouc émissaire facile
Autant dire que les réfugié(e)s et les demandeurs (se)s d’asile ont pas mal fait les manchettes ces dernières années, «mais pas toujours pour les bonnes raisons » observe Webster, un artiste du Hip-Hop et conférencier, dans son intervention de plus de 4 min sur le sujet.
«Les demandeurs d’asile sont un bouc émissaire facile. Tout est de leur faute : la crise du logement, le coût du panier d’épicerie, même l’infiltration d’eau dans mon sous-sol pendant les grandes pluies», dit-il avec ironie.
«Oui, on peut observer qu’il y a plus d’immigrants et qu’il y a moins de places dans les services de garde. Mais est-ce que ce lien de corrélation est un lien de cause à effet. Non absolument pas », défend la directrice de l’Observatoire, Mme Zaazaa.
De son côté, Fabrice Vil vous explique ici les différentes trajectoires et les conditions dans lesquelles les personnes vivent ici. Alors que Garihanna Jean-Louis démystifie pour vous les principaux mythes qui les touchent tout en mettant en lumière les conditions dans lesquelles ces personnes travaillent et vivent ici surtout celle et ceux qui disposent d’un permis de travail fermé.
Une autre capsule de Manal Drissi et de Emna Achour défait le mythe en mettant en évidence les faits et les contradictions de ce discours avec la réalité. Quand on parle d’immigration, on tient souvent pour acquis que tout le monde est familier avec les différents statuts ou toutes les notions invoquées dans la gestion de ce dossier tels que « les seuils d’immigration » ou la « capacité d’accueil. Manal Drissi campe cette question dans un vidéo.
Instrumentalisation politique
«Souvent, les gens sont juste mêlés. Quand on dit les temporaires, ils ne savent même pas de qui on parle. Est-ce qu’on parle des réfugiés, des demandeurs d’asile, des travailleurs…, ce qu’il garde du discours dominant c’est quelque chose de négatif », déplore Amel Zaazaa de l’OPJM. Elle avance que l’OPJM, dans le cadre de sa campagne d’éducation populaire, cherche à montrer aux gens «la différence entre les faits et la propagande»
«Il y a une instrumentalisation politique de l’enjeu migratoire et on est obligé de répondre à cela, donner les clés aux personnes pour qu’elles puissent faire la différence entre un calcul politique et un autre mathématique», déplore Amel Zaazaa.
Pour elle, «les amalgames et les raccourcis qui ont saturé l’espace politique et médiatique ne sont qu’une stratégie de diversion qui cache les vraies causes de plusieurs crises sociales».
La campagne s’est déployée à l’occasion de la première Semaine d’action québécoise pour la régularisation et la justice migrante qui a eu lieu du 2 au 10 novembre dernier.
Ce projet a été réalisé en collaboration avec plusieurs artistes et intellectuel.les ainsi qu’avec la collaboration de: Amnistie Canada francophone, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Le Collectif bienvenu, la Ligue des droits et libertés (LDL), le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI) et l’Association pour les droits des travailleurs de maison et de ferme (DTMF)