E. Dubourg: 12 ans «à vos côtés» au Canada
Photo: Pierre-Luc Daoust, photographe, journaliste
«Je suis là pour durer» affirme sans détour Emmanuel Dubourg, député fédéral de Bourassa, qui s’apprête à lancer en octobre prochain sa 6e campagne électorale au Canada en dépit de certaines hostilités rencontrées parfois sur le terrain.
In Texto a rencontré ce comptable de profession, qui, après 20 ans chez Revenu Canada, s’est lancé en politique en mars 2007, voilà 12 ans déjà. Sa première expérience fut avec le Parti libéral du Québec (PLQ) sous le chapeau duquel il a passé 6 ans comme député de Viau (Quartier Saint-Michel) à la suite de trois campagnes électorales.
«Je considère que c’était comme une école pour moi, mais au fédéral c’est plus gros.»
Emmanuel Dubourg
Depuis 2013, Emmanuel Dubourg évolue au niveau fédéral, toujours sous le parapluie des libéraux et se fait élire dans Bourassa, un comté qui regorge de plus de 70 ethnies différentes. Et le parlementaire d’origine haïtienne n’est pas prêt de raccrocher son bâton de pèlerin politique de si tôt.
«Je suis candidat pour le PLQ en octobre prochain », confirme celui qui prépare sa troisième campagne électorale au fédéral.
De Viau à Bourassa, le député ne cache pas à In Texto que les porte-à-porte politiques sont souvent jonchés d’incidents racistes.
«Ce sont des choses qui arrivent. Les gens peuvent avoir leur allégeance en campagne électorale, il y en a qui refusent de me parler.»–
E. Dubourg, député de Bourassa
«Je ne prends pas le temps de rester là-dessus ou de tenter de convaincre. Je respecte ça. Mais je sais que le racisme existe au Canada.»
Près de 60% de la population de Bourassa a voté pour lui aux dernières élections. Et sa campagne de financement se porte bien cette année avec plus de la moitié (soit 50 000 dollars) qui dorment déjà sur le compte de l’Association libérale de Bourassa.
En temps de campagne électorale, Emmanuel Dubourg dit ne pas prendre ces sentiments hostiles de façon trop personnelle, mais plutôt avec philosophie.
«La question est de savoir comment je l’approche, dit-il. Une fois élu c’est de servir tout le monde indépendamment de son allégeance. C’est là-dessus que je reste.»
« Avew map maché » (À vos côtés), son slogan de campagne depuis 12 ans, est traduit dans au moins six principales langues de ce comté qui en compte tellement.
Depuis son arrivée en politique, en 2007, les candidatures et élections de personnes de race noire se sont multipliées au Canada, plus de 25 ans après Jean Alfred. Ce Haïtien, premier député noir à l’Assemblée nationale, s’est fait élire en 1976 sous la bannière du Parti québécois (PQ).
Au fédéral, ils sont sept aujourd’hui aux Communes, tous d’obédience libérale. Au Québec, ils sont quatre Haïtiens à siéger au parlement provincial.
« Un souhait que j’ai, c’est qu’en octobre 2019, il y en ait plus au fédéral à se faire élire.» confie le député candidat à sa propre succession.
L’Association libérale de Bourassa est à l’image du quartier, souligne le député. Des Haïtiens, aussi bien que des Maghrébins, entre autres, font leurs armes en politique.
«Tranquillement» ils commencent à émerger. Mais, ils ne sont pas aussi nombreux que le parlementaire l’aurait souhaité. Emmanuel Dubourg dit leur avoir servi d’école en termes d’implication.
En ce sens, il évoque le cas de Roseline Zamor, son ancienne cheffe de cabinet qui travaille maintenant comme attachée politique du Bureau du premier ministre du Canada, Justin Trudeau.
Legs en 12 ans de politique
Né lui-même à l’étranger et ayant immigré au Québec en 1974 dans le cadre de l’opération « Mon pays » de l’ancien premier ministre Pierre-Elliot Trudeau, c’est en matière d’immigration que le député de Bourassa laissera le plus sa marque dans sa communauté.
À la suite du tremblement de terre ayant dévasté Haïti le 12 janvier 2010, plus de 6 000 Haïtiens, munis de visa et arrivés au Canada en catastrophe avait obtenu la résidence grâce à des démarches politiques de Emmanuel. Député provincial de Viau à l’époque, il intervient auprès du gouvernement du Québec qui, lui, a intercédé auprès du fédéral en vue de régulariser la situation de ces personnes.
De plus, en levant le moratoire sur Haïti, le 1er décembre 2014, le gouvernement conservateur avait mis sur pied un programme de régularisation, pour des raisons humanitaires, des ressortissants d’Haïti et du Zimbabwe. Ottawa leur avait accordé six mois pour présenter une demande de résidence.
À l’expiration de ce délai, le gouvernement libéral l’avait prolongé. Emmanuel Dubourg a mené une vaste campagne à l’époque auprès de plusieurs centaines de personnes réticentes à présenter une demande, par peur.
Le ministre de l’Immigration d’alors John McCallum était venu jusque dans Bourassa, flanqué de son député, pour convaincre. À la fin du processus, plus de 2500 personnes avaient bénéficié de la résidence, toujours à l’instigation du député de Bourassa.
Emmanuel Dubourg, né le 26 décembre 1958 à Saint-Marc (Haïti), est un comptable professionnel agréé. Après une vingtaine d’années chez Revenu Canada et un passage dans des bureaux de comptables, il s’est lancé en politique.
M. Dubourg a aussi enseigné à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) juste avant de devenir politicien.