Elle gère tous les déplacements en bus à Montréal
L’Haïtienne Renée Amilcar, 50 ans, seule Noire siégeant au comité exécutif de la Société de transport de Montréal (STM), a à sa charge 5200 employés sur 9000 que contient l’entreprise, dont 3800 chauffeurs de bus.
La directrice exécutive-bus et transport adapté coordonne également les départements des entretiens mineur et majeur, le ré-usinage de pièces et le transport adapté depuis son arrivée à ce poste en octobre 2014.
C’est l’ancien directeur général Carl Desrosiers qui avait repéré cette belle tête haïtienne au sein de la STM juste avant son départ de la société en décembre 2014.
«Il m’avait dit : cela ne prendra pas longtemps encore, mais je te le dis: tu feras partie de mon équipe », se souvient encore Mme Amilcar.
Cette fille de Marchand-Dessalines (Artibonite Haïti), arrivée au Québec à l’âge de 11 ans, est devenue ingénieure industrielle avant de réaliser une maîtrise en administration des affaires (MBA) avant de brûler toutes les étapes au sein de l’entreprise.
Elle entre au département d’ingénierie de la STM en 2002 et se fait proposer un poste de gestionnaire six mois plus tard, ce qu’elle décline au profit de sa seule fille.
Plus que les hommes
Il a fallu un an avant qu’elle se décide de prendre une plus grosse responsabilité en matière de planification opérationnelle à l’entretien-bus. En 2010, alors qu’elle n’avait que 41 ans, Renée Amilcar devient la première femme, et de surcroît Noire, à diriger les entretiens de tous les huit centres d’autobus de la STM, un poste qui était réservé à des hommes blancs, âgés et expérimentés.
« Ça se passe bien. C’est comme si je faisais mes classes. Quand je parle aux employés, ils savent que je connais mon produit, que je ne parle pas à travers mon chapeau. Je fais partie des meubles… comme on dit », répond avec beaucoup de jovialité Mme Amilcar lorsque le journal a voulu savoir comment cela se passait pour une femme noire à un poste de responsabilité comme le sien.
« En aucun cas je ne me suis sentie traiter différemment parce que je suis une femme ou une Noire, ajoute Renée Amilcar, mais je le sais que je suis une femme et que parfois je dois faire un peu plus qu’un homme aurait fait »
En effet, la STM est un milieu d’hommes. Il y a 20 ans environ, Louise Roy, qui dirigeait la STM (1985-1992), avait institué une politique d’embauche axée sur les femmes, les communautés culturelles dans le cadre d’un Programme d’équité en emploi.
Même après tout ce temps, seulement 25% des employés sont des femmes. Les communautés culturelles commencent à avoir une représentativité également.
Pas peur d’oser
Aux immigrants comme elle, la directrice exécutive-bus de la STM offre ses conseils gratuitement en vue de réussir au Québec. « Il faut aller chercher des outils : étudier, s’impliquer, être alerte et il faut avoir un petit peu de chance » dit-elle premièrement.
Mais le plus important, ajoute Renée Amilcar, « ça prend quelqu’un, de la société d’accueil, qui n’a pas peur d’oser » engager un immigrant à des postes de responsabilité
Une Haïtienne d’exception selon les chambres de commerce du Québec
Dans le cadre de « Les Mercuriades 2018 », un grand gala de reconnaissance tenu par la Fédération des chambres de commerce du Québec, l’Haïtienne Renée Amilcar a reçu le prix « Leadership, Femme d’exception Financière Sun Life » pour l’ensemble de sa carrière.
Née à Marchand-Dessalines (Artibonite Haïti), Mme Amilcar, une ingénieure industrielle de formation doublée d’une maîtrise en administration des affaires (MBA), est actuellement membre du comité exécutif de la Société de transport de Montréal (STM).
Elle est directrice exécutive du volet bus et transport adapté sur toute l’île de Montréal avec plus de 5200 employés à sa charge sur les plus de 9000 que compte la société.
Renée Amilcar a reçu ce prix devant plus de 1 100 hommes et femmes d’affaires du Québec qui ont souligné et célébré l’ambition et le talent entrepreneurial dont elle fait preuve lors de la 38e édition du plus prestigieux concours d’affaires du Québec, Les Mercuriades.
« J’étais vraiment fière. La communauté est tellement fière, ma mère aussi…. », a dit Mme Amilcar sous une explosion de joie et des éclats de rire lors d’une entrevue à In Texto Journal Nou.
L’Haïtienne disputait le Mercure, en final, avec la Québécoise Madeleine Chenette de Accenture, une des plus importantes entreprises de services professionnels au monde.
« La mission de la Fédération des chambres de commerce du Québec est au cœur même du concours Les Mercuriades, en reconnaissant le développement des entreprises de l’ensemble des secteurs économiques et de partout au Québec et en valorisant la culture entrepreneuriale et l’innovation », a déclaré monsieur Stéphane Forget président-directeur général de la FCCQ.
Par ailleurs, pour avoir réalisé un gros bon dans la production, Renée Amilcar avait reçu, en 2011, alors qu’elle était directrice à l’entretien chez STM, un trophée pour l’ensemble de son œuvre et de sa carrière.
« Celui-là appartient à la STM, mais le Mercure m’est dédié personnellement », a tenu à préciser René Amilcar.