Elle intègre enseignants et élèves immigrants

« C’est une grosse boîte où l’on met beaucoup de choses.» Guédeline Desrosiers résume ainsi, sous un rire éclaté, son rôle de conseillère pédagogique à la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSPI)
À l’intérieur de cette grosse boîte on retrouve des enseignants formés à l’étranger et ici, des élèves nouvellement arrivés, des gestionnaires, des conseillers en orientation, des directions d’écoles entre autres.
« Je soutiens tous ces groupes de professionnels dans des réflexions ou des actions », indique plus sérieusement Mme Desrosiers.
Pénurie de main-d’œuvre oblige, la CSPI va souvent recruter à l’étranger du personnel enseignant, qui, même s’ils ont la compétence, ont besoin d’adaptation.
Enseignante de formation, Guédeline Desrosiers a le rôle de les introduire auprès de leurs élèves dont la plupart viennent eux aussi d’ailleurs.
« Ce sont des élèves persévérants, affirme Mme Desrosiers, parce que, ils ont un parcours atypique, ils doivent redoubler d’efforts : ils ont à s’intégrer au niveau scolaire, linguistique mais aussi sur le plan culturel.»
On parle ici de trois groupes principaux :les Haïtiens, les Maghrébins et les Latinos. Les statistiques disent que ces derniers sont à la traîne dans le système scolaire malgré des avancées considérables depuis les dix dernières années.
Réseau réussite Montréal par d’un bond de 60%, il y a 10 ans, à plus de 80% de taux de diplômation actuellement.
Mais la conseillère de la CSPI n’aime pas parler chiffre, de numéro, dans son approche pédagogique quand il s’agit d’élèves d’origine immigrantes.
« Quand les statistiques disent que ces enfants-là ne réussissent pas, et bien… on garde en tête ces chiffres au lieu d’aller vers le haut. Et nos attentes, on les garde trop bas par rapport à ces enfants »- G Desrosiers.
En plus d’accompagner, de former les enseignants, Mme Desrosiers participe aussi à une vaste campagne de sensibilisation de ces derniers (qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs) « pour qu’ils prennent en considération le bagage des élèves issus de l’immigration »
Pédagogiquement, elle préfère parler de défis surmontables que ces jeunes ont à relever.
Interrogée sur la meilleure approche à adopter face à des enfants traumatisés par l’immigration, face à des difficultés linguistiques et culturelles, la spécialiste en éducation recommande un pas vers les foyers.
« Il faut rejoindre les familles, dit-elle sans détour, il y a un écart entre la culture familiale et la culture scolaire du Québec.»
Guédeline Desrosiers est surtout et beaucoup dans la réflexion avec les niveaux de la structure scolaire, même jusque dans les services de garde. Et c’est toujours en lien avec des nouveaux arrivants.
« Si on se questionne sur telle approche auprès des familles issues de l’immigration dans tel secteur ou dans telle école, je me joins à cette équipe pour aiguiller la réflexion, amener des cadres de références…», explique-t-elle.
Ce reportage est réalisé dans le cadre de la Semaine de la persévérance scolaire avec le Fonds 1804.