Elle veille à l’élection de 78 candidats libéraux au Québec
Après avoir été cheffe de cabinet du ministre fédéral de la Famille et du Développement, Marjorie Michel dirige toutes les opérations électorales dans 78 comtés du Québec pour le compte du Parti libéral du Canada (PLC).
C’est la première fois qu’une Noire joue ce rôle pour un parti et dans une des provinces incontournables, comme l’Ontario, dans l’accession d’une formation politique au pouvoir à Ottawa. Mais, Mme Michel préfère ne pas mêler la couleur dans son rôle.
« J’aurais pu être verte, rouge ou je ne sais quelle ethnie, ce n’est pas cela le plus important », lâche-t-elle aux éclats.
Pour elle, ce qui compte c’est l’implication en politique.
« Que tu sois là pour faire des appels, j’en fais en passant, je fais du bénévolat le soir : la politique c’est de l’engagement. Le titre vient avec une responsabilité. Et, pour moi, la mienne c’est de montrer l’exemple.», soutient la directrice des opérations électorales du PLC au Québec.
On la retrouve partout à travers la province afin de «donner de l’élan aux employés du parti» dans le cadre de la campagne. Même au bureau de campagne du premier ministre sortant dans Papineau où une quinzaine de militants de Solidarité Québec-Haïti ont occupé, le lundi 30 septembre dernier, les locaux afin de forcer Justin Trudeau à lâcher le président haïtien Jovenel Moïse, en proie à une contestation.
Marjorie Michel a dû intervenir et décrocher une désoccupation du bureau sans intervention policière, ce qui serait la procédure habituelle.
Blackface
L’histoire, il y a 20 ans, du premier ministre sortant se barbouillant le visage de couleur noire lors d’une fête à une école de Vancouver où il enseignait l’art plastique, a quelque peu ralenti la campagne, reconnait Mme Michel.
Cette affaire a plutôt « secoué les candidats surtout ceux d’autres ethnies » admet la directrice de campagne du PLC au Québec qui note toutefois le fait que le chef du parti s’est excusé. Pour elle, c’était important qu’il le fasse, « pas pour moi », mais pour ceux qui ont souffert.
« Moi, personnellement, je ne voyais pas de blackface là-dedans. Mais, que je le vois ou pas, le plus important pour moi c’est que d’autres ont souffert. D’où la nécessité qu’il s’excuse.»
À travers le Canada, les réactions au sein des communautés noires diffèrent. Si au Québec la plupart des leaders et influenceurs jugent inopportun les excuses de M.Trudeau, ailleurs dans le pays, les Noirs étaient plutôt «à terre».
Les Haïtiens, les Américains noirs ou les Noirs dans l’ouest canadien n’ont ni les mêmes vécus, ni la même vision par rapport au blackface.
« C’est une belle leçon pour tout le monde, même pour M. Trudeau, de voir les différences à l’intérieur même des communautés noires.», observe Mme Michel.
Le vote des Noirs
« Je devrais gagner tous les sièges, c’est mon rôle », affirme la directrice des opérations avant d’admettre que dans la vraie vie démocratique cela ne fonctionne pas comme ça.
Elle reconnait aussi qu’il y a des comtés qui ont été «mieux travaillés» par d’autres partis, mais qu’il n’existe pas de circonscription non-prenable.
«Il faut juste aller chercher les électeurs qui sont en ligne avec la plateforme libérale et les inciter à sortir le jour du vote », croit Marjorie Michel.
Faire sortir le vote, le défi de tous les partis politique en campagne. Et dans un Canada à l’ère de l’immigration ou du multiculturalisme, le pari de mettre dehors des votants peut être plus grand pour ce qu’il s’agit de certaines communautés.
Certaines formations politiques détiendraient des statistiques à l’effet que les Haïtiens ne votent pas, par exemple, ce avec quoi la directrice de campagne n’est vraiment pas en phase.
« La venue de certains élus issus de la communauté haïtienne l’a aidée à rentrer un peu plus dans la question électorale.», fait remarquer Marjorie Michel déplorant du même souffle le manque d’implication des communautés en politique.
Elle a dit
« Pour le moment, les gens de la communauté noires ne sont pas plus impliqués mais il n’y pas de barrière à cela au sein du parti »
« Il y a un processus qui est vrai pour tous »
« J’aimerais que la communauté noire participe à un dialogue au niveau de la place qu’elle veut occuper »